le théâtre des psychopathes

Les psychopathes attaquent d’abord la vérité.
Mais les psychopathes vont au delà de ça : ils créent une complète pièce de théâtre où le narcissique, bien évidement, a le premier rôle, celui du héros, est une courageuse victime (important ça, le « courageux » parce que le narcissique est fort !) et a subséquemment tous les droits.
C’est un théâtre où la réalité est inversée.

C’est autour de ce principe de base que tout le reste doit s’aménager.
Il ne s’agit donc pas de quelques mensonges mais d’un monde complètement réinventé pour les besoins et les objectifs du psychopathe.

Ces constructions artificielles sont faciles à voir quand c’est appliqué à grande échelle dans des pays dans lesquels, personnellement, on ne vit pas : l’ex URSS mettait ses opposants politiques dans des asiles psychiatriques pendant que les dirigeants trouvaient normal d’embaumer Lénine et de l’exposer, telle une Blanche-Neige communiste, les médias de Corée du Nord prétendent que tout est fait pour le bien de la population quand ceux qui en réchappent emmènent leurs vers solitaires avec eux.

Le contraste entre faits et discours est facile à voir, de l’extérieur, pour ceux qui n’ont pas envie de se mentir sur le sujet.
Mais vu de l’intérieur ? Beaucoup beaucoup moins.

Parce qu’il y a une donnée sur laquelle les manipulateurs comptent, et qui est trop souvent sous-estimée : la participation volontaire des vraies victimes au théâtre.
La dissonance cognitive.

C’est comme ça qu’on crée des sectes. Et la plupart des humains me semble super avide d’adhérer à des groupes plus ou moins sectaires. Pour un chanteur, un film ou une découverte scientifique.
J’imagine que c’est dans la nature humaine : l’instinct grégaire et le besoin d’être guidé.

Et ça aussi, le narcissique voudra l’exploiter, convaincu au passage de sa supériorité : le leader c’est lui, les moutons, c’est nous. Ce qui serait le meilleur ordre dans le meilleur des mondes si notre berger psychopathique avait le moindre souci de ses moutons.
En réalité, il veut juste nous tondre et nous bouffer.

Les psychopathes vont donc créer une pièce de théâtre dans laquelle il vont diriger des acteurs consentants. Certains danseront par intérêt. D’autres chanteront par dissonance cognitive.
Tous seront complices.
Sans son entourage, sans son théâtre, le psychopathe ne serait plus grand chose.

Cette dissonance cognitive, il est très très très difficile d’en sortir.
Parce qu’elle est subie au nom de quelque chose qui nous importe plus que tout le reste, liberté, vérité, égalité : elle est choisie au nom de notre sécurité intérieure. Celle qui est déterminée par le trio des questions immémoriales : « Qui suis-je ? D’où viens-je ? Où vais-je ? »
Qui suis-je ?. Un membre de tel groupe familial ou autre. D’où viens-je ? De notre histoire commune. Où vais-je ? Là où il me guide.

C’est d’autant plus compliqué, et j’en ai fait l’expérience intime, à travers chocs, PTSD et dépressions en tous genres, quand le psychopathe qui vous a fait vivre dans ce genre de théâtre est l’un de vos parents.
Et qu’il a le talent de se faire aimer. D’autant que dans ce cas de figure, hors divorce, l’autre parent est presque forcément complice.
Qui suis-je ? Sa fille. J’ai ses gènes et je suis en grande partie le résultat de son éducation.
D’où viens-je ? De son utérus. Ou de ses burnes. Et à travers lui ou elle, de toute une chaîne généalogique dont il ou elle est le premier maillon.
Où vais-je ? La seule chose qui nous reste vraiment. Mais cette fois sans la fierté ou la désapprobation de ce parent pour nous guider. Sans re-père ou re-mère. Le vide d’une plaine qui s’étend à l’infini…

C’est donc plus compliqué, à mon humble avis de voir le cinéma manipulatoire d’un parent proche que celui d’une dictature lointaine.
Mais au moins, les indices sont sous notre nez.

En revanche, et depuis quelques années, j’ai de plus en plus l’impression de vivre dans une putain de Matrix. D’aucuns diraient que je me réveille tard…

Mais quand une dizaine de quidams manifestent contre le sur-tourisme à Malaga, immense ville où seul le centre ville historique et la plage sont touchées, que le maire annule rétroactivement des licences touristiques de propriétaires d’appartements, et que je découvre que le terrain en bord de mer, près du phare, appartenait aux pouvoirs publics avant d’être vendu à un fond d’investissement qatari pour en y faire un hôtel 5 étoiles ; ou que l’ancienne Poste et les bâtiments où logeait une association d’aide à l’intégration de jeunes immigrants (on ne peut pas faire plus « dans ta gueule » ironique) ont été vendus à des fonds d’investissements israéliens par les mêmes pouvoirs publics, ceux qui pleurent de chaudes larmes devant les journalistes sur la difficulté qu’il y a à se loger dans le centre… Je me mets à penser qu’on est carrément dans Guignol.

Je doute que les pauvres couillons qui ont manifesté au nom du peuple et de son droit à se loger avaient connaissance de ce genre de faits. Ou bien si. Dissonance cognitive ou achetés ?
En tout état de cause, maintenant, le script a changé : il ne leur faut plus être CONTRE le sur-tourisme, mais POUR un tourisme de qualité. Toujours plus positif et constructif d’être pour quelque chose, j’imagine.
Sauf quand on réfléchit deux secondes et qu’on comprend que par « tourisme de qualité », il faut entendre tourisme d’élite, des yachts et des nuits à 1000 euros. Par tête de pipe.
Je doute alors que les mêmes andouilles qui pleuraient sur l’hypothèse de leur centre ville perdu auront les moyens de s’offrir plus d’un café avec vue sur la cathédrale si tous les fonds d’investissement arrivent à transformer le centre ville en Disneyland pour ultra-riches.

Car les fonds d’investissement, de quelque nationalité qu’ils soient, sont comme des montres de légendes, d’autant plus affamés qu’il avalent. Et après avoir englouti les entreprises, ils veulent maintenant se goinfrer tout l’immobilier par immeubles entiers. Que ce soit pour le louer hors de prix en s’entendant entre eux via application ou le louer aux touristes. Après, il sera toujours temps de suggérer l’euthanasie pour les SDF.
À Malaga, pour l’anecdote, même le glacier le plus célèbre de la ville n’a pas pu éviter l’expulsion.

Du coup, quand je vois que les calèches à cheval ont perdu leur droit d’exercer – avec cette fois une indemnité à la clef – et que je vois les associations de protection de l’animal se frotter les mains de bonheur devant une telle réussite (c’est très bien mes mignons, maintenant la corrida…), j’ai, pour commencer, l’envie de leur dire de bien vérifier que les chevaux qu’ils croient avoir sauvés n’ont pas un avenir proche dans une boucherie… Avant de me demander quel aura été le super riche qui aura été incommodé par des équidés devant son hôtel particulier.

Bien sûr, si le bon peuple savait tout cela dans le détail, le bon peuple ne serait pas content.
Alors c’est parti pour le théâtre, et surtout pour le matraquage de la pièce : on active les politiciens, les associations à but obscur et les médias, et le pointage de doigt sur les immigrés, l’étranger ou la classe moyenne, plus faciles à haïr et surtout à abattre, que nos Crésus modernes.
On a songé à ramener des dieux grecs ?

Dans un autre coin de Méditerranée, le génocide à Gaza a aussi révélé un autre théâtre : celui dans lequel on vit, en pays d’Occident, depuis quatre vingt ans, pièce en trois actes, dans laquelle la diaspora juive a créé un gentil pays auquel elle avait droit en bord de mer et cohabite dans le respect mutuel et le partage du humus avec ses voisins musulmans.
On avait d’autant plus envie d’y croire, en Europe, qu’on ne se sentait pas la conscience en paix avec tout ce qu’on leur en avait fait baver.

Personnellement, mes yeux se sont ouverts il y a à peu près dix ans sur un soldat hilare de « l’armée la plus morale du monde » en train de maintenir en joue un enfant Palestinien terrorisé. Le choc immédiat de la photo : qu’elle soit publiée impliquait une complicité de tous les étages.
Cette photo était sur feu Twitter. Aucun média que je parcourais par ailleurs – et pour info, j’ai été inscrite au RPR et me définis plutôt comme centre droit, ce qui fait ricaner mon cher et tendre qui pense que je suis plus à gauche que lui – n’avait évoqué le plus petit problème en ce sens au pays des oliviers et du bonheur.

En réalité, devais-je apprendre, à ma stupéfaction, les oliviers, les israéliens les arrachaient par milliers.
En réalité, il y avait eu la Nakba.
En réalité, Ottolenghi, dont j’ai la plupart des bouquins, avait fait partie des services secrets israéliens avant de monter tout un business de ce qui ressemble fort à de l’appropriation culturelle, sur la foi du simple ‘diplôme » de la formation Cordon Bleu. De mémoire, ils font surtout des cursus rapides pour les influenceurs ou les conjoints perfectionnistes qui ont le temps de faire une pâte feuilletée maison.
Comment, devais-je m’interroger, à ma grande honte… Comment avais-je pu croire qu’une colonisation d’européens – quels que soient par ailleurs la légitimité d’un droit foncier vieux de deux mille ans -, pouvait se réaliser autrement que dans l’oppression et la spoliation de son voisin, avec son cortège de crimes contre l’humanité ?

Une chose devenait claire depuis le génocide, on était tous les dupes d’un gigantesque théâtre.
Où même l’usage des mots ne reflète pas la réalité : car on ne fait pas la « guerre » contre un peuple de civils. La guerre, c’est entre deux armées.
Mais avant le génocide, on ne nous montrait pas, ou si peu, la réalité des tortures palestiniennes. Quand on nous cuisait à petit feu dans la crainte d’un terrorisme musulman.
Il y avait alors, dans nos esprits occupés par d’autre choses – à commencer par nos quotidiens -, une vague notion de Palestiniens qui se disaient spoliés pendant que les Israéliens, David contre Goliath en terres musulmanes, judéo-chrétiens contre ceux qui ne nous voulaient pas du bien, se battaient aussi pour nous.
Ah, les braves gens !

Notre inattention, c’est aussi et surtout là dessus que nos dirigeants et nos milliardaires comptent, pour nous mener collectivement paître. Ou à l’abattoir.
Car si nos yeux vont forcément tomber sur la propagande servie par les bons gros médias classiques, les médias tenus, et de main ferme, par les même milliardaires ou fonds d’investissement qui achètent aussi les politiciens… On n’aura pas nécessairement le temps ni l’énergie de regarder le reportage sur le terrain, le documentaire primé ou le canard peu diffusé qui fait encore du vrai journalisme d’investigation.

Au grand dam d’Israël, les réseaux sociaux ont un peu changé la donne. Et dans l’urgence de ramener la foule devant le film sionistiquement correct, Netanyahou ne cache même plus ses ambitions (faut-il s’en réjouir ou s’en inquiéter ?) : les sionistes font racheter TikTok par le milliardaire pro-Israël Larry Ellison. Pendant que son fils; David Ellison, est PDG de Paramount Skydance.
Et Bari Weiss, ex New York Times, qui a lancé un nouveau média hyper sioniste appelé « The Free Press » -plus un mensonge est gros, plus il passe, Goebbels nous a bien appris ça – est pressentie, au grand dam des journalistes intègres, pour devenir éditeur en chef de CBS News. Ah oui, une des chaînes du portfolio de Paramount. Pour l’anecdote, le média « libre » de cette charmante – en gros un blog et une chaîne Youtube – a été évalué – par qui ? – a plusieurs centaines de millions de dollars.
Ça laisse rêveur : la réalité devient la fiction. Ou inversement.

Et on comprend, dans ce contexte, la haine toute particulière des sionistes pour les personnes de confession juive qui dénoncent le bordel : l’écrivain David Adler, qui était sur la flottille de la liberté et a été kidnappé avec les autres, a reçu, à son arrivée en camp, l’attention toute particulière du ministre Ben Gvir.
Parce que, dans la dystopie narrative où les foules de sionistes écoutent la réalité alternative qu’on leur sert, les dénonciations de Norman Finkelstein, Gideon Levy ou Gabor Maté sont les cris du « Le roi est nu ! » qui percent à travers les brumes de l’hallucination collective.
Plus que quiconque, ils menacent la dissonance cognitive et ne permettront pas les protestations d’innocence, un jour, plus tard, si le théâtre vient à fermer.

Mais le cas de figure où de plus en plus de gens sortiraient des salles obscures du cinéma de la propagande, de la grotte de Platon, a déjà été prévu.
Et pour ce jour-là, nos méchants dignes d’un film de James Bond, comptent sur la main ferme de nos gouvernements pour nous maintenir assis. Voire couchés. Et 007 ne saurait venir nous sauver.
Car les fonds sionistes ou directement israéliens, ceux qui ne s’intéressent pas qu’au tourisme, ont bien préparé le terrain : et ont acheté un grand nombre de politiciens.
En Grande Bretagne, Jeremy Corbyn a été intentionnellement mis de côté par ces intérêts pour le jour où le balancier irait forcément de l’autre côté de la salle du parlement. Et Keir Starmer fait ce pour quoi il a été payé : ça n’est pas de la censure quand on punit des « terroristes » qui ont le culot de défendre le droit de vivre des enfants Palestiniens.
Ce mot-là, ‘terrorisme », brandi comme une marque infamante aux côtés de l’autre, « antisémitisme », a été bien poli avec les guerres en Irak ou en Iran, voulues par Netanyahou, jolis petits graphiques pour débiles à la clef.
Et je pensais que les politiciens américains n’étaient pas chers ? Avec quelques dizaines de milliers d’euros pour un député anglais, l’Angleterre met le lobbying à ma portée.
Là aussi, tss tss, il ne saurait agir de corruption, cette fois, il s’agit de liberté de s’exprimer. Juste, avec des billets.

Heureux membre de la génération X, j’avais le sentiment qu’on allait vers le mieux, au vingtième siècle, dans un monde où les démocraties voulaient notre bien et où la Science réglerait le climat.
Depuis, Irak, french fries, Poutine, Covid, Epstein, Musk, Israël… Je nous vois tous collectivement abusés par des théâtres concoctés par les intérêts particuliers de riches milliardaires et les ambitions de certains pays.

Au secours, Obiwan Kenonymous, vous êtes notre seul espoir.

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