Je viens de me rendre compte, en clôturant la série sur notre séjour en Patagonie du Sud, que j’ai à peine parlé de l’avion.
Voilà qui ne me ressemble pas !
Je suis pourtant définitivement convaincue que prendre une compagnie aérienne argentine vaut le détour question frissons.
Déjà, dans cette compagnie (sous son appellation Austral), la majorité de leurs avions McDonnell Douglas (les plus anciens, j’en conviens, mais aussi les plus nombreux) n’ont que trois masques à oxygène dans les rangées de trois sièges. C’est à priori logique, vous allez me dire, mais cela nous oblige à nous séparer, puisque nous avons un bébé sur les genoux. Sans compter que l’hypothèse d’avoir besoin d’un masque à oxygène n’est pas la plus agréable qui soit et que l’insistance des hôtesses sur leur probable usage génère en général en moi un très léger mais néanmoins très systématique pic de stress…
Léger pic de stress également dans le McDonnell Douglas plus récent que nous avons pris entre Calafate et Ushuaïa (je vous en mets la photo, il est très beau et je ne suis pas rancunière) quand l’hôtesse est venue bienveillamment nous apporter un gilet de sauvetage taille bébé. Toujours au cas où, bien évidemment. Mais dans ce cas là, pourquoi est-ce la seule fois où on m’en apporté un alors que le bébé a déjà un an et une huitaine de vols au compteur dont deux transatlantiques ?
D’une façon générale, ce que j’aimerais apprendre à apprécier à sa juste valeur dans un avion argentin, c’est la franchise du mouvement. Je ne doute pas une seconde que les pilotes Argentins soient d’excellents pilotes, c’est juste que je leur reproche un léger manque de nuances.
Ici, quand on décolle, on décolle. On ne va pas commencer à donner dans le subtil, ou autres vitesse de démarrage (V1 pour les initiés ou les trouillards comme moi qui ont fait le stage Airfrance) puis vitesse à angle moins raide (ou V2), comme le font les pilotes Français. C’est possible que ces vitesses soient respectées, ceci dit, je ne voudrais pas calomnier. Mais je ne sens pas la différence. Et mon stage Airfrance impliquait un certain nombre d’heures sur simulateur.
De la même façon, dans un avion d’ici, quand on tourne, on tourne. Et pas autour du pot. Un décollage ou un atterrissage sur l’aile c’est toujours bon pour tonifier le cœur des passagers et ça permet de pas se rouiller les réflexes. On ne sait jamais, dans le film Airport 80 Concorde avec Alain Delon, le pilote a dû éviter un missile, tout est donc possible.
Je sais, je sais, vu mon amour de tout ce qui est aéroporté, je ferais mieux de regarder Titanic, je prendrais moins de risque avec ma tachycardie. Mais encore faut-il être sûr de pouvoir supporter la bande son…
Mais pour rentrer un peu plus dans les détails, je dois dire que j’ai tout particulièrement apprécié le voyage Calafate-Ushuaia. Le fameux vol au gilet de sauvetage enfants.
Déjà, quand la passagère de l’autre côté a fait le signe de croix, j’ai commencé à me poser des questions.
Je n’aurais pas dû : elle connaissait visiblement le plan de vol.
Et surtout le fameux atterrissage sur l’aile, avant la descente sur la mer et la piste au bord de l’eau.
Je vous mets là, pour l’idée, un lien vers un atterrissage du même genre mais notre avion a viré encore plus fortement sur l’aile (et ce n’est pas mon imagination puisque mon mec le confirme).
Tout compte fait, et avec le recul, je comprends pourquoi on m’a donné une bouée bébé au départ du zinc…
Bref, quand mon mari a vu le pilote à la sortie de la cabine de pilotage, il a eu peur que je lui mette littéralement sur la gueule.
Mais je sais me tenir et je me suis contentée de lui dire dans sa langue natale : "Impressionnant, ton atterrissage".
Et il m’a répondu "Merci !" avant d’être pris d’un doute de dernière minute, de se tourner vers mon mari et de s’enquérir d’un "Euh, en bien ou en mal ?".
Pas rancunière, j’ai quand même pris une photo de l’avion. Dans la semi obscurité de la tombée du soir, je me suis sentie sentimentale. Et surtout diantrement contente d’être sortie du truc sans avoir mordu personne !
Mais dans le vol du retour, Ushuaïa-Buenos-Aires, j’aurais bien croqué dans une hôtesse ou un pilote…
Un vrai vol fantôme !
Aucune annonce au décollage et après quarante minutes de silence radio, alors que nous sommes visiblement au dessus des nuages (très joli reflet de la lune dans les nuages, je sais apprécier les bonnes choses même à bord d’un zinc), je vais voir une hôtesse. Et la dérange alors qu’elle feuilletait tranquillement son magazine.
Je la dérangerai encore un peu plus tard pour lui demander s’il y a des tables à langer, alors qu’elle mangeait son plateau repas.
A peu près au même moment, je sens une odeur de fumée. Ce qui n’est jamais rassurant quand notre espérance de vie dépend de deux moteurs. Mon mec qui sent la même odeur que moi, qui n’a aucun problème de stress et dont l’imagination ne saurait donc s’emballer suite à un léger début d’hystérie, s’enquiert auprès d’une hôtesse. Qui lui répond qu’elle va se renseigner, ne fait même pas mine de regarder dans le lot des passagers, se dirige vers l’avant et ne revient plus.
Mon mari en déduit alors que c’est le pilote qui fumait. Et il me dit que, n’eût été le respect que dix années de vie commune lui auront appris à porter à mes nerfs, il aurait joué le rôle du passager pris de panique qui hurle qu’il sent de la fumée et qu’on va tous tomber.
Histoire de donner une bonne leçon au pilote qui s’en grille une en douce, pénard en première classe…
Franchement, ce n’aurait été que justice que pour une fois, ce soit le passager qui fasse peur au pilote !
Mais comme je préfère finir sur une touche souriante, je vous mets en conclusion un dernier petit lien sur la prestation d’une très sympathique hôtesse toulousaine. La preuve en image qu’il y a aussi du personnel navigant qui sait faire rire.
Sans rancune et à la prochaine !