Oui, je sais, ça paraît évident.
Et tu en es sûrement déjà conscient : que pour manipuler, il faut mentir.
Mais cela va au-delà de ce que tu crois.
On ne parle plus, là, du simple mensonge disséminé ça et là qui permet de contourner une vérité gênante ou de sortir d’une situation embarrassante. Tout le monde fait ça. Surtout aux périodes de Noël.
Le manipulateur, lui, va beaucoup plus loin : il crée un monde parallèle où la vérité n’existe plus.
Car pour lui, la vérité, c’est l’ennemi.
Déjà, pour te séduire, il s’est inventé une personnalité qui va te correspondre.
Tu es romantique ? Il va t’envoyer des roses. Quand l’odeur des fleurs lui donne la nausée.
Tu aimes la campagne ? Elle va te dépeindre votre avenir en commun dans une petite ferme ou un gîte. Quand elle a le rhume des foins.
Mais au delà de leur personnalité, les manipulateurs les plus doués vont remanier toute la pièce de théâtre, fausser les éclairages et distribuer les rôles. De telle sorte que le projecteur soit sur lui et qu’il soit toujours le héros.
C’est une ordure et un méchant ? Il va se placer en victime. Et ce sont tous les autres qui ne le comprennent pas.
Au passage, il va tout inverser. Te faire prendre des vessies pour des lanternes. Ton père n’est pas ton père et celui qui est dépeint comme ton ami est en fait ton ennemi.
Il dit blanc ? C’est que la vérité est noire.
Et inversement. Il ne va pas juste mentir, il va te convaincre de l’exact opposé de ce qui est réel.
Magicien de foire et charlatan, il va te balancer de la poudre aux yeux pour détourner ton attention, encore et encore et te vendre une fausse réalité.
Les anglo-saxons appellent ça le « gaslighting’ et je trouve que c’est hyper bien trouvé.
La pire des manipulation, la plus dangereuse, c’est quand elle est politique et touche les masses. Car là, on peut arriver au fascisme. Ou à un extrémisme politique de gauche ou à du fanatisme religieux : le mal n’est pas regardant.
Le fascisme, cette bonne vieille tactique politique que l’on croyait disparue mais qui revient en force et qui consiste à convaincre une majorité d’individus qu’ils sont la victime d’une minorité, pointée du doigt en bouc émissaire. Il y a au moins un peu plus de logique de la part de la gauche extrémiste quand la minorité en question, livrée à la vindicte des foules et des fourches, est celle des milieux au pouvoir. Mais pas plus d’âme, ni de résultat positif.
Le mal attise la haine, la peur et la colère, les bat en chantilly dans un chaudron maléfique jusqu’à ce que les émotions toxiques étouffent la raison et transforment l’électeur en membre fanatique de secte.
Qui suivra à présent le politicien choisi avec un aveuglement qui lui délègue tout le pouvoir. C’est volontaire.
« Le pouvoaaaaaaaaaaar », va ronronner notre salopard narcissique en caressant son chat et en jouissant de l’adulation des foules.
Le pouvoir, source principale de son plaisir. Et le plaisir est la seule émotion un peu positive qu’il peut connaître puisque l’absence d’amour et de compassion lui ferme à tout jamais la porte du bonheur.
Le pouvoir, qu’il obtient en défonçant la vérité à coup de boutoirs répétés.
Et cette vérité, si précieuse, si fragile, attaquée intentionnellement par Facebook, défendue par l’éthique des médias et des journalistes, est essentielle aux démocraties.
Sans elle, plus de vote éclairé.
Sans elle, on sombre dans le noir de la manipulation, le chaos et de la dictature.