« élites » et manipulateurs

Les deux plus grands talents des manipulateurs sont d’être psychologues et de savoir jouer la comédie.
C’est pour ça qu’ils sont si dangereux.

Car chacun de nous va imaginer le méchant comme visiblement désagréable. De préférence laid, et arborant le cheveu gras.
C’est tout l’inverse.

Plus le Mal est puissant, plus il paraît séduisant.
Plus il semble fascinant.
Plus il est charismatique.

Il va soigner son apparence au mieux des possibilités offertes par la médecine, le maquillage et le sport.
Et il va te livrer ton rêve sur un plateau doré.
Tu n’en croiras pas tes yeux. Ta vie, jusque-là terne, va soudainement prendre des couleurs.
Tu seras ébloui.
Les Anglo-saxons appellent ça le « gaslighting », quand tu as des paillettes plein les yeux. Ça peut ressembler aux descriptions du coup de foudre, tu peux te sentir sur un nuage, en train d’inhaler de l’oxygène pur… jusqu’à-ce que l’illusion s’évanouisse.

Et que tu te sentes comme le Coyote qui court après Bip-Bip et se découvre au dessus d’un précipice.

Tu es un chrétien de droite anti avortement ?
Quelle coïncidence, lui aussi.
Tu es un défenseur de l’environnement, soucieux de politique sociale ? Merveilleux, c’est pareil pour elle.
Le manipulateur n’a aucune conviction autre que celle de tout mériter, et ça peut tout à fait être la même personne, qui, en fonction de ses intérêts, va arborer, au fil des ans, des idées diamétralement opposées.
Il te dira qu’il a changé. Ou qu’il a grandi.
Quand changer ou grandir est une impossibilité pour lui. Il faudrait pour cela qu’il puisse se remettre en question…

Des étoiles plein les yeux, ton rêve matérialisé devant toi, il te sera désormais presque impossible de voir la dure réalité en la personne qui t’a cyniquement ciblé.

Et ce sens aigu de la psychologie fait que le manipulateur est un écrivain de talent.

Il saura brosser comme personne les traits de caractère des personnages. Notamment des méchants. Et quand, avant les années 2000, il te semble que l’auteur a lu dans la tête d’un psychopathe avec une netteté incroyable pour qui n’avait pas alors accès à la science du vilain, pas de mystère : l’écrivain a puisé dans sa propre tête.

Le méchant est ce qui rend le livre ou le film intéressant, ce qui permet au héros d’apprendre et de progresser. Et comme l’a dit ma fille, un jour où on s’est amusé à imaginer une planète habitée exclusivement de gentils, le seul avantage des méchants, c’est qu’ils rendent la fiction intéressante.

Mais je suis malgré tout atterrée quand je lis maintenant les regards de tant d’auteurs de livres romantiques et que je sais à présent les reconnaître pour ce qu’ils sont : vides d’âmes.
Au dessus d’un magnifique sourire froid.
Des auteurs de livre d’amour qui ne savent même pas à quoi ressemble le sentiment ?
C’est risible et explique le grand nombre de clichés communs au genre. Et je suis vexée et furieuse qu’ils aient participé à modeler ma jeune conscience romantique, la gavant d’attentes dangereuses pour moi.

C’est donc ma conviction qu’une immense majorité d’écrivains ou de scénaristes sont des manipulateurs.

Et si l’on reste dans la compétence psychologique, une bonne partie des psychiatres, psychologues et autres psys doit l’être aussi…

C’est la même chose pour les acteurs : les personnes positives y sont minoritaires.

Un bon manipulateur, surtout un psychopathe, sait jouer la comédie à un niveau que tu n’imagines pas.
Quand il n’a aucune empathie, il paraît chaleureux, quand il te hait, il semble s’intéresser à tes problèmes.

Un psychopathe sait s’inventer un masque au quotidien qu’il peut tenir presque constamment. Il faut bien le connaître en coulisses, au quotidien, pour le voir décompresser, pour être le témoin de l’explosion du volcan. Le psychopathe ne se révèle qu’à ceux pour lesquels il n’a plus besoin de maintenir l’illusion, ceux qu’il tient sous son pouvoir. Ou quand celle-ci est trop lourde.

Le manipulateur est déjà un acteur.
Le faire professionnellement est juste une suite logique.

Qui lui permet, quand il a du succès, d’obtenir l’admiration des foules. Pur bonheur narcissique qui recharge son égo et lui évite les explosions de rage.

C’est d’autant plus facile qu’un bon manipulateur sait activer le charisme. Cette impression, quand vous le croisez, qu’il remplit toute la pièce et absorbe tout l’oxygène ?
Il se « contentera » en fait de votre temps, de votre attention et de toute votre énergie. La bête a besoin de carburant.

Et pour un manipulateur de talent et d’ambition que la nature n’a pas doté d’un physique hollywoodien, la variante est de devenir politicien.

En l’absence de réelle conviction politique, il se contentera d’adhérer à un programme opportuniste, de faire son spectacle et de séduire les foules.

Les manipulateurs se sentent également bien dans toutes les autres professions manipulatoires, comme le marketing et les relations publiques.

Et dans tout ce qui est apparences, sans réelle substance.

Car le manipulateur est infiniment doué, en l’absence de cœur et de profondeur, pour travailler la surface. C’est une obligation qu’il a intégrée depuis qu’il est enfant.

Il va donc fleurir avec un égal bonheur sur certains réseaux sociaux, dans la mode, le mannequinat, le merchandising…

Et enfin, sa rage, son absence de scrupules, son ambition aveugle et son sens « politique » – marcher sur les naïfs, flatter les puissants, exploiter les faibles – lui permettra de gravir extrêmement vite les échelons hiérarchiques d’une entreprise.

Surtout lorsqu’on tient compte de ce fait : les manipulateurs sont conscients de leur état et des enjeux de leur survie.
Seuls les égoïstes, négatifs de bas étage, et les positifs ne se rendent pas compte de l’ampleur de cette réalité humaine. Et ne savent pas identifier un prédateur.

Eux, le peuvent parfaitement. Aux hauts niveaux du pouvoir, où il n’ont plus besoin du gentil naïf de circonstance, les associations de malfaiteurs vont se multiplier, qui vont verrouiller le sommet de la pyramide pour leurs semblables.

C’est pour cela qu’on n’a pas besoin d’imaginer de théorie du complot dans le genre Illuminati.
Les clubs Rotary, Franc-maçon ou de golf, existent déjà. Ou les carrés VIP, les cocktails, les mariages…

Et je ne serais pas étonnée d’apprendre que plus des trois quarts de ceux qui sont considérés comme les « élites », sont en fait des personnes négatives, allant de l’égoïste au prédateur, uniquement intéressé par leur pouvoir et concentré sur son avidité.

Et on s’étonne que le monde aille mal ?

Ils l’ont fait à leur image, superficiel, vide et creux.
Qui désespère tellement les bonnes personnes, les plus sensibles, ceux qui sont pourvus d’une âme, que les taux de suicide, d’alcoolisme, d’usage de drogues licites ou illicites explosent.
Et ce que l’on appelle les « maladies mentales », également. Quand une bonne partie d’entre elles vient de la difficulté de personnes pourvues de toutes leurs émotions humaines, à s’adapter à un monde d’enfants gâtés, pourris et sans cœur.

Le vrai malade mental, c’est le manipulateur.

Et les « élites » sont maintenant à son image.

Des « élites » qui n’a pas changé depuis Jane Austen, qui ont vu le monde évoluer en dépit d’elles. Quand elles ne voyaient, au 19ème siècle, aucun inconvénient à laisser des enfants mourir dans leurs cheminées pour les nettoyer.
Et si les mœurs n’avaient pas changé, les « élites » d’aujourd’hui n’y verraient pas plus d’inconvénient.

Les manipulateurs sont plus nombreux au pouvoir mais, dans les pays démocratiques, nous sommes plus nombreux en général.

C’est ce qui leur impose de faire des efforts « marketing » et de faire semblant de se soucier de leur prochain.

Continuons à faire évoluer les mentalités.

Et prenons le pouvoir.

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