les signes pour reconnaître un manipulateur I

Je dédie cet article à ma fille, que j’élève dans les réalités de ce monde et qui m’a un jour demandé, fort intelligemment, ce qui l’assurait que je ne faisais pas partie du lot.
« En l’occurrence, lui ai-je répondu, tu ne peux pas te fier à ma parole. Mais à ton intelligence et à ton intuition. »

Et pour aider son intelligence et la tienne, j’ai écrit cet article qui compile mon expérience de la manipulation et de ses caractéristiques.
Bien sûr, un manipulateur, c’est à dire une personne négative consciente de ses actions sur son prochain (à partir de -4 sur mon échelle personnelle), n’aura pas tous les défauts révélateurs de son espèce mais il devrait en cumuler un certain nombre.
Les plus intelligents vont aussi essayer de les dissimuler, ces défauts, et porter un masque, mais il y a fatalement des moments où il va devoir se détendre. Notamment en famille.

Pour écrire cet article, je me suis basée entre autres sur la vie d’un gourou de la motivation et de l’estime de soi. Adulé par ses fans pour son humanité et ses conseils. Et que je ne pense pas être aussi positif que cela.
Ce délicieux contraste entre une aura de sainteté et la réalité de leur être, est le terrain où les manipulateurs les plus toxiques et les plus talentueux aiment à s’ébattre. Dans l’adulation, la crédulité et surtout, l’énergie des foules.

1. au commencement était le regard

Car qui a été en contact proche et répété avec un manipulateur apprend à le reconnaître, ce regard. Une brillance, une intensité maline qu’aucune personne empathique n’aura, elle, dans les yeux.
Jamais.
Elle pourra avoir de la colère dans la rétine, personne n’est parfait. Mais pas cela, pas cette luisance haineuse et auto-satisfaite.

Il suffit donc d’une fois, d’une seule fois où ce regard maléfique n’est pas retenu et filtre depuis le dessous des paupières pour que mes soupçons s’éveillent. À l’ère du selfie, bonheur photographique pour qui est occupé exclusivement à s’aimer, ce regard est encore plus facile à choper.

Il faut juste savoir masquer la brillance du sourire, lèvres étirées au maximum sur une dentition en général parfaite, pour ne pas se laisser berner par l’impression d’ensemble.

Et là, paf.
Gotcha.

2. l’importance de paraître parfait

Cela peut se traduire dans l’apparence physique quand une surabondance de botox, de parties refaites, de faux cheveux ou de faux cils peut être un indice de narcissisme.

Mais une transformation physique peut pointer tout aussi bien vers une personne très mal dans sa peau (et je pense ici aux personnes qui ont subi des dizaines d’opérations pour ressembler à quelqu’un d’autre et finissent par attenter à leur vie), ou vers une personne en proie à un conjoint ou un parent narcissique appliqué à le critiquer avec régularité et à le vouloir parfait.
Aussi, dans notre monde de l’image, faire attention à son apparence est parfois une nécessité professionnelle.

Et la volonté de perfection du manipulateur de s’arrête pas seulement au physique : le manipulateur va vouloir paraître parfait pour tout, dans sa voix, sa façon de parler, sa famille…
Cette perfection, pense-t-il, n’est que le reflet de sa valeur.

3. moi, moi et moi

Oui, c’est la base.
Un manipulateur a l’égo hyper-développé.
Tout est pour Don Salluste, et le corollaire, c’est qu’il n’y a plus rien pour le roi ni pour personne d’autre. Le manipulateur, qui dépend de l’extérieur pour son shoot énergétique, a complètement intégré la valeur du carpe diem : prends ta dose quotidienne de plaisir, de pouvoir ou de sentiment d’autrui. Cette façon de bouffer la vie est facilement séduisante. Mais il faut te souvenir que tu es sur le menu.

Les plus intelligents d’entre eux, les manipulateurs pervers, ne se laisseront pas aveugler par cette nécessité quotidienne et sauront, dans leur plan à long terme, ne pas appliquer la technique de la terre brûlée. On ne sait jamais…
Un intense narcissique ne le fera pas, trop obnubilé par le prochain repas.
Les deux profils se contrefoutent des conséquences pour autrui, la planète, les générations à venir ou la démocratie. Après eux, le déluge ou la chute de Rome, absolument rien à battre.
Les plus riches ont déjà acheté un bunker, ou un terrain en Nouvelle Zélande, les plus aventureux ont tourné leurs yeux vers Mars.

Le manipulateur s’aime avec ivresse et se croit supérieur.
Un gourou narcissique, par exemple, aura beau te dire qu’il est comme toi, il va te faire aussi penser au passage que c’est un honneur qu’il daigne se pencher sur ton cas. Que tu dois te sentir flatté d’être – l’espace d’un instant de bonheur trop fugace – au même niveau qu’un être aussi exquis.
Le simple fait qu’il se sente obligé de préciser qu’il est un humain comme les autres, y compris toi, est en fait révélateur. Et le contraire absolu de la modestie.
Une personne empathique n’aura pas besoin de préciser cela. Elle sait qu’elle est une humaine comme les autres, avec ses qualités et ses défauts.

J’ai eu un maître Reiki qui passait les trois quart du temps à parler de sa vie et des exemples qu’on était sensé tirer de sa magnificence et nous houspillait pendant le petit quart d’heure qui restait pour noter frénétiquement les vrais enseignements de la pratique qu’on était venu apprendre.

Dans le cas du gourou que j’ai identifié comme négatif, il a un jour publié la photo d’un papier sur lequel il avait écrit :

1/ moi 2/ toi 3/ Dieu

Parce que oui, un manipulateur se voit au centre de l’univers et au dessus de tout.
Le système solaire, Mars y compris, gravite autour de son nombril.

4. et parlons un peu de Dieu

Les niveaux les plus toxiques de la manipulation, les psychopathes, sont parfaitement conscients de ne pas jouer dans le camp des bons et de taper au contraire le ballon pour la compétition.

Mais ceux qui ont choisi le masque de la religion, n’auront aucun scrupule à utiliser une affiliation contraire à leur vraie nature. Et vont agir d’autant plus en fanatiques, en jouissant de l’ironie. Coucou Torquemada !

Ils pourront utiliser la religion ou toute autre version laïque de l’amour, du partage et de la charité : l’humanitaire, la politique sociale, la médecine…
Pourvu que ça mousse !

Faisant ainsi d’une savonnette deux coups. Car le critiquer, c’est oser du même coup critiquer le Créateur, la Morale, le Bien. N’as tu donc aucune décence ?
Le tabou tombe à pic, parce que la critique, il n’aime pas ça. Du tout…

À suivre…

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