Lorsque j’ai écrit un article sur les six voix, pour décrire les forces en présence dans nos têtes, j’ai décrit notre conscience comme étant l’une d’elles.
Un petit ange qui viendrait sur notre épaule, à l’image des bandes dessinées, pour nous rappeler la voie du bien, pendant que l’égo, petit diable perché sur l’autre, essaierait de nous entraîner sur la pente du mal.
J’ai alors pensé que chez les sociopathes et autres narcissiques du fond des bois, l’égo avait définitivement étouffé une conscience empêcheuse de torturer en rond. Qu’il l’aurait entraînée dans la forêt avant de la donner à bouffer au loup.
Mais j’ai changé d’avis.
Car la conscience, étincelle divine en chacun de nous, est absolument impossible à trucider.
Elle est inaltérable.
Et c’est peut-être grâce à elle, qu’en dépit d’un mal bien bien omniprésent dans nos sociétés depuis que l’homme a chassé son premier mammouth, il y a un discours général qui cherche à être moral.
Comment alors, le sociopathe arrive-t-il à vivre avec une conscience qui ne le lâcherait pas ?
C’est tout simple : il se ment.
Le mensonge est au commencement du mal.
L’égo s’allie au cerveau qui va alors tricoter tout un tas de petites histoires qui peuvent aller jusqu’à inverser la réalité.
Certaines vont être plutôt simples, d’autres vont devenir des nœuds gordiens complètement inextricables.
Il faut dire que l’égo a cela de pratique qu’il trace une limite bien définie, un mur, oserais-je dire, entre soi et les autres.
Parfois le soi peut englober une famille dans laquelle le sociopathe se projette. Une mafia.
D’autres fois, le soi s’étend à un pays.
C’est la fameuse dichotomie des Grecs entre les citoyens de la cité et les barbares.
C’est celle aujourd’hui aux USA entre les citoyens et les aliens.
Ou encore celle des Israéliens entre le peuple élu et des « squatters », ouvertement traités d’animaux.
Si la conscience rappelle alors au respect de la vie, l’égo intervient facilement : il y a vie et il y a Vie.
Tout le monde n’aurait pas la même valeur, pense l’égo.
Et ça ne serait pas aussi grave de s’en prendre à un sous-humain.
Un Untermensch, disaient les nazis.
Ce genre de dérive ne se fait pas en un jour.
Et aux États-uniens, abasourdis de se retrouver en train de vivre dans une dystopie fasciste, j’ai envie de dire : vous glissez sur cette pente depuis longtemps.
Cela fait en effet des années, des dizaines d’années, des centaines d’années que toute cette population baigne dans la mystique de leur exceptionnalisme.
Déjà, quand je suis allée étudier en Indiana en 92, dans un programme MBA qui se vantait d’être international, les professeurs nous passaient des films sur ce qui était présenté comme le côté arriéré des paysans japonais – JD Vance a dû aller aux mêmes genres de cours… – et des cadres de Microsoft racontaient à un amphithéâtre hilare qu’ils avaient une bonne façon de se défaire de leurs logiciels obsolètes : ils les envoyaient en France.
On l’a bien vue en action, cette dérive, quand tout un pays accepte sans broncher l’invasion illégale d’un pays étranger, au hasard l’Irak, et pleure bruyamment le soldat du pays tué au front tout en surfant sans aucun souci sur les millions de civils tués.
Parce que, pour un Américain, qui baigne depuis l’enfance dans l’illusion de son exception, c’est à dire de sa supériorité, on ne parle tout simplement pas de la même humanité.
Eux, ils sont les bons.
On est exactement dans le même cas de figure avec les sionistes qui croient dur comme fer que Dieu les a choisis pour être son peuple élu.
À vrai dire, c’est même encore plus clair : d’un côté il y a un peuple choisi et de l’autre, le ramassis de qui ne l’est pas.
Et là encore, deux poids, deux humanités.
Surtout si l’humanité extérieure au Klan a bêtement choisi d’occuper une terre qui aurait été choisie par Dieu pour ses chouchous : le génocide, à défaut, le nettoyage ethnique, devient presque une obligation divine.
Personnellement, je trouve étrange qu’un dieu tout puissant et tout prévoyant n’aurait pas mis quelques barrières infranchissables autour du lopin mais comme il semblerait, en lisant l’Ancien Testament, que ce dieu-là n’est pas allergique à la violence – extermination à Sodome ou mort subite générale des premiers nés égyptiens – et encouragerait même plutôt d’y aller à la truelle, tout va bien.
Visiblement le premier génocide des Cananéens faisait aussi déjà partie du Plan…
L’égo commence donc par créer une frontière qui ment sur la nature humaine.
Il y a moi et il y a l’autre.
Il y a nous et il y a ceux qui ne sont pas pareils. Voire différents.
Et même, carrément des « nuisibles » : on peut alors tranquillement introduire toutes les métaphores, toute la ménagerie indicatrice du futur massacre, rats, chiens, cafards…
Mais la conscience se fait têtue et il faut alors lui sortir le plan B.
Ce que fait donc le sociopathe et ses affiliés sans barguigner, en général dans la foulée : dans toute cette histoire, la vraie victime, c’est lui..
Et c’est assez fascinant à voir, cette réalité inversée. Même si présentement, je prierais plutôt pour arrêter d’en être le foutu témoin impuissant…
Israël, avec son armée, son financement US et ses giga bombes… Est la victime des civils qu’elle massacre. Des civils qu’avant cela elle avait colonisés et chassés de leurs maisons.
Parce qu’elle est la victime des intentions putatives de cette population qu’elle torture. Le bébé qu’elle laisserait vivre pourrait être le meurtrier de demain. L’enfant dont le sniper explose la tête, aurait comploté la fin du peuple israélien, une fois grand. Et donc, voilà, voila, foin de la compassion.
Soyons honnêtes, ce n’est pas en torturant son prochain qu’on l’invite à l’indulgence future mais c’est quand même particulièrement cynique voire carrément dégueulasse que de commencer une tuerie et de se dire entre potes meurtriers « bon, ben, maintenant faut finir, bichon, parce que sinon on pourrait bien s’en prendre une au match retour ! »
Les génocidaires, pensent les sionistes, ce sont les autres. Qui auraient l’envie atavique du génocide.
Et donc, bah, logique, ce qu’ils font, c’est juste un massacre préventif. Sur des coupables putatifs. Condamnés sans jugement.
Bien sûr, le mot « guerre » est utilisé au passage. Ça fait plus équilibré : l’ennemi a une chance. Le taureau dans l’arène aussi.
Mais c’est aussi une « guerre » sans l’application du code des conventions de Genève. Ah bah non ! Ce ne sont pas des soldats en face…
Et que je t’emmêle, et que je t’emmêle pour mieux te faire tourner en rond dans les débats. Les sociopathes et les petits enfants sont très bons à ça.
Mais aux personnes qui sont sur le cul devant tant d’hypocrisie, j’ai envie de dire : la plupart des sociopathes sionistes sont convaincus de ce qu’ils avancent. Et les psychopathes, plus intelligents, exploitent cette croyance.
Je pense aussi que bon nombre de sionistes croient dur comme fer que les Palestiniens veulent leur mort et que c’est juste un cas de qui génocide le premier. Et à la décharge des sionistes, le peuple juif a été la victime d’immondes persécutions depuis à peu près deux mille ans.
Mais ils en sont aujourd’hui à nous servir la rhétorique démente qu’ils se battent contre les nazis et qu’il leur faut les exterminer, tout comme les alliés ont rétamé l’Allemagne à coups de bombes conventionnelles ou comme les USA ont explosé un bout du Japon à coup de bombes atomiques.
Sauf que, ha ha ha, léger détail : les nazis étaient les agresseurs.
Et les Palestiniens sont les agressés.
Mais le colon, sociopathe et agresseur, même s’il n’a pas un justification divine couchée sur le papier, aura de toute façon toujours une bonne raison : le Lebensraum, la conversion des païens, l’avancée de la civilisation qui doit rouler sur les masses incultes et ingrates….
C’est au nom d’une justification foireuse que l’envahisseur fait le mal. L’autre a tort de facto, c’est un vilain. Ta gueule.
Et s’il se défend, il devient alors un affreux vilain et conforte l’agresseur dans son droit et son statut de victime.
De toute façon, et c’est commode, l’égo empêche toute mise en perspective.
Tout est vu et évalué par lui depuis le nombril.
Le bien, c’est toi. Le mal, c’est tous les autres.
Cette saloperie de conscience doit déjà intégrer ça.
Au niveau de l’individu, c’est exactement le même processus : on ne peut pas avoir raison face à un sociopathe.
Aucune perspective n’est possible, ni aucun partage des torts.
Si une sœur aînée a voulu vivre sa vie au soleil et fonder sa famille – un exemple pris complètement au hasard -, elle est coupable d’avoir, en rejetant une vie de célibataires en binôme pourvues en chat, rejeté ignoblement sa cadette avec l’eau du bain. Et quelles que soient les humiliations ultérieures endurées en serrant les dents en espérant que ça se tasse, ou les efforts qu’elle ait pu faire pour garder un lien auquel elle tenait énormément, même si elle ne voulait pas limiter son horizon aux cent mètres autour de sa fratrie… Ce ne sera jamais assez.
Et si, à force de se faire maltraiter pour ce qui a été perçu comme une faute fondatrice pour la légende égotique, elle finit par répondre ou prendre ses distances, c’est confirmé : c’est une horrible personne.
Cet exemple de réalité inversée a au moins le mérite d’être basé sur des faits, même si leur perception est foncièrement déséquilibrée.
Mais je connais aussi fort bien une psychopathe de talent qui vit dans une réalité complètement inventée. Ou tout est fumée, légende, histoires, contes et surtout… Projection.
Car c’est la troisième arme de l’égo, confronté à la conscience, après la relativité de l’humanité et la posture de la victime éternelle : la projection.
Et elle est bien commode : car toute faute est automatiquement plaquée sur l’autre.
Par extension, toute accusation est une confession.
Ce qui se constate en ce moment aux USA, quand les MAGAs ont révélé leurs intentions depuis des années en accusant les Démocrates de ce qu’ils feraient, eux, s’ils en avaient la moindre occasion : tricher aux élections, retirer la liberté d’expression, poursuivre les opposants…
Les Etats-Unis vont donc subir ce dont les MAGAs se sont plaints sans raison apparente depuis des années. On connaît le programme. Et il est effrayant.
Bien sûr, les sociopathes du parti n’y verront rien à redire.
Car les MAGAs sont pris depuis longtemps dans un faisceau de réalités inversées dont ils ne peuvent plus se délivrer à moins d’un mur impossible à ignorer ou d’une explosion douloureuse des illusions. : celles qu’ils tètent depuis l’enfance dans leur famille, celles qui leur sont gavées par un patriotisme aveugle, celles de la propagande des shows télévisés, celles de leur secte évangéliste du quartier…
En fait, tous les codes et repères formateurs qui répondent au « d’où viens-je, qui suis-je, où vais-je », ces codes sans lesquels un humain n’est plus qu’un bouchon pris dans les remous d’un torrent, sont des leurres qui maintiennent les MAGAs dans un univers parallèle. Et c’est horriblement douloureux que de quitter ce confort-là.
Plutôt que d’affronter la réalité, certains préféreraient encore mourir.
Et boire le Kool-Aid.