Aux voisins, je préfère les voisines.

(Titre choisi en hommage à Renan Luce)

Quand nous sommes arrivés dans notre appartement, l’agence immobilière nous avait fait miroiter, entre autres, la présence d’une star de la chanson au deuxième (Angoisse sur la Pampa Part 2).
Finalement, la star de la chanson – Shakira -, s’est révélée n’être QUE la marraine DE la petite fille du second.

Shakira by Luis Fernando y Sonia Maria (c) http://www.flickr.com/photos/7477245@N05/5375147161/

Une charmante enfant, au demeurant, et mon seul regret dans ce beau pays aura été que, quand la maman "de La Rua" – soeur du "de la Rua" qui a été pendant longtemps le petit ami officiel de la bomba latina – m’aura demandé si je ne connaissais pas un professeur de français pour sa fille, je n’aie pas immédiatement crié « MOI MOIIIIIIIIIIIIIIIIIII MOI MOI », du plus profond de mes poumons. Voire de mes tripes.
Qu’est ce que j’ai fait à la place, je vous le demande ?

J’ai poliment proposé de me renseigner parmi mes connaissances et j’ai mariné pendant des semaines sur mes insuffisances en enseignement dans la langue de Voltaire.
Pfffffff.
Comme si je n’eusse pas été capable d’apprendre les rudiments de la plus belle langue du monde (n’en déplaise aux italiens et à Elizabeth Gilbert qui n’a pas su choisir le bon pays pour aller manger…) à une gamine de 10 ans.
En plus, elle avait l’air très mignonne, très bien élevée, la gamine : pas du tout le genre à vous planter un couteau de cuisine dans la main.
Mais bon, on n’est pas perfectionniste ascendant pointilleuse pour rien, et j’aurai raté là, l’occasion de me rapprocher d’une poignée de mains d’une MÉGA star internationale.
Trop conne, trop conne, trop CONNE !

Enfin bref.
La famille "de La Rua" ayant déménagé alors que j’étais enceinte de 5 mois, l’appartement a été rapidement revendu.
Et c’est là que les ouvriers, affectueusement surnommés par nous « les connards » ont fait leur apparition.
Ne croyez pas que je démontre par cette appellation une aversion générale pour la classe ouvrière. Absolument pas. Loin, très loin de moi, cette idée syndicalement douteuse.
En revanche, j’éprouve une aversion certaine pour ceux qui sont donné autant de mal pour me casser les « bips » pendant aussi longtemps (depuis quelque temps, à la maison, avec les enfants, on remplace les gros mots par des « bips » bien sonores ce qui peut donner : « bip » de « bip » de « bip », quel « biiiiiiiiiiiiiiiiiiip !»).
Pendant six mois, soit les trois derniers de ma grossesses (ne croyez pas que je ne sache pas compter, c’est juste que j’ai accouché un mois avant la date prévue, vous pouvez faire le calcul…), plus les trois premiers du nourrissons, les adorables ouvriers en question ont passé la majorité de leur temps à casser du mur. Et ce, à n’importe quelle heure du jour, en dépit des obligations de la copropriété et de la sacro-sainte sieste latino-américaine.
Pour s’encourager avant de commencer, ils se criaient les uns sur les autres en tapant dans les mains.
Un jour, on s’est finalement demandé pourquoi détruire des murs leur prenait autant de temps…
S’en prenaient-ils aux fondations ? L’immeuble allait-il s’effondrer, comme le craignait la nounou des enfants, tellement le bruit et les vibrations étaient forts ?
Rien de tout ça.
Juste que le nouveau propriétaire du second, un grand pianiste international, nous avait dit le concierge, à chaque inspection des nouveaux murs, faisait la moue (j’imagine qu’il faisait la moue) et disait un truc du style : « Pero, no me gusta, ça ne me plaît pas. On recommence tout. Vamos muchachos ! »

Et je ne vous dis pas comme je l’ai un tout petit peu honni, ce soit-disant GRAND pianiste, avec ses caprices de diva. Alors que j’étais astreinte à rester dans mon lit pour cause de grossesse difficile, puis quand ses ouvriers maçons réveillaient le nouveau né.

Ce qui fait que quand il a effectivement débarqué, un dimanche, quelques jours après un piano à queue, et qu’il s’est mis à toucher du Rachmaninov (le Concerto pour piano n°2, adagio sostenuto : absolument sublime) avec la supposée grâce pour laquelle des milliers de gens devaient payer une fortune, nous, on a mis la « Danse des canards ».
A fond.
En gueulant "Coin Coin Coin Coin" en cœur avec les reprises.

Duck Diva by fbroschart (c) http://www.flickr.com/photos/22516874@N00/4275443178/

Et dans la foulée, on a aussi mis tout le reste du "best-of" des fêtes réussies quand on a déjà trop sévèrement abusé de la bibine.
Mixé avec un peu de hard (mon mec adore Sepultura), le hard ça défoule bien.
Je crains fort que, ce faisant, nous n’ayons pas vraiment œuvré pour la réputation des Français en Argentine…

Et cela explique aussi peut-être pourquoi, quand le voisin du second qui s’est avéré n’être qu’un "vulgaire" banquier (le prodige au piano, c’était le rejeton), a invité tout l’immeuble dans une envolée de traiteurs et de serveuses en coiffe et tablier blanc (je vous jure !), il a soigneusement oublié de nous envoyer l’invit.
Officiellement, parce que seuls les propriétaires étaient conviés et que nous n’étions que locataires.
Mais je sais la vraie raison : il avait trop peur qu’on lui mette l’ambiance à l’apéro…
« Allez viens boire un p’tit coup à la maison. Y’a du blanc, y’a du rouge, du saucisson… »

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