Instinct maternel, mon œil.

Écrit sur l’air de la Reine de la nuit !

La plupart des gens parlent de l’amour maternel comme d’une affaire allant de soi.
Pour ce faire, on lui colle même l’étiquette « d’instinct maternel », comme si un flot d’amour venu d’ailleurs devait vous envahir au premier coup d’œil sur le nouveau né vagissant.
Vaste blague ou complot collectif dans le but de préserver l’espèce, je ne saurais dire.

Coeurs (c) by Nexus http://www.flickr.com/photos/nexus_6/316331005/

En ce qui me concerne, à chaque fois qu’on m’a présenté – en plein milieu d’une césarienne, il faut dire, soit une demi heure pour la France, deux heures version argentine – un nouveau né rouge, pas content de sortir de son milieu aqueux et couvert d’humeurs plutôt extra-terrestres, ma première pensée a été un truc du genre :
« Ok, je l’ai vu. Maintenant recousez moi, s’il vous plait. »

Et même si j’ai finalement ressenti le-dit flot d’amour assez rapidement (quand ma fille a ouvert grand les yeux la première fois qu’elle a entendu ma voix, en néonat, le lendemain de l’accouchement, je me souviens encore de l’effet « coup de point dans les tripes »), l’amour maternel, à mon avis, ce n’est pas du tout cuit.

Et je pense à Madame Filliozat.

Parce que oui, quand l’heure est venue d’éduquer mes enfants, je me suis tout naturellement tournée vers un bouquin.
J’imagine que c’est ce que la plupart des mères font le moment venu, mais dans mon cas, avec ma famille de parfaits branquemouilles, se tourner vers la littérature a toujours été mon mode de survie : bouquins pour l’évasion, bouquins pour expliquer le monde, bouquins pour se comprendre, bouquins pour s’en sortir…

Et donc, j’ai cherché un bouquin digne de ce nom pour élever ma fille (l’aînée) et ce bouquin a été « L’intelligence du cœur » de Madame Filliozat.
Quand un bouquin vous fait chialer comme ça, et hocher régulièrement la tête, tel le petit chien sur la plage arrière d’une Peugeot (minute de pub pour la boîte qui me nourrit via mon mari), et qu’on se dit que oui, on aurait aimé être élevée, slash comprise, slash respectée, slash aimée comme ça, on pense forcément que c’est une bonne méthode pour élever la génération montante.
Pour moi, c’est clair, il y a eu un « avant » et un « après » ce livre.

Sauf que.
Là où Madame Filliozat, pour élever ses gosses, a des parents géniaux, un mari fantastique (ce qui est mon cas aussi, bien sûr, nounours je t’aime) et des beaux parents sûrement exceptionnels, ce qui doit lui apporter un soutien appréciable et lui laisser une bonne réserve de calme en cas de crise, en ce qui me concerne, j’ai donc dans ma famille et ma belle famille, comme je l’ai déjà mentionné, une belle réserve de névropathes. Je ne vais pas vous donner les fastidieux détails qui font guiliguili, imaginez juste la famille Adams version « Psychose ».
Et ma famille à moi, épousée ou non, non contente de me pomper un air dont j’aurais bien besoin pour élever mes petits en plus haute altitude, n’est en rien un soutien.
Mais alors, en rien.
Et c’est clair que pouvoir confier ses mômes à un proche de confiance, ça doit sacrément faire du bien.
Voire vous changer carrément la vie.

Mais ce n’est pas tout : quand vous avez décidé de fonder une famille, motivée en cela par une bête image d’Épinal, – celle que vous n’avez pas vue en vrai mais que vous avez admirée en film -, et décidée par une bonne giclée finale d’hormones, vous avez oublié que si vous portez en moyenne sept générations sur les épaules, la chair de votre chair, elle, va en porter six qui sont au dessus de vous et dont vous n’êtes pas particulièrement fan.
Vous me suivez ?
Ceci, bien sûr, en étant positif et en comptant sur le fait que des années d’études et de recherches personnelles en « amour de soi » et autres thérapies, vous aient donné le loisir de mûrir, et d’accepter sereinement de voir vos défauts reflétés sur vos tendres bébés. Pas si sûr…

Et donc, cerise sur le gâteau, là où madame Filliozat pourra légitimement s’attendrir de ce que son petit dernier lui rappelle grand-papa, moi je penserai plus volontiers un truc du style :
« Merde, on dirait ma mère ».
(heureusement, je ne le pense pas si souvent !)

Bref, élever un gosse en milieu hostile, tout un challenge.

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