La dérive

Autant je suis vraiment admirative (et pas mal envieuse) des parents dont les enfants mangent naturellement des légumes, autant je deviens de plus en plus suspicieuse devant les ouvrages sensés nous aider à en faire avaler à notre progéniture « à l’insu de son plein gré ».

Ceux qui ont écrit ça n’ont visiblement pas pondu le même modèle que moi : celui qui arrive avec le radar hypersensible à la vitamine déjà intégré.

Vitamine C

Rescapée.

Mon fils vient justement de refuser des pâtes qui avaient été finement conçues pour comporter vingt cinq pour cent de purée épinard-courgettes : le fait qu’elles soient vertes a dû lui mettre la puce à l’oreille.
Et je viens de le mettre au lit après l’avoir généreusement nourri de la ration de secours alimentaire bretonne… une crêpe.

Et pendant qu’il cherche le sommeil pour sa sieste digestive, je me mets à avoir des hallucinations d’un ballet de belles laitues qui me tournerait autour de la tête. Premier stade de l’effet de manque de produits frais avant le scorbut et la perte des dents.

Parce que, pour tout vous dire, dans l’espoir vain de nourrir une descendance énergique, je me suis mis à glisser sur la pente fatale du sucre lent et du féculent : des pâtes, de la pizza, du riz, des frites, du pâné pour tout ce qui bouge, – ou, pour être plus précise, pour tout ce qui a bougé – (poulet, poisson et dérivés), des boulettes et des tartines de rillettes (je suis bretonne ascendant sarthoise ce qui permet des acrobaties culinaires intéressantes).
Il faut noter aussi qu’après le lobby agricole et ses cinq fruits et légumes par jour, voilà qu’attaque le lobby laitier (il faut bien écouler) avec ses trois yaourts ou fromages quotidiens et que ça devient compliqué.
Vivement qu’un ministère de l’alimentation équilibrée nous prépare directement les menus.

En attendant, il me semble que mon estomac et ma mine de papier mâché commencent à me rappeler à l’ordre : on ne peut tout de même pas tout mettre sur le dos du soleil et de son absence.
Pour tout dire, je sens que suis au fond du trou vitaminique, et qu’il va falloir que je songe à en remonter.

C’est décidé, ce soir, je frappe fort, je vais servir de l’ultimatum au dîner : une SALADE de tomates FRAÎCHES. Et tant qu’à donner dans la déclaration de guerre, je vais ajouter du basilic. On va arrêter un peu de rigoler.

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