Hier, j’ai pris la voiture pour emmener mon aînée à son cours de cirque.
Et quand le plus petit m’a vue au volant il a commencé à dire, sur un ton interrogatif et quelque peu angoissé : « papa ? papa ? ».
Parce que oui, je ne conduis pas souvent et ça saute même aux yeux d’un bébé de dix-huit mois.
La voiture
Citadine de cœur, je ne voyais déjà pas bien l’intérêt de conduire dans Paris, quand prendre le métro était à la fois plus rapide, moins stressant et plus écolo.
Et à Buenos-Aires, il y avait le bus, une aventure en soi.
Sans compter que les Argentins ont une manière de conduire qui mixe l’agressivité italienne et la désinvolture de l’Américain du Sud : on s’en remet assez facilement à « Dios ». Dans le même temps qu’on appuie sur le champignon.
Et l’insulte remplace souvent l’avertisseur sonore : on est juste passé du "Vaffanculo!" au "Che, boludo!".
Il faut aussi savoir qu’à Buenos-Aires, quand une voiture met ses warnings, ça ne veut pas dire qu’elle est en détresse mais que le conducteur vient de se donner la permission de faire n’importe quoi et que dans un assaut de bonne volonté, il a eu la courtoisie de vous en avertir. Il paraît que c’est pareil dans le sud de la France.
Bref, les rares fois où je n’étais pas sur le siège du passager à Buenos-Aires (en général quand mon cher et tendre avait un peu trop abusé de la bibine), je me suis sentie téléportée dans un jeu vidéo. Mon mec me recommandait de faire comme lui, et de ne pas regarder dans le rétroviseur et il n’avait pas tort : quand on voyait les automobilistes derrière, charger agressivement et changer de file toutes les deux minutes pour essayer de vous avoir, ça n’aidait pas à se détendre.
Pour tout vous dire, la nounou d’Argentine qui est venue avec nous en France pendant les vacances, ne tarissait pas d’éloges sur la façon de conduire des parisiens, si sages, respectueux, et si disciplinés. On lui a pourtant fait traverser la place de l’Étoile…
Mais aujourd’hui que j’habite à la campagne, dans mon village où les seuls édifices sociaux et commerciaux se limitent à l’école, la mairie et la Poste, je suis bien obligée de me remettre à conduire.
Et dans la série moyens de transport, après mes années d’expat’ à me réconcilier avec l’avion, voilà donc mes années campagne pour réapprendre à apprécier un moteur sur quatre roues. Je devrais demander au voisin de me prêter son tracteur.
C’est un peu moins glamour, je vous le concède, mais je ne boude pas mes petites victoires personnelles. Et conduire un tank familial Citroën dans les petites rues de villages qui, si elles ne sont pas classées, mériteraient de l’être, n’est pas aussi facile qu’il y paraît.
Mention spéciale au tour de l’Église à Chavenay, cinq centimètres à tout casser de chaque côté des rétroviseurs.
En plus, depuis le temps que j’ai touché un volant en Europe, ils ont encore trouvé le moyen d’améliorer la mécanique et je déteste tout particulièrement le frein à mains automatique quand je dois me sortir d’une place de stationnement située dans une pente (dans une petite rue étroite, voir plus haut). Et qu’avec tout ce qu’on a ajouté aux bagnoles depuis que j’ai décroché – la clim, le gps, le bluetooth, le limitateur de vitesses, les radars etc… -, un habitacle de voiture ressemble dangereusement à un cockpit d’avion, ma Némésis personnelle.
« Taisez vous les enfants, maman conduit ».