PoléNiquons

(et pourtant, je ne ferai qu’une très légère référence à notre Dominique national)

Mon mec est très étonné (voir déçu, pour tout dire) du manque de commentaires sur mon blog, et ce, en dépit d’une fréquentation en augmentation régulière.

A vrai dire, je ne vais plus trop voir ladite fréquentation depuis que je suis revenue en France et que je passe plus de temps sur les sites d’agences immobilières que sur mon blog mais je préfère imaginer une foule en délire attendant frénétiquement mon retour en ligne plutôt qu’un nombre de plus en plus réduit de lecteurs, écœurés par mon manque flagrant de persévérance.

Le retour aux sources et au pays a un seul mot d’ordre : restons positifs !

Et donc, pour doper un peu un lectorat timide, j’avais bien imaginé mettre en ligne une série de commentaires en kit.

Mais mon mari me souffle que je devrais traiter des sujets à tendance polémique.

DSK by International Monetary Fund http://www.flickr.com/photos/imfphoto/5407820588/

Contrairement aux apparences, DSKk n’est pas le sujet de cet article.

Et donc, en attendant de vous donner ma très attendue version sur l’affaire DSK, FMI versus MLF, je vais donc évoquer un sujet qui me tient à cœur et qui a l’habitude de faire descendre régulièrement les français dans la rue depuis 68 et ses pavés : l’éducation nationale.

A ceux qui voudraient toutefois leur dose de DSK, je recommande la chanson satirique sur l’air célébrissime de Sœur Sourire "Dominique, nique, nique" que vous pourrez trouver ici.

Une précision toutefois avant de commencer cet article : j’avais deux grands-parents respectivement institutrice et instituteur/directeur d’école (on ne disait pas encore professeur des écoles), une tante, un oncle et une cousine professeurs, sans compter, du côté de mon mari, deux beaux parents et deux tantes par alliance également enseignants.
On ne devrait donc normalement pas me taxer de ne pas aimer le corps enseignant.
Quoi que…

Mais j’avoue que j’ai quand même deux ou trous doutes sur la pédagogie à la française.
Par deux ou trois doutes, j’entends que mon impression est que la France irait sans doute un peu moins mal dans sa tête s’il y faisait plus beau (surtout dans le Nord et en Bretagne) et si on y respectait un peu plus les enfants.
Et pour la polémique, c’est partiiiiiiiii !
Et que lorsque j’entends qu’on espère de ci, de là, un bon vieux retour aux sources et à la trique, tablier gris, salut au drapeau et règle sur les doigts, je suis saisie d’un très léger vertige d’appréhension.

Certes, en Argentine, le corps enseignant peut se voir reprocher l’excès inverse : un mois d’adaptation de l’enfant à son futur milieu scolaire, c’est long, surtout pour les parents qui jonglent avec des horaires qui varient de quart d’heure en quart d’heure.

En France, à l’inverse, on ne donne pas dans la nuance : après une brève visite des locaux, on plonge tout de suite l’aspirant étudiant dans le grand bain, sans bouée et avec de préférence quelques requins.
Apparemment encore la bonne vieille technique maison pour séparer le bon grain (les forts) de l’ivraie (les faibles).
Je suis assez bien placée pour le savoir puisque j’ai fait une prépa dans laquelle nous étions tous collectivement insultés pour voir rapidement lesquels seraient susceptibles de craquer.
On va pas commencer à s’emmerder avec les plus sensibles, crénom !

C’est drôle, j’avais cru comprendre personnellement que la civilisation commençait avec le recours de l’intelligence et du respect face à l’usage de la force brute…

C’est donc avec surprise que, lorsque mon mec et moi avons traversé une classe de maternelle pendant la petite visite rituelle d’avant inscription, nous avons constaté que les gamins étaient maintenus à plat ventre sur le sol entre les tables et les chaises par une institutrice qui rectifiait d’une voix sèche la position de tel ou tel qui faisait mine de bouger un orteil.
Ça sautait aux yeux qu’il ne s’agissait ni d’une plaisanterie, ni d’une nouvelle version d’1.2.3 soleil, variante horizontale.
Déjà que la très jolie directrice venait de nous préciser que nous devions leur confier notre fille sans écharpe, ni bijou ni… chaussures à lacets et que cela évoquait plus l’univers carcéral que l’épanouissement scolaire…

En voyant tous ces gamins aplatis comme des crêpes, j’ai pensé à une punition collective.
Il s’agissait en fait apparemment d’un "temps de calme".
Très attrayant, je dois dire, il faudra le suggérer aux profs de yoga, ça ferait des économies en tatami.

Comme nous ne nous décourageons pas pour ci peu, et préférons croire à un léger écart passager, nous inscrivons tout de même notre fille et l’emmenons aujourd’hui à sa première journée de maternelle française, après trois ans de vie en Amérique du Sud.
Bienvenida a casa…

Et comme ma fille n’a eu donc aucune période d’adaptation, je reste quelques minutes cet après-midi derrière les grilles de la cour de récréation pour voir comment s’en sort mon petit bout de quatre ans.
Et je la vois bousculée par deux filles, plus grandes qu’elles d’une bonne tête. J’attends de voir avant de réagir mais comme la situation évolue vers le pire (les gamines commencent à taper ma fille sur la tête, et la poussent pour la faire tomber avant de l’acculer contre la grille en cherchant à lui voler son sac) je demande à la surveillante d’intervenir.

Celle ci, qui faisait visiblement tout son possible pour ne pas remarquer la situation, obligée de me prendre en compte et de se détourner de son thé en sachet, soupire et me lance "ce sont les joies de la vie en communauté" avant d’intervenir d’un air las, d’interpeller les deux gamines fautives et de leur donner une punition fictive.

Ma petite fille me voyant alors, vient s’agripper à mes mains à travers les grilles en pleurant et en me disant qu’elle m’aime.

Pour donner une chance (la dernière) à cette maternelle, je tente de la calmer, parle avec les enfants qui l’entourent, leur demandant leurs prénoms et discutant de Raiponce, jusqu’à ce que – oh surprise ! – les deux gamines surprises en flagrant délit de violence viennent me demander pardon. A moi.
Ce qui tendrait à prouver qu’on obtient visiblement plus facilement le dialogue par le respect et l’écoute… Oh surprise (bis) !

Que ce soit par réel et novateur souci de maintenir l’ordre ou bien par jalousie pure, voilà à présent que la surveillante vient prendre ma fille par la main en me lançant "que je n’allais pas rester deux heures à la grille" et qu’il fallait que ma fille aille jouer. Je ne savais pas qu’on appelait ça comme ça de nos jours…

C’est sûr qu’en restant cinq minutes à la grille pour aider une enfant de quatre ans déroutée, débarquant dans un nouveau système, et venant de se faire attaquer, je frise la mère poule.

"Il faut aussi qu’elle apprenne à se défendre" me dit mon mari comme, je suis sûre, me le diraient un certain nombre de personnes.

Mais ce que va apprendre ma fille de seulement quatre ans, c’est que c’est sa mère qui va la défendre, en attendant qu’elle soit en âge de le faire par elle même.
Ce que va apprendre ma fille, c’est que sa mère ne la laissera pas à la merci d’une mégère qui ne sait même pas s’adresser aux parents correctement.
Et ce que va apprendre ma fille, c’est que si cette même mégère, confrontée à deux autres personnes plus grandes qu’elle d’une tête, qui la bousculent, lui tapent dessus et l’acculent contre un mur en essayant de lui piquer son sac, si cette mégère, au moment où elle croise le regard d’une tierce personne, possible source de salut, cette troisième personne au lieu de lui venir en secours ou d’appeler les flics lui dit que "ce sont les joies de la vie en communauté", cette mégère là ne s’en tirerait pas sans quelques dégâts psychologiques.

Et qu’il est tout simplement inadmissible que l’on fasse subir aux enfants ce qu’on ne supporterait pas pour nous mêmes.

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