pourquoi n’y a t-il presque aucun empathe en haut de la pyramide ?

Déjà parce qu’aucun empathe, né dans une famille de psychopathe, ne reçoit l’éducation idoine pour l’aider à comprendre comment marchent ses prochains.
Un enfant empathe, pour une mère psychopathe, c’est tout au mieux un pion, quand il est utile, et un ennemi qu’il faut discréditer voire éliminer, quand il commence à comprendre le potage.
Un enfant empathe, pour un parent sociopathe, c’est une déception qui ne mérite pas sa place en haut de la chaîne alimentaire.

Parce que ces dégénérés sans autre valeur que leur nombrilisme et leur soif inextinguible de pouvoir se prennent pour des grands fauves…

C’est sans doute, alors, plus qu’un effet de bord, une réelle intention, quand les sociopathes&co, déjà établis en haut du baobab, vont sur-gâter leur enfant, en même temps qu’ils lui inculquent l’évidence de sa supériorité : le gosse a très peu de chance de réchapper à la psychose.
Et quel soulagement ce doit être, depuis qu’on vit dans une société visiblement sociopathe, que de ne plus avoir à faire vraiment semblant.
Tout au plus quelques oeuvres de charité enregistrées au Delaware…

Quand j’étais enfant, Bambi bondissant dans les plaines dorées de ses illusions, ma mère s’est bien gardée de m’enseigner les bases en dehors de quelques allusions sur un monde méchant qui n’était pas tout à fait aussi rose que ce que je lisais dans mes romans. Et une éducation de dure à cuire.
L’orgueil, j’imagine. Ça l’aurait foutu mal qu’un être issu de sa chair se fasse croquer au premier coin de bois venu.
Je ne suis pas, en revanche, dans les secrets d’une transmission quelconque à ma sœur. Mais je parierais plutôt sur l’osmose.

Pour résumer, il est très difficile pour un empathe de jouer aux échecs quand il ne sait même pas comment bougent les pièces.

La nature humaine a aussi cela de biaisé qu’on va naturellement coller dans la tête de l’autre ce qui remugle – voire pourrit -, dans la nôtre : « là où il y a un humain, il y a une main tendue et une solution » croyais-je…
Ha ha ha.
À tout prendre, les sociopathes ont plus raison d’être paranoïaques : ils seront moins souvent déçus.

Ensuite, et en admettant qu’un empathe ait fini par piger les rouages, à force de se prendre les doigts dedans, il lui faudra concilier marche au sommet et conscience.
Ses scrupules devraient assez sûrement l’empêcher de piétiner son prochain au nom de son narcissisme ou de virer un père de famille dans l’intérêt supérieur du pognon…
Les sociopathes voient ça comme une faiblesse fatale et un handicap.

Un empathe n’est pas non plus dévoré par un égo qui lui rappelle à longueur de marche qu’il est le meilleur, le plus beau, le plus intelligent, le héros de cette histoire unique bénie des dieux. Chez les crétins, c’est ce qu’on appelle l’effet Dunning-Kruger.
Dans la tête d’un sociopathe sur la route de ses ambitions, tout va forcément finir par s’arranger, les anges vont l’accueillir avec leurs cohortes nuageuses en même temps que les autres humains, éblouis par son aura, lui donneront admiration, chèvres et filles à marier. Avec des variantes.
On comprend l’amertume de certains…

En fait, un humain équilibré, doté d’un égo contrebalancé par du bon sens et de l’objectivité, va douter, être humble, se présenter modestement. Et plus cet humain est intelligent, et plus il va être harcelé par le doute.
Aussi, un empathe ne va pas mentir. Ou si peu : il va contrebalancer chaque mensonge avec le fait de pouvoir se regarder dans la glace. Ou de dormir.

L’escalade au sommet, pour un empathe, est en réalité une tâche presque impossible : cela revient à escalader l’Himalaya sans oxygène ni sherpa.
Envisageable. Mais tout juste.

Comme si tout cela ne suffisait pas, les sociopathes se reconnaissent entre eux.
Et ils sont bien déterminés à rester dans un club fermé.
Au propre, comme au figuré.
Un empathe, en plus, c’est instable, avec sa conscience et ses valeurs, il pourrait bien aller te dénoncer…

« Les moutons à leur place de moutons » pensent-ils aussi, tous ces braves gens. Qu’ils puissent exploiter le talent d’autrui en même temps que sa naïveté !
Bien sûr, l’argumentaire officiel sera un peu plus codé : « on veut un manager capable de prendre les décisions difficiles ». Entendre « sans pitié ».

Les sociopathes en contremaîtres de la chiourme, fouet, cadence et boum boum.
Et en haut de la pyramide, les psychopathes, les plus intelligents et machiavéliques.
Tout ira au mieux dans la meilleure des jungles.

Sauf que…
Sauf que la loi de la jungle est en réalité, on devrait pourtant s’en douter, l’opposé de la civilisation. Dont le degré d’avancée morale et sociale est au contraire calculé à la mesure de son empathie, de sa conscience pour protéger les faibles, soigner les malades et respecter tout le monde.

Que le meilleur de la nature humaine se trouve en sa compassion et sa capacité d’amour et de création. Quand le sociopathe, malgré certaines apparences, ne saura qu’exploiter, s’approprier, marketer et détruire.

Sauf que quoi qu’il veuille ou essaye, un psychopathe ou un sociopathe ne nous entraînera, in fine, que sur la voie de la dystopie. La seule différence étant la rapidité de la chute.
Parce que quel que soit le sentiment de différence et de supériorité intellectuelle de ces individus, ils sont tous presque complètement identiques. Tarés et névrosés, à divers degrés.

Sans aucune compréhension réelle de l’âme humaine, qu’ils oblitèrent au profit de la machine de leurs rêves dégénérés où chacun d’entre nous est réduit à l’état de rouage.
Et Peter Thiel, en logique de fin de race, en vient carrément à imager le truc au sens propre : des foules d’esclaves mi humains mi robots. Musk « se contente » d’une puce dans nos cerveaux.

Ce sont leurs pareils qui ont déjà fait s’effondrer des civilisations.


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