« Il n’y a pas de mauvaise personne », a dit le responsable pédagogique de ma fille à toutes les classes de secondaire rassemblées devant lui, « il n’y a que des bonnes personnes qui commettent parfois des actes répréhensibles ».
Et ma fille de bientôt treize ans, qui faisait partie du public, et que j’ai choisi d’élever autant que faire se peut dans les réalités de ce monde, a pensé quelque chose dans le genre de :
« Mais bien sûr, et c’est le gentil lapin de Bambi qui amène les œufs en chocolat pour Pâques. »
Il n’y a pas de mauvaise personne… vraiment ?
C’est ce que j’ai cru à peu près jusqu’à l’âge de vingt-deux ans, cherchant le bien en chacun, tâchant de me connecter avec la part d’humanité, voire de divin, qui existait fatalement, pensais-je, en chacun de nous.
Ressemblant en cela à cette gazelle sous ecsta, bondissant joyeusement dans le soleil couchant, que j’ai postée récemment sur mon compte Twitter.
Et me faisant tirer au passage comme un lapin.
À l’image justement de celui qui, truffé de plomb, ne pourra finalement pas accomplir sa mission chocolatée.
Car s’il n’a jamais été bon d’être naïf, il est dangereux de l’être, aujourd’hui, dans un monde qui s’assombrit.
Et j’ai appris à mes dépens que oui, dans le monde, oh là là, il y a des méchants.
Essentiellement, ce sont des personnes à l’énergie négative, coupées de leurs émotions et qui ne savent que prendre et jamais donner.
Au stade ultime de ces égotiques, « règne » le pervers narcissique, le psychopathe.
Et ce responsable pédagogique qui déclame ainsi, à la Rousseau, des banalités sur le bon naturel de son prochain, n’a jamais dû regarder dans les yeux morts de l’un d’eux, quand le masque tombe.
Au fond desquels brillent les reflets intermittents de fumerolles de haine, de colère et d’envie.
Ni senti les poils de ses bras se hérisser – et je pensais, que c’était une métaphore facile d’écrivain jusqu’à l’avoir réellement expérimenté -, quand l’un d’eux, à la recherche de votre énergie, entre dans votre périmètre de sécurité pour mieux vous tenir sous l’éclat de son regard métallique.
Il serait dans le déni… ou derrière un masque.
Heureusement, nous sommes plus nombreux, nous les empathiques.
Mais, gazelles bondissantes dans le soleil couchant, nous n’avons pas souvent conscience des enjeux.
Il est temps de nous réveiller.