Je participe un samedi par mois à un atelier d’écriture et j’ai pour mission de pondre un truc qui tienne la route avant ce qu’on appelle ici l’été (il pleut toujours mais les températures repassent au dessus de 0°).
Et je n’ai pas peur de la feuille blanche.
Dans la mesure où je me parle toujours à moi même et que je ne manque pas d’imagination, je n’ai qu’à retranscrire ce que je pense sur papier, c’est sans problème. À la limite, je craindrais plutôt d’être un peu déjantée mais je me rassure en me disant que tant que « mes voix » ne m’intiment pas d’aller torturer un chat, il n’y pas de raison de paniquer.
Au passage, je tiens à rassurer les voisins : si jamais un tel évènement, tout de même fort improbable, venait à se concrétiser, question félins, j’ai ce qu’il faut chez moi.
Recyclage de photo, ce n’est pas pour rien que je suis une blogueuse écolo.
Et donc, si je n’ai pas peur de ne rien avoir à mettre sur le papier, en revanche, je trouve que ce que j’écris pour le moment, en fait de début de roman, est complètement nul.
Mais alors, archi N-U-L.
N’ayons pas peur des mots, ce serait un comble pour un aspirant auteur.
Pour l’instant, j’en suis à trois débuts pour le même livre, dont je vais vous livrer ici, Ô ardent futur lecteur, les trois premières phrases.
(vous allez pouvoir ainsi constater par vous même à quel point je patauge dans le marasme littéraire, je me noie dans la gadoue sur feuille)
« Ces vertes pelouses qui s’étendent à perte de vue sont bien telles qu’elle voyait sa vie à partir d’aujourd’hui : propre, ordonnée, spacieuse, luxueuse et surtout, pomponnée. »
« Je suis née dans la violence. »
« It was by far the very best fuck she ever had. Ever.
C’était la plus belle baise de sa vie. Et de loin. »
(Il paraît que le porno soft a le vent dans la culotte, sachons surfer sur la vague…)
À ma décharge, il faut dire qu’à l’âge où Amélie Nothomb accumulait le manuscrit dans le tiroir, je bafouillais une bluette à deux mains avec ma sœur, au sujet d’une pilote de course en chaleur. C’était aussi, précisons le, écrit à l’âge du pic hormonal.
Et si on peut s’étonner avec le recul de son caractère prémonitoire – l’héroïne pilote de F1 s’appelait Clio, en référence à la muse, avant la sortie d’une voiture d’une même nom et le héros, qui s’appelait presque comme mon mari et lui ressemblait trait pour trait, conduisait la même voiture que celle qu’il aurait par la suite quand je l’ai rencontré – on ne peut très honnêtement y trouver quoi que ce soit de littéraire.
Même en cherchant soigneusement sous le capot.
Dans mon atelier d’écriture, mes consœurs ont le sens du dialogue qui percute et de la description qui crée une atmosphère.
Sous leurs plumes, une grand mère qui sert la soupe à table vous fait sentir au passage le grain du bois et vous donne une furieuse et urgente envie de mouliné de légumes.
Sous mon Bic (c), c’est à peu près aussi alléchant qu’un bulletin d’informations, celui qu’on passe en boucle sous le présentateur :
« 12:12 Aujourd’hui, la grand-mère a servi la soupe sur une table. Ne manquez pas les commentaires de la table dans le flash de 13:00. »
En plus, la trame de mon histoire – que je trouve encore plus plate que les deux nouveaux pays de Monsieur Depardieu, celui des mornes plaines et celui des vastes steppes -, m’a été soufflée pendant que je dormais et je n’ai donc pu m’en souvenir que dans la mesure où j’ai eu le réflexe de me réveiller pour la noter.
Idem pour le premier début de mon histoire, celui qui commence par une somptueuse description de pelouse.
Apparemment, quand je ne dors pas, je suis beaucoup moins productive…
Je n’avais encore jamais entendu parler d’un auteur qui se met en cure de sommeil pour assurer une échéance. Et il fallait bien compter sur moi pour trouver une justification à la flemme.
« Chéri, je vais faire la sieste, c’est pour le boulot. »
Mais bon, il y a quinze jours, un bref texte écrit sur place dans le cadre d’un exercice chronométré a paru plaire à mon groupe d’écriture. Et je vous le mettrai donc dès demain, après une bonne nuit de sommeil sans interruptions pour cause d’inspiration.
C’est un texte sur le trip-tease.
Pour le roman, c’est pas demain la veille, parce que, vous l’aurez compris, je nage en plein potage.