une réalité alternative dans un collège

Les personnes positives sont littéralement les garde-fous des manipulateurs. Et surtout les garde-fous des narcissiques qui n’ont, bien souvent, livrés à eux mêmes, pas assez d’intelligence pour contrer les délires soufflés par leur égo.
On le voit sans phares, ce délire, quand un narcissique, au Turkménistan ou en Corée du Nord a pris le pouvoir et a étouffé par la force les voix de la raison.

Mais on peut constater la folie narcissique dans n’importe quelle institution, organisation ou pays où le nombre de manipulateurs a dépassé le seuil fatal de la majorité.

Prenons, au hasard, un collège…

Où le responsable pédagogique, choisi par des manipulateurs qui ne voudraient pas avoir à répondre à l’un d’entre eux, serait apparemment un gentil naïf.
C’est lui, cet homme visiblement positif, qui serait chargé de convaincre les nouveaux parents que son collège est focalisé sur le développement émotionnel. À moins que, dans un sursaut d’honnêteté et de lucidité, il ne laisse échapper qu’il ne s’agit là que d’un positionnement marketing.

Mais les parents, séduits par la perspective de mettre leur enfant, artistique, brillant et sensible, dans une école qui respecte son originalité, brosseraient de côté ce dérapage incontrôlé, comme une goutte de cynisme dans un beau grand verre d’eau fraîche.
Ils l’inscriraient.

Et dès la fin premier mois, conforme en cela à leur réputation de se soucier de chaque enfant, le collège organiserait le premier rendez-vous avec le professeur principal.
Qui se mettrait – oh surprise et descente en piqué depuis le nuage rose – à cogner avec un plaisir non dissimulé, presque avec gourmandise, sur la moindre des fautes de votre enfant. Au point que, pour la première fois de votre vie, vous enverriez un message affolé à votre mari pour qu’il vous appelle et invente un rendez-vous urgent. Un troupeau de chèvres sauvages serait en train de dévorer votre maison. Mais entre-temps, votre enfant en prendrait pour son grade. On pourrait même parler de pilonnage systématique.

Ce professeur utiliserait au passage vos quelques doutes, que vous avez eu la confiance et la bêtise de confier en entretien d’inscription avec la direction, dans l’espoir qu’une collaboration entre parents et école se ferait pour le plus grand bien de votre progéniture. Au hasard, sa timidité, sa difficulté à se faire des amis ou son étourderie.
Et c’est parti pour la broderie à petits points perfide…

Votre enfant serait donc à présent nul en maths, et tout aussi nul pour se faire des amis. Qu’il était apparemment sensé se faire dès les premiers jours.
Mal adapté, il serait insolent, griffonnerait sans cesse sur tous ses cahiers, désorganisé…
Il serait en fait tellement inadapté que lorsqu’il a été oublié dans la salle de classe par les professeurs et les autres enfants pour aller en piscine, et qu’il y serait resté une heure tout seul jusqu’à leur retour, ce serait totalement sa responsabilité et la preuve fatale de sa mauvaise volonté. Idem quand il n’a pas été avisé du départ du groupe réduit pour la classe de récupération en maths. Comment, il est nouveau ? Comment, il ne savait pas où était la piscine ? Comment, il s’est senti perdu ?
Mais cela n’excuserait rien, chère Madame. À lui de faire des efforts.

Presque tous les professeurs se seraient donc mis d’accord pour vous le déclarer, après un mois seulement et par l’entremise d’un professeur qui ne boude pas son plaisir : votre enfant serait une plaie.
Et le fléau des professeurs.

Jusqu’ici il aurait pourtant affiché une scolarité sans faille et des bulletins de note qui vous faisaient pleurer de fierté.

Ulcérée par ce que vous venez d’apprendre sur la prunelle de vos yeux, en contradiction complète avec une éducation compréhensive mais qui ne rigole pas avec les principes de base, vous confronteriez vertement votre descendance avec ses manquements.
Et auriez face à vous un enfant qui tomberait lui aussi des nues, qui n’aurait pas compris pourquoi il avait été laissé en plan par une classe entière à l’heure d’aller à la piscine, qui n’aurait fait qu’une fois un petit dessin dans la marge pendant que ses petits camarades foutaient tellement le souk qu’il n’entendait rien, qui écouterait en classe…

Et pour trier le bon grain de l’ivraie vous auriez donc deux versions complètement contradictoires avec d’un côté, votre enfant qui ne mentirait jamais, et de l’autre à peu près cinq adultes dont la parole serait sensée être respectable.

Étonnamment, le bulletin de notes du premier trimestre ne refléterait en rien la Bérézina à laquelle vous vous attendiez : au lieu des jonchées de notes infâmes sous lesquelles vous pensiez devoir crouler, il y aurait de très bonnes moyennes, et un léger retard en mathématiques dû au changement de pédagogie.
Ce qui n’empêcherait pas la professeur principale de s’acharner par la suite et par mail : n’en croyez pas vos yeux, vous auriez engendré une graine de voyou.

Agacés par ces critiques que vous commenceriez à envisager comme injustes, quand vous pensiez avoir choisi une école compréhensive, et que la direction, du reste, vous noie sous les mails d’intelligence émotionnelle sensés vous éduquer au sujet, vous en appelleriez à l’intervention du gentil responsable pédagogique.
En vous plaignant, à dessein, du manque d’empathie du professeur responsable.

Et le gentil responsable pédagogique, en retour, vous en foutrait plein la gueule.
Il n’accepterait pas le moindre blâme sur son personnel éducatif, au dessus de tout soupçon, sans tâche, sans peur et sans reproche. En tant que nouveau parent, vous seriez vertement invité à la fermer .
Et puis votre enfant mériterait toutes les critiques. Et d’autres. Et encore.
Pan ! En veux-tu ? En voilà.

Et vous n’en croiriez pas vos yeux.
Une école privée sourde aux remarques respectueuses d’un parent ?
Une école positionnée sur l’éducation positive et l’écoute des émotions qui s’acharnerait sur un bon élève ?
Ils auraient dû préciser que toute cette bonne volonté n’était dirigée que vers le personnel enseignant.

Pour éclaircir tout ça, vous demanderiez un rendez-vous avec le gentil responsable pédagogique qui ne vous répondrait plus.
Et même, il éviterait, à présent, peut-être conscient d’avoir dépassé quelques bornes, de vous regarder dans les yeux quand il vous croiserait.

La professeur principale, qui aurait gagné la bataille mais qui serait consciente qu’on aurait à présent quelques mails à charge, et à qui on aurait fait comprendre via quelques termes clefs, qu’on lisait dans son jeu, serait maintenant dithyrambique sur votre enfant et son talent.
Un point pour chaque camp, balle au centre.

La fin de l’année se passerait ainsi, puis deux trimestres de la suivante…

Contrairement aux sombres prévisions des débuts, votre enfant aurait trouvé ses amis et s’épanouirait socialement. Avec votre aide, à priori nécessaire, il rattraperait son retard en maths, et retrouverait sa place en tête de classe.

Tout semblerait s’être apaisé…
Jusqu’au confinement.

Beaucoup plus dur en Espagne, il y est aussi beaucoup moins tolérant. Les enfants y sont priés de continuer à travailler, et la décision sur le niveau d’exigence est laissée à la discrétion des écoles.

Pour celle de votre enfant, ce niveau serait devenu délirant.

Il y serait tenu de se retrouver devant son ordinateur aux mêmes heures qu’avant, pour le cas hypothétique où ses professeurs, qui ne se soumettraient pas aux mêmes exigences, feraient une apparition en ligne.
En cas d’absence et même si l’enfant, sur la demande des parents, se serait excusé, un mot sans explication serait envoyé aux parents.

Les devoirs y pleuvraient comme à Gravelotte et les zéros, en cas de retard pour le retour d’un devoir, tomberaient de même.
Et en dépit de newsletters envoyées par l’école sur le besoin émotionnel supplémentaire pour traverser cette période difficile, tout y serait géré de façon punitive.
Vous prendrez bien un petit verre d’hypocrisie ?

Notre enfant, qui voudrait devenir musicien et qui prendrait des cours de guitare, de chant et de piano se retrouverait au bord des larmes pour répéter son morceau accompagné d’un ukulélé.
Et comme il serait en retard dans cette matière, les zéros continueraient de pleuvoir… Ah, et il serait en dessous de la moyenne en oreille musicale.
En tant que parents, vous n’auriez, vous, jamais reçu de zéros et vous vous plaindriez de leur fréquence auprès d’un nouveau professeur principal. Il ne s’agirait, selon elle, que d’une façon de rappeler le devoir à rendre. Vous penseriez qu’ils sont symboliques et bêtement, vous vous vous détendriez. Et finiriez par recevoir un message officiel sur le téléphone comme quoi votre enfant n’allait pas valider son trimestre en musique.
Et vous vous demanderiez : comment font ceux qui n’ont vraiment pas l’oreille musicale. Doivent-ils s’enchaîner à leur instrument ? Dormir dessus ?

En allemand, pour récupérer les retards qui se sont accumulés, vous décideriez d’intervenir et d’aider. Et vous découvririez au passage, effarée, que son accent est tellement mauvais que votre enfant, trilingue et naturellement doué, en serait incompréhensible.
Face à la réalisation de la médiocrité et de l’inutilité de cette classe, vous demanderiez son transfert en classe de français. Il n’y apprendrait rien mais arrêterait au moins de perdre son temps.
Le nouveau professeur principal, qui serait aussi le professeur d’allemand vous rétorquerait que c’est illégal.
Vous vous renseigneriez par ailleurs et un directeur de collège vous assurerait du contraire. Vous insisteriez et la professeur, après avoir résisté en parlant de la difficulté, nous préciserait enfin le mail de la personne responsable.
En fait, votre seule demande suffirait…

Les cours de maths se révéleraient insuffisants au point où vous demanderiez, avec votre mari qui a fait maths sup, si le prof comprend quelque chose à sa matière.
Pour compenser ce manque – et se sentir supérieur à peu de frais ? – ce professeur noierait les enfants sous les tâches : en récupération de trimestres précédents, il aurait envoyé à des enfants qui avaient déjà des difficultés… 110 exercices de maths. En plus du programme normal.
Les enfants seraient donc noyés sous les exercices qu’on ne leur corrigerait pas, quand on leur expliquerait déjà à peine comment faire. Et mal.
Or, en dépit des conditions climatiques et sanitaires, le professeur voudrait son examen en ligne.
Un examen limité dans le temps. Mais dont il ne donnerait l’adresse qu’après qu’il ait vu, lui, l’enfant se connecter.
Il aurait d’ailleurs mis du temps avant de voir notre enfant.
Et au cas où un petit aurait eu des problèmes techniques, aucune crise de conscience à l’horizon, on lui collerait seulement un de ces fameux zéro.

Cet examen serait potentiellement un carnage.

Votre enfant, lui, le validerait avec un 5 en calcul et un 9 en problèmes qui se transformeraient apparemment, si vous comprenez le site web de l’école, et vous êtes loin d’en être sûr, en 4,5. La magie des mathématiques : on y trouve bien des nombres imaginaires.
Les devoirs en retard que vous auriez aidé à réaliser et que vous savez bons, lui obtiendraient un 3,5. C’est l’avantage, en Espagne, où contrairement à la France, les professeurs ne sont pas obligés de rendre les copies. Aux oubliettes, pour ne pas dire aux chiottes, la pédagogie de l’apprentissage par l’erreur. Et que dire du besoin de justifier sa note ? Inexistant. On pourrait y noter à la tête du client qu’on ne verrait pas la différence ou en balançant les copies dans les escaliers. Première arrivée en bas a gagné !

Et comme si cela ne suffisait pas, le professeur de physique lui collerait, pour le plaisir, un 4 en attitude.
Et cette note, en complète contradiction avec d’autres commentaires de profs, qui parleraient du plaisir qu’il y a à avoir cet enfant en classe, serait la seule du trimestre, et donc la moyenne. La fête du slip et de l’arbitraire.
Quand, du fait du confinement, vous seriez le témoin de ce que votre enfant serait accroché bien sagement à son ordinateur et ne prononcerait pas un mot plus haut que l’autre. Un vrai bigorneau.

Quand vous vous plaindriez au professeur principal, les notes en maths disparaîtraient du site de l’école. Ne resterait plus que la moyenne, qui ne correspondrait à rien.
Le confinement les ferait-il décompenser, ces professeurs, dans la solitude et le manque de validation narcissique ? Auraient-ils besoin d’une dose d’émotionnel ?

Une chose est sûre, dans toute organisation où les « pommes pourries » sont plus nombreuses que les autres, comme dans la police américaine, c’est tout le compotier qui fait bloc, trognons bien serrés autour de l’esprit de corps.

Or, en Espagne, pour passer dans la classe supérieure, au collège, il faut valider chaque matière, sous peine de se traîner le retard comme un boulet et de se retrouver, apparemment, dans cette école, avec la possible menace d’une centaine d’exercices, quand déjà on n’y comprendrait pas assez pour avoir la moyenne.
Avec 95% d’échec pour l’examen en ligne de maths dans une autre classe, ce qui, concrètement, pour 27 élèves, indiquerait qu’un seul enfant aurait réussi, il risquerait, on pourrait le croire, dans ce collège hypothétique, d’y avoir un certain nombre de plaintes de parents.

Le succès ou l’échec de la majorité d’ enfants de bonne volonté ne devrait-il pas être attribué au professorat ?

Mais je pressens déjà ce qu’il se passerait, dans cette école qui ne serait peut-être pas si hypothétique que cela.
Les professeurs narcissiques seraient déjà trop nombreux, ils auraient créé une réalité parallèle. Délirante et faussée.
Une réalité dans laquelle, eux, à l’égo distordu, seraient les vraies victimes d’enfants médiocres et débauchés. Qui griffonneraient à qui mieux mieux sur leurs cahiers sans les écouter. L’insulte ! L’insolence !
Une réalité dans laquelle ils seraient admirables et compétents mais où les enfants ne seraient pas à la hauteur de leur talent.
Une réalité dans laquelle d’affreux parents gâtés et exigeants les harcèleraient sans pitié. Et déjà, pourraient-ils être nombreux ces parents qui se plaignent quand la majorité des professeurs fait un bloc toxique et compact ? Combien de parents, entre une bonne demi douzaine d’adultes d’un côté et un adolescent de l’autre, choisiraient de croire leur enfant ? Le crime éducatif parfait.
Car les professeurs narcissiques ont aussi créé une réalité où il leur suffirait d’aller pleurer dans le giron du gentil responsable pédagogique pour que celui-ci enfourche son destrier, saisisse sa lance et charge les moulins. Après tout, on est en Espagne…

Quand une majorité de manipulateurs et de complices naïfs a pris possession du réel, on ne peut plus compter sur la vérité.
Et on se retrouve dans une réalité alternative. Où les manipulateurs mènent le bal et les gens bien perdent pied.

Et il ne nous reste, à nous, personne de bonne volonté que deux choix possibles : nous adapter à leur délire ou prendre le maquis.

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