Dressons le capitalisme sauvage !
En ce lendemain de commémoration nationale, je vais m’autoriser à aborder un sujet grave et économique.
Il aurait sans doute été de meilleur aloi de parler politique mais d’une part, je ne tiens pas à parler de l’orientation de mon vote (désabusé à tendance cynique) et d’autre part, si j’en crois la fine et subtile analyse du Jules, – ex-révolutionnaire qui s’est marié une fille de bourgeois -, la politique et l’économique, de toute façon, ça finit dans le même lit. Sous la table ou devant la mairie.
Avant toutes choses, je tiens à préciser que je ne me définis absolument pas comme une anti-capitaliste.
Loin s’en faut. Mon toubib de père ayant monté un business qui lui avait permis d’offrir le nécessaire et le superflu à sa petite famille, j’ai moi même lancé deux petits business dans la mode.
Ça m’a beaucoup moins bien nourri, mais ne m’empêche pas d’apprécier un pays où on permet la liberté de créer et d’entreprendre.
Il faut dire que je n’aime rien tant que les aventuriers qui sentent bon l’embrun et suis facilement d’avis qu’à notre époque, la seule aventure digne de ce nom, c’est encore celle de monter sa propre boîte.
J’ai paradoxalement épousé un pur terrien malade en bateau mais ça ne m’empêche pas depuis, d’essayer de le mettre à flot : les femmes adorent changer ceux qu’elles aiment quand les hommes nous apprécient telles que sommes, tout un débat…
Toujours est-il que pour aider son prochain, l’utopie c’est intéressant mais que ça n’a pas vraiment fait ses preuves alors que l’euro permet bien des combats.
Blog à petit budget.
Oui, l’entrepreneur, c’est encore celui qui peut participer à changer le monde, se battre pour le rendre plus éthique, plus écologique et plus intéressant (je vous recommande sur le sujet de l’entrepreneuriat social et notamment l’expérience d’Ashoka, le livre « Comment changer le monde » de David Bornstein).
Celui, qui, alors que la terre n’est plus à découvrir, peut encore défricher son propre jardin. Quelqu’un qui prend des risques et vit à cent pour cent.
– fin de l’épisode lyrique –
Accessoirement, si son business marche bien et qu’il n’a pas hypothéqué sa baraque (je me souviens encore du jour où les huissiers ont débarqué chez mes parents), l’entrepreneur peut gagner beaucoup d’argent.
Et je m’évertue à expliquer à mon ex-crypto communiste de mari qu’il ne faut pas en vouloir aux femmes si elles trouvent l’argent sexy. Sans parler de nos gênes qui nous poussent – bien malgré nous – à aller vers le chasseur d’auroch le plus émérite dans le seul but légitime d’assurer la survie de notre portée, il faut avouer que c’est tout de même plus romantique de nous emmener en jet voir la Tosca à Milan que de nous inviter à la pizza Venetia à Conflans. Oui, même s’il y a des bougies.
C’est ce que j’appelle le facteur « Pretty Woman ».
Mais l’humaine nature étant ce qu’elle est, il me paraît toutefois indispensable que nos gouvernants mettent quelques règles d’éthique ou de bon sens pour éviter que toute cette belle énergie créatrice et monétaire ne dérape gravement. Et c’est du reste l’objet de ce post (j’y viens enfin !). L’anarchie n’est viable qui si chacun a d’abord été bien élevé.
Mon petit doigt me dit qu’on est loin du compte.
A croire que tous les enfants gâtés de la planète ont décidé en bloc de devenir banquier ou de travailler en Bourse.
« sois sage, range tes jouets et mange ta soupe, sinon, tu vas finir dans la finance »
Et j’ai un peu le sentiment que nous espérons en vain, nous les gens qui ne jouons pas avec le feu économique, que les gouvernants, le pape ou n’importe qui, qui ait un minimum d’autorité (y a quelqu’un ?), rappelle à ces grands enfants ou grandes filles mal élevées l’avantage et l’intérêt de se mettre des limites pour la vie en communauté.
On en est loin !
A chaque fois qu’une crise économique nous menace (et le nuage grandit inexorablement à mesure qu’on repousse le problème sans le traiter), on fait appel au brave épargnant, via les caisses des états, pour remettre la barcasse à flots. La leçon des emprunts russes ne nous a visiblement pas servi, attention au déluge.
Ce que notre mignon petit banquier apprend donc au passage entretemps, c’est qu’il peut continuer à mettre le souk tant qu’il veut, de toute façon son papa état sera toujours là pour le rattraper par les bretelles (on en porte à la City).
Il peut continuer à s’octroyer des primes démentielles, redécorer sa maison de Notting Hill une nouvelle fois (les prix ont été multipliés par vingt en dix ans et chaque bicoque y vaut maintenant plusieurs millions de livres) et se gaver de béluga.
Si tout finit par péter et qu’on rentre dans le mur, ce sera toujours ça que les cons n’auront pas. Lui, entre temps, il aura mis de côté.
Comme dit je ne sais plus quel proverbe chinois, quand il y a une famine, le riche devient pauvre et le pauvre crève.
Ce n’est pas une perspective qui empêche de dormir nos amis à la Bourse qui continuent à faire joujou avec les marchés, vendre et revendre des matières premières qui ont perdu toute réalité (un cargo change je ne sais combien de fois de propriétaire entre son port de départ et celui de son accostage), jouer sur l’inertie des marchés pour gagner presque à coup sûr jusqu’à ce que la bulle explose une nouvelle fois (le simple fait d’avoir beaucoup d’argent te donne du levier) et maintenant inciter le pecus vulgaris à jouer en Bourse comme si c’était du casino, avec des publicités que ne renierait pas la vente pyramidale d’herbes miraculeuses cueillies sur les pentes du Kilimandjaro (les options binaires, une chance sur deux de gagner et on te promet de te faire six mille euros par mois sans travailler et en restant chez toi).
Le marché de la finance est devenu une sinistre farce tellement déconnectée de l’humain, que je viens de lire dans un extrait de « 11 septembre, le jour du chaos », extrait publié dans le Figaro Magazine du 12 août (mes références datent un peu, je me fournis – hélas – en revues chez mes parents) que pendant les effroyables évènements des deux tours du 11 septembre 2011 , alors que la première s’effondrait, certaines sociétés ont demandé à leurs financiers travaillant dans la deuxième de retourner au turbin en leur assurant qu’ils ne risquaient rien. Et ils l’ont fait ! Et ils se sont remis au travail pour l’ouverture des marchés alors qu’ils venaient de voir des désespérés se jeter dans le vide juste en face !
À côté de ça, il paraît presque banal que certaines sociétés sans conscience continuent de nous vendre du polluant sous toutes ses formes : le téflon fait encore florès alors que ses substances volatiles polluent les ours et les députés parisiens (entre autres), ma belle famille m’offre une bombe pour cirer les meubles à la cire d’abeille (0,25% du poids total de cire d’abeille dit l’étiquette si on prend le temps de la lire, et on ne spécifie pas ce que contient le reste mais on suggère de cirer avec les fenêtres ouvertes…) et je viens de lire sur un blog que certaines autres bombes contenant de la perméthrine, pour tuer les puces, tuent aussi les chats.
Sûrement ce qu’on appelle un dégât collatéral.
À moins que les fabricants ne considèrent que ce soit une façon comme une autre d’éliminer le problème.
De toute façon, aujourd’hui, on demande avant tout à un produit d’être jetable, on n’aime pas ce qui dure (90% de ce qu’on achète finit à la poubelle) et il y a paraît-il au milieu du Pacifique une zone d’océan polluée par le plastique qui couvre la surface approximative de la France. Une zone de banquise d’un nouveau genre qui devrait sans doute remplacer celle qu’on perd aux pôles. Il faudrait en aviser les ours polaires, ceux qui ont pris le téflon dans le nez.
Les prospecteurs, eux, sont déjà en train de se pourlécher les babines à la perspective de tout l’hydrocarbure qui pourrait se trouver sous la glace.
Merde merde et REMERDE.
Shit shit et SHIT (traduction simultanée, ne lésinons pas, c’est un post sur l’économie mondiale).
Je ne suis pas souvent vulgaire par écrit, mais en l’occurrence, ça me soulage un peu.
C’est déjà ça.
"il me paraît toutefois indispensable que nos gouvernants mettent quelques règles d’éthique ou de bon sens"
Nos gouvernants étant eux-mêmes gouvernés par les banques (Cf. l’histoire du triple A, des dettes souveraines, etc.), c’est pas gagné…
Allez pour rire (?) un peu ce week end, de mémoire une citation (pas de moi, vue sur twitter) : La note de l’agence S&P a été dégradée. Elle passe de AA (double andouille) a BBB (triple buse). Ha. haha. hahaha.
@Jice : la France a perdu son triple A par erreur. Ces choses là arrivent tous les jours, ne pas s’affoler…
http://www.rue89.com/rue89-eco/2011/11/11/pour-jacques-attali-la-france-deja-perdu-son-triple-226443