D’après le site Femmexpat et leur récent sondage, 81% des expatriées interrogées ont connu à un moment ou un autre « le blues de l’expat ».
C’te bonne blague !
Personnellement, j’aurais plutôt pensé à 100% et je me demande si les 19% qui restent sont :
a/en plein déni,
b/en lune de miel au soleil ou
c/shootées au cocktail avec petit palmier.
Il faudrait aussi préciser si les trois cent quarante cinq personnes qui ont répondu sont « expats », comme mentionné sur le site ou « femmes d’expat ». Pas tout à fait la même tasse de maté.
Parce que même si je ne sous-estime pas les difficultés d’un gars ou d’une fille qui démarre un nouveau job sous les tropiques ou ailleurs (nounours, tu es mon héros), le gars et la fille en question se retrouvent rapidou (dans notre cas, le lendemain de l’arrivée, sachons ne pas traîner) avec des responsabilités, des potes et des pauses cafés, laissant à sa tendre moitié le soin de défaire les valoches, découvrir le coin autour de l’appart-hôtel et déterminer comment on dit « couche pour bébé » en idiome local.
Un léger coup de blues, vraiment ?
Moi j’ai passé la première soirée en Argentine à vomir dans les toilettes en me demandant comment j’avais été assez nouille pour me retrouver là, et les six mois suivants à déterminer si j’allais y survivre, à peu près le temps, quand j’y songe, pour qu’on ait enfin deux ou trois meubles, dont un lit.
Comme quoi dormir à même le matelas à nos âges, ça peut miner salement le moral, surtout quand c’est un matelas argentin traité aux acariens et qu’il a mis une semaine à dégorger l’odeur des produits chimiques dont il était gavé.
Mais ceci dit, quand je lis l’article de « FemmeExpat », je m’y retrouve encore pas mal : serais-je expatriée à la campagne ?
Parce que oui, après avoir quitté le milieu presque rural de mes parents, il y a vingt ans (ça fait hurler de rire le Jules quand je dis ça, mais je suis désolée, si on marche un peu depuis la maison des ascendants, et en cherchant bien, je suis sûre qu’on peut trouver une vache) et m’être juré de ne plus y remettre les pieds, après Paris, Nantes, Rennes, re-Paris et Buenos Aires, me voilà, comme qui dirait, revenue aux sources.
Et le blues de l’expatriée sur fond de champ de blé, ça m’arrive de m’y frotter.
Bon, je ne ressens pas trop l’insécurité, il faut être honnête : à part pour empêcher mon petit dernier d’approcher trop près des moutons, de leurs dents et de leur enthousiasme quand il leur donne des Cracottes, je ne crains pas trop le pic d’angoisse.
Et je ne sais même pas, en plus, à vrai dire, si un mouton a des dents.
Et le choc culturel est assez mince, idem pour le barrage de la langue : Davron est près de Paris. on est à peine à trente minutes de la porte de Versailles et je comprends assez bien le patois des Yvelines.
Mais pour le climat, oui, ça c’est un facteur sérieux.
On a planté dans le jardinet une fleur lumineuse qui marche au solaire, et dans la mesure où elle ne marchait plus depuis six mois, je pensais qu’elle était cassée… Bernique !
Elle remarche très bien depuis deux jours, c’est donc juste qu’elle manquait de carburant….
Et je ne parle même pas des virus ! Malades comme des chiens tout l’hiver, tout, et tout le monde y passe. Une gastro autochtone plus coriace que toutes les turistas exotiques. Pas étonnant qu’on ait décimé l’Amérique avec nos microbes : on devrait imposer une quarantaine aux français avant de les laisser sortir du pays.
Bref, la vie est décidément une aventure, vivement la prochaine expat !