Certes, quand je vois mon grand nounours de mari disparaître derrière un gros bouquet de tournesols ou de roses rouges, je suis comme tout le monde, j’ai mon petit cœur tout rose qui fait des bonds de grenouille.
Mon mec a pensé à moi, a pris du temps sur celui qu’il consacre aux pots et aux potes (et il lui en reste peu, il faut être honnête, depuis qu’il a une famille) et a consacré une partie de son budget binouze pour m’offrir des jolies petites choses inutiles qui sentent bon.
Un pur bon geste. Normalement gratuit et sans pensée à long terme. Soyons généreuse.
Il faut dire que mon chéri, ce n’est pas mon père, lui qui offrait des glaïeuls à chaque fois qu’il s’était égaré un tout petit peu hors du lit conjugal. Et qu’il sait que je n’appartiens pas aux générations antérieures de ces femmes, forgées pour endurer dans la dignité et la larme discrète.
Aujourd’hui, on sait toutes que la possession d’un simple sécateur, pour rester dans le floral et le bucolique, c’est tout de même assez efficace.
L’humanité évolue et la femme court devant (minute revancharde et féministe, c’est normal, j’ai mes règles).
Bref, quand mon grand nounours arrive un bouquet sous le bras, sur le coup, je fonds de tendresse et de bonheur conjugal. Une flaque, un archétype.
Mais je déchante vite.
Déjà, il faut leur trouver un vase à ces fleurs. Et l’alternative de la bouteille d’eau, coupée à la bonne hauteur, ne suffit pas toujours. Il faut parfois essayer de donner dans l’élégance.
Et puis ensuite, dans cette eau, il paraît qu’il faut mettre de l’aspirine. La migraine commence…
Mais surtout, au bout de quelques jours ou de plus d’une semaine, en fonction de l’honnêteté du fleuriste, le joli machin qui sentait la rose au sens propre, commence à sentir la viande pourrie au sens non figuré.
Et il faut agir rapidement pour que votre intérieur tout frais ne prenne pas rapidement les allures du logis de la famille Addams.
Plus la fleur est grande (comme pour le tournesol), et plus le contenant est pesant (on m’a offert un très beau vase à l’occasion de mon mariage), plus la tâche est désagréable. Je viens d’en mettre partout dans la cuisine.
Et si je voulais donner une allure militante à ce qui n’est en réalité qu’un coup de gueule égoïste, je dirais qu’on pourrait quand même cultiver plus utile que des tulipes. Mettons donc la Hollande à la culture du chou-fleur ou du colza.
Et pour me faire plaisir, offrez moi du fromage.
Va pour le gouda.