Nous avons donc passé la première journée de notre séjour Patagonien à contempler le Perito Moreno sous presque tous ses angles : depuis un bateau et depuis la colline d’en face.
Un seul angle nous aura été refusé puisque nous avons de jeunes enfants : celui qui permet de monter dessus avec des chaussures à crampons.
M’en fiche, la glace je la préfère dans mon mojito que sur mon Perito.
Ceci dit, je sens que je vais décevoir les amoureux de la nature sauvage mais je préfère être franche : au Perito Moreno, comme à Iguazu, nous avons retrouvé le même système de passerelles. A une nuance près : celles d’Iguazu, essentiellement planes, permettent l’accès aux personnes à mobilité réduite, alors que celles du glacier comportent un certain nombre de marches. Il y a un ascenseur qui permet d’arriver à un point de vue, mais il était un panne ce jour là.
A ceux qui auraient donc envie de se sentir un peu plus isolés face à la grandeur du paysage, je conseillerais de diriger leurs crampons vers d’autres glaciers. Dépêchez-vous, car la passerelle a l’air de progresser relativement vite en Argentine…
Mais avant d’en arriver à ce paysage de roche et de glace, il m’a fallu prendre l’avion. Ceux qui me lisent depuis un certain temps savent à quelle point c’est une perspective qui m’enchante.
Ils imaginent donc ma joie quand j’ai appris à la toute dernière minute que mon vol comportait une escale à Bariloche.
Pendant la deuxième partie du vol, mon jules s’est retrouvé assis sous notre bébé et à côté d’un charmant monsieur.
Alors que ma fille, à côté de moi, essayait d’enlever sa ceinture en plein décollage, a renversé mon Sprite (c), a renversé tout le jambon de mon sandwich, que j’avais consciencieusement mis à part (j’ai arrêté la viande et j’essaye de m’y tenir), a laissé tomber ses bouchons d’oreille sous les sièges, a hurlé quand j’ai voulu les ranger, a relaissé tomber ses bouchons d’oreille sous le coussin du siège, a laissé tomber ses crayons de couleur…
À un moment, dépassée par mon animosité envers l’avion et la maternité, je me penche subtilement vers mon mari et je lui dis un truc du style : "je n’en peux plus, je vais hurler".
Avant de comprendre, bien sûr, que le charmant monsieur parlait parfaitement le français, puisqu’il a eu des grands parents français…
A l’arrivée, mon mec m’apprend que le charmant monsieur, tenue intégrale beige et élimée de baroudeur, est l’heureux propriétaire de deux hôtel à El Calafate et El Chaltén.
Ce qui me fait dire un truc du style :
"Il pourrait peut-être s’offrir un chemise sans trous, alors", juste au moment où ledit propriétaire de la chemise et des hôtels passait derrière mon mec.
Outre le fait que c’est parfaitement son droit de porter des chemises élimées et tout à son honneur d’écologiste (je suppose) que de ne pas jeter son habit sous prétexte qu’il est usé, ce fût là une pensée toute à fait mesquine de ma part, que je ne peux justifier que par le fait que j’avais alors les nerfs sévèrement en pelote.
Et je dois dire que ce n’est pas la première fois que je me retrouve dans la position de kung-fu Panda, la nouille sous la narine et les bols sur les oreilles, dans une pitoyable imitation de mon maître en arts martiaux alors qu’il se trouve juste derrière.
Je devrais sans doute y lire une incitation à arrêter de dire du mal de mon prochain, ou du moins à ne le faire qu’après une vigilante inspection à 380°. Ou alors dans le désert, loin de tout lézard (au propre comme au figuré).
Bref, le lendemain de l’arrivée, nous partons donc pour le parc national "los Glaciares".
Une fois la limite franchie, notre guide nous montre un hôtel en haut de la colline de droite qui a le bénéfice inouï d’être à l ‘intérieur du parc et de jouir d’une vue spectaculaire sur le glacier Perito Moreno. Prix de la nuit, nous annonce t-elle, mille dollars.
L’hôtel s’appelle Los Notros, et je vous le recommande si vous avez les moyens (ils font des forfaits qui baissent un peu les prix…).
Mais devinez un peu qui en est le propriétaire ? De cet hôtel et d’un autre à El Chaltén qui s’appelle Los Cerros ?
La prochaine fois, je vous le promets, je ferme définitivement ma grande gueule…
Mais en attendant, je vous laisse profiter – enfin penseront certains ! – des photos du glacier :