Il y a un podcast États-unien que je suis régulièrement.
Parce que l’une des deux intervenantes, Jennifer, comprend très très bien comment marche la sociopathie et n’hésite pas à appeler un immonde connard un immonde connard. Avec tous ces médias qui n’osent rien regarder en face, c’est rafraîchissant.
Mais quand l’autre intervenante, Pumps, interrogée sur ses amitiés du temps où elle faisait partie d’un groupe de femmes blanches évangélistes répond, pour expliquer leur comportement complètement dépourvu de compassion vis à vis des émigrés ou des personnes en difficulté, quelque chose dans le style de « non, non, ça n’est pas qu’elles sont sociopathes, elles sont de l’empathie, c’est juste qu’elles réservent leur empathie pour leur communauté », j’ai un tout petit peu envie de me taper la tête sur une plancha.
Parce que – bordel de merde – c’est effarant de constater à quel point un empathe classique, un empathe qui n’a pas été jeté dans le chaudron bouillant de la psychopathie quand il était petit et n’a pas dû à apprendre fissa comment ça cuit pour s’en sortir vivant… n’y comprend rien.
Mais alors rien de rien.
Est-ce que la même bourgeoise protégée du pire dirait d’un groupe de conquistador espagnols du temps du pillage doré au Pérou : « ah mais non, ça n’est pas qu’ils sont sociopathes, ils ont de l’empathie pour leurs semblables, c’est juste qu’ils brûlent, violent et volent les Indiens ! ».
Ou des SS Totenkopf : « ah mais non, ça n’est pas qu’ils sont sociopathes, ils ont de l’empathie pour leur vieille Mutti c’est juste qu’ils ont reçu l’ordre de jeter les Juifs, les Tziganes et les opposants dans des camps de concentration et des fours. »
Non, évidemment non.
Et au fait, il paraît que Hitler aimait fort son chien…
Un sociopathe, c’est un méchant con qui tourne autour de son égo.
Un psychopathe, c’est un salopard intelligent qui tourne autour de son égo.
C’est aussi pathétiquement simple.
Ces profils égotiques ne savent pas aimer de façon désintéressée. Il ne savent pas voir l’humanité en quelqu’un qui ne leur ressemble pas, ce qui est l’essence même de l’empathie.
Ils ont juste un immense intérêt pour eux-mêmes. Ils ne sont même que cela.
Mais ils se projettent.
Ils se projettent ainsi dans l’enfant préféré, le fameux « golden child », porteur des magnifiques gènes, ils se projettent dans une famille mafieuse qui commet le crime en clan, dans un chien, qu’ils gâteront comme ils aimeraient eux être gâtés, ou dans un groupe de personnes qui leur ressemblent. Dans un groupe auquel ils sont intégrés et qui répondra à ce besoin essentiel de se sentir important, génial, au centre du monde, validé.
En général, ce groupe répond aussi à des intérêts communs. On n’est bien servi que pour soit-même, pense le sociopathe.
Et plus on grimpe dans les couches de la société, où l’air empathique se fait rare et plus il y aura de couples que j’appelle volontiers des associations de malfaiteurs ; unis contre le monde, unis pour trouver leurs sources d’argent et d’énergie.
Est-ce qu’on peut alors parler d’amour ou d’empathie, quand les sociopathes sont concernés ?
Non.
Il s’agit de projection et donc, d’une autre forme d’amour de soi.
Il s’agit de possession.
Il s’agit de solidarité entre gens du même monde.
Il s’agit d’intérêts partagés.
Il s’agit de se sentir supérieurs en groupe.
Il s’agit de haïr les même personnes.
Car la nature même de l’égo fait que les sociopathes n’auront jamais assez. Ne pourront jamais être satisfaits et heureux.
Trouver du plaisir et des distractions ? Oui.
Du bonheur ? Non.
Les sociopathes vont alors, en même temps qu’ils les méprisent – parce que l’égo, pour prix de leur descente aux enfers, les baigne dans l’illusion de leur supériorité – envier les personnes qui ont l’air de baigner dans le bonheur. En général les personnes empathiques. Qui, parce qu’elles sont positives et résilientes, parce qu’elle ne sont pas toujours en train de chouiner leurs griefs, donnent aussi très souvent l’impression que tout leur est facile.
Les sociopathes vont mortellement nous jalouser, devenir aigris, haineux, vindicatifs et méchants.
Comme l’égo leur susurre qu’ils sont des petits être parfaits et supérieurs, cette vulgaire jalousie doit absolument être justifiée : pour cela l’autre doit devenir un ennemi.
Un ennemi qui les menace personnellement. Ou un ennemi qui menace le groupe qui forge leur identité.
C’est la même mécanique qui va faire que les sociopathes ont aussi un enfant qu’ils détestent, un bouc émissaire, ou que les groupes sociopathiques vont valider la destructions d’autres groupes.
Eux, ils sont un groupe d’êtres élus, de gènes supérieurs. Mis en danger par des sous-humains, des animaux, des monstres.
Et ils sont presque obligés de faire le mal, et un mal épouvantablement cruel, au nom du prétendu droit moral de l’être supérieur. Dieu l’aurait voulu. Et la fin noble justifierait les pires moyens de torture…
L’inquisiteur brûle le païen.
Le colon civilise les peuples « primitifs ».
Le nazi élimine les juifs et les « dégénérés ».
L’israélien massacre les Palestiniens.
Il a bien donc des groupes sociopathiques, où le sociopathe s’épanouit en communautés solidaires en interne. La communauté, un mot usé et abusé aux USA. Et un mot dangereux.
Car si une communauté toxique devient trop grande… Si elle prend la place d’une région ou d’un pays… Si elle en devient la majorité…
Alors elle obtient du même coup les moyens financiers et techniques pour faire un mal absolu.
Les réseaux sociaux favorisent la création de ce genre de groupes.
Et les évangélistes états-uniens sont clairement l’un de ces groupes sociopathiques.
Ils viennent de faire élire un président à leur image. Un président qui implante exactement la cruauté après laquelle ils salivent. Le racisme et la cruauté sont les vrais piliers du culte MAGA.
La haine de la fourmi pour la cigale, quand bien même les émigrés s’arracheraient les ongles à cueillir des fraises…
Marre, après tout, de voir ces hispaniques danser, chanter, s’assumer sexuellement, manger, vibrer et être heureux, quand ces évangélistes, au nom d’une foi tordue, qui ne leur donne en échange que cet essentiel sentiment de supériorité, se noient dans une masse oppressée où ils s’interdisent de respirer, de s’épanouir et d’être eux-mêmes !