l’enfer est pavé de bons mots

Quand j’étais petite et pendant très très longtemps, je ne croyais pas au diable.
Ni au Mal avec la majuscule de rigueur.

Je pensais, sans jamais le formaliser, que la nature humaine était intrinsèquement bonne et que, dans certaines occasions bien précises, elle s’était égarée.
Je n’ignorais pas, bien sûr, les nombreuses atrocités qui avaient émaillé l’Histoire mais je voulais croire qu’il restait, au fond de tout un chacun une étincelle de Divin ou de bonté qui ne demanderait qu’à se rallumer.

Ce n’est plus le cas.

Car lorsque l’empathie a été éradiquée d’une âme, une frontière a été franchie et je ne crois plus qu’elle puisse se traverser en sens inverse.
Un cœur ne repousse pas.

Et c’est pour moi la limite claire entre ce qu’il est convenu d’appeler le Bien et le Mal : la présence ou non d’empathie.
Toutes les prétendues zones grises apportées au dossier par des narcissiques qui veulent certainement noyer les pistes ne sont que des faits de surface qui n’occultent pas, à mes yeux, le noyau dur de cette différence inaltérable.
Celui de l’intention.

Avec toutes les meilleures intentions du monde, une bonne personne va se planter, faire le mal sans le vouloir. Ou en le voulant, quand il s’agit de se défendre, car on n’aurait pas pu combattre Hitler, je le crains, en bombardant l’Allemagne de boîtes de chocolat.
Et aussi, les bonnes personnes sont aussi sujettes à la colère, surtout quand elles sont confrontées aux injustices de ce monde.
Mais une bonne personne n’aura pas envie de faire le mal pour le plaisir, ne se moquera pas des conséquences de ses actions, pourra s’en repentir, essaiera de faire mieux…

Quand une mauvaise personne ne pensera qu’à ce qu’elle peut obtenir. Et à comment elle peut manipuler son environnement pour l’obtenir.
Et se moquera des conséquences sur autrui.
Elle aime par dessus tout les omelettes et on n’en fait pas sans casser des œufs. Elle n’y prend pas forcément plaisir.

En revanche, pour obtenir ce qu’elle veut, une mauvaise personne sera parfaitement capable de feindre de faire le bien.
Certaines personnes citées en exemple aujourd’hui pour leur bonté, ont été, j’en suis intimement convaincue, des psychopathes.
Il y a plus d’une façon de pêcher un poisson ou son carburant énergétique et l’admiration des foules s’obtient de bien des façons.
Ce à quoi il faudrait donc s’intéresser, dans ces cas particuliers des personnes publiques apparemment extraordinaires, ce serait donc : comment se défoulent-elles en privé quand elles n’en peuvent plus de jouer un rôle ?
Comment traitent t-elles leur nièce, leur secrétaire ou leur pognon ?

En tout état de cause, comme je l’ai déjà écrit par ailleurs, je trouve ça plutôt utile, qu’un psychopathe prétende faire le bien.

Mais ce qui me frustre, c’est l’usage illimité que tous les narcissiques ont des « bon mots », des mots positifs, et leur façon subséquente de les manipuler.

Les tous petits enfants intelligents – les toddlers -, vous jettent aussi à la figure des raisonnements à la fois tordus et logiques qui sont très très difficiles à détricoter.

Et on en revient à cet exemple de Torquemada qui torturait son prochain en prétendant le faire pour son bien.
Parce que oui, si rien n’est plus important que la vie après la mort (elle dure plus longtemps…) alors ça devient logique de se faire un peu mal tout de suite si c’est pour garantir l’absence de barbecue éternel !
Et si la seule chance de salut était la religion catholique, alors il faudrait bien convaincre son prochain de se convertir par n’importe quel moyen… Non ?

Cette double contradiction, faire le mal au nom du bien, est le point d’eau préféré des sociopathes : car c’est pour eux la possibilité de faire réellement ce qu’ils aiment, torturer leur prochain, que ce soit physiquement ou psychologiquement, tout en gardant une prétendue supériorité morale.

Et on se retrouve avec des #bekind qui nous sermonnent, nous les empathes, à plus de tolérance et jouent encore et toujours sur notre sens inné de la culpabilité et de la remise en question pour nous manipuler à faire tout à fait autre chose : #bekind, en variation « don’t judge », c’est juste une façon de nous museler, de nous obliger à rester à notre place.
Car une bonne personne a naturellement horreur des épithètes qui remettent en cause sa générosité ou son humanité. Et ça, les narcissiques sauront bien l’exploiter.
Et ils vont nous forcer ainsi collectivement, au nom du bien, à ne pas critiquer les méchants, les manipulateurs ou les affreux.
Les narcissiques aiment le pouvoir autant qu’ils détestent la critique…

Dans le même ordre d’idées, l’éducation « positive » ne peut être mauvaise, puisqu’elle refuse toute notion de violence… Non ?
Mais l’auto-discipline peut être, dans ce contexte, considérée comme une forme de violence.
Pourtant, sans auto-discipline, l’humain est dépourvu d’une colonne vertébrale qui lui permet de bien se comporter, de se fixer des objectifs ou de les tenir.
Aussi, pour un tout petit, si j’en crois mon expérience, vouloir lui mettre sa ceinture de sécurité peut être perçu comme une violence, lui donner autre chose à manger que des Oréos peut être considéré comme de l’abus, lui demander de mettre des chaussures est une atteinte à ses droits…

Et un enfant qui a été habitué à ce que son environnement s’adapte positivement à lui, et à la patience infinie de ses parents, va avoir du mal à ne pas considérer comme normal d’être le centre d’un monde éternellement bienveillant.
Il démarre sa vie dans une bulle.
Mais surtout, il aura du mal à respecter les autres.

Aussi, un caractère équilibré se forme dans la bienveillance mais aussi dans l’adversité, notamment l’imposition de limites.
Et cela commence par le « non » parental.
Ce qui ne sera jamais vécu de façon « positive » par un tout petit.

Un autre joli mot, celui de « inclusion », est actuellement utilisé à tort et à travers aux USA pour demander tout et n’importe quoi. Parce que le mot inclusion, c’est positif, non ?
Mais en son nom, on peut tout aussi bien nous demander d’inclure des pédophiles dans des vestiaires d’enfants ou des hommes dans des prisons pour femme.
L’exclusion est bonne, elle aussi.

Et la sélection est nécessaire quand nous n’avons pas tous les mêmes compétences (je ne me serais jamais attendu, sauf pour amuser la galerie, à ce qu’on me demande de participer aux jeux olympiques du saut en hauteur…).,
Faire croire le contraire, et modifier la réalité au passage, ressemble, encore, à une manipulation de narcissiques qui cherchent à obtenir par tous les moyens, à l’exclusion des efforts et du talent, un poste ou une position qu’ils savent ne pas pouvoir atteindre autrement.
En revanche, donner un maximum d’égalité en ce qui concerne les opportunités, notamment à travers un bon système éducatif gratuit, pour que chacun puisse réaliser son potentiel, voilà qui me paraît autrement plus intéressant !
Et meilleur pour la collectivité.

Et le mot « paix » ?
Quoi de plus doux, de plus inoffensif, de plus réconfortant que le mot « paix » ? On imagine des champs de fleurs où gambadent les enfants au milieu des papillons.
Sauf, que, utilisé dans le contexte de la guerre en Ukraine, ça n’est pas autre chose que de demander à tout un peuple, attaqué par un monstre, de se mettre à genoux. De se laisser massacrer, de regarder ses femmes se faire violer, ses adolescents se faire torturer dans des salles spéciales et ses enfants se faire kidnapper.
Poutine vient très généreusement de nous expliquer que c’est la Pologne qui n’a pas laissé d’autre choix à Hitler. Tout comme c’est la faute de l’Ukraine ou la responsabilité d’une femme qui se fait battre. Le grand laïus, la grande justification du sociopathe.
Et c’est juste monstrueux d’évoquer ce mot-là pour justifier la fin des aides à un pays qui se bat en notre nom à tous contre un fou assoiffé de toujours plus de pouvoir.
Les collabos, en France occupée, reprochaient aussi aux Résistants d’énerver les troupes allemandes.
La paix face à un envahisseur n’est pas ‘la Paix » des champs de fleurs.
C’est celle des charniers.
C’est la capitulation.

Tout est question de contexte.
Tout est question d’équilibre.
Tout est question de bon sens !

Les mots positifs n’ont aucune valeur généreuse s’ils sont utilisés pour des actions toxiques.
Le diable se cache dans les détails.
Et ces constructions mentales, ces manipulations de mots positifs, devraient au contraire commencer à être perçues comme un des signes les plus évidents du Mal.

Quand le Bien se vit de façon évidente et n’a jamais besoin d’explication de texte.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *