l’empathie se fait rare, à mesure qu’on grimpe

« Je vous le dis encore, il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. »
Matthieu 19:24

Et quand j’ai lue cette phrase, petite, fervente chrétienne, je l’ai trouvée profondément injuste. Comment Dieu pouvait-il condamner, semblait-il par avance, ceux qui avaient de l’argent ?
Il faut dire aussi que j’étais née avec une cuillère en argent dans la bouche, avec un « papa » gynécologue et fondateur de clinique et que je me sentais visée.
Or, en interrogeant ma conscience, j’y voyais pas mal d’orgueil, que j’allais régulièrement confesser, et qui a été pas mal piétiné par son lot d’épreuves riches en leçons sur l’humilité, mais je n’y voyais rien qui justifiât qu’on voulût m’envoyer visiter des climats post-mortem plus « chaleureux ».

Mais mon excellente éducation familiale, qui a pris soin de m’ouvrir les yeux à coups de boutoirs dans ma gentille gueule, a fini par me permettre d’affronter la dure réalité du monde ambiant et je comprends mieux…

S’il est difficile au riche d’entrer dans le royaume de Dieu, ça n’est pas parce qu’il a de l’argent, c’est parce que dans nos fiefs terrestres, il y a fort peu de personnes qui soient à la foi nanties en pognon et en bonnes intentions.

Et plus l’on grimpe les échelons, plus l’air pur de la générosité, de la compassion et de la bonté se fait rare.

Et pourquoi cela ?
Déjà parce que pour avoir une chance de gagner aux échecs, il faut savoir comment bougent les pièces.
Et que les empathes n’ont pas tous eu, comme moi, la chance d’avoir un parent psychopathe.

Non pas que ce parent psychopathe m’ait généreusement enseigné tout ce qu’il savait sur les vicissitudes du monde afin de m’en épargner le pire.
Mais que la volonté acharnée de ce parent, mise à me mentir et à me manipuler ou à me détruire dès que je résistais, m’a offert l’occasion de voir les rouages de la machine de près.
Si je voulais survivre, et mon orgueil a eu là cet avantage de ne pas accepter la défaite, je devais comprendre.
Ça s’est joué à un cheveu, notez bien, et je crois avec le recul, que je ne suis pas passée loin de la camisole ou de l’enterrement de première classe, mais j’y suis tout de même laborieusement arrivée.
Et j’en ai beaucoup beaucoup appris.

Ce qui n’est pas le cas d’une majorité de mes confrère empathes.
Quand aborder le monde avec les yeux humides d’un Bambi, des réflexes de boy-scout et la conviction que là où il y a un être humain, il y a une main secourable, vous envoie trop souvent direct à la case pâté de venaison.

Aussi, un sociopathe ou un psychopathe on l’avantage, pour réussir dans le monde d’avoir un égo surdimensionné qui les maintient dans la certitude de leur propre importance et dans l’assurance qu’ils sont le héros de l’Histoire de l’humanité.
Rien de grave ne peut leur arriver, tout va s’arranger.

C’est assez pratique pour oser se lancer.
Mais parfois, et on le voit avec des influenceurs qui ne compensent pas cet égo avec suffisamment de matière grise, ça peut aussi faire plic : un train ne va pas s’arrêter pour leur photo, un crocodile ne va pas nécessairement cracher sur un petit snack inattendu.

L’égo a justement été appelé à la rescousse pour pallier à la peur. Et affronter le monde moderne sans peur, si ce n’est sans reproches, est malheureusement le plus sûr moyen d’y réussir.
Sinon, il y faut trois tonnes de courage et une bonne dose de foi.

Et quand un égo surdimensionné allié à une quasi absence de peur ne suffit pas, notre ami narcissique a un autre atout de taille : la rage.
La rage, c’est son carburant de fusée qui crame tout au passage. Et qui lui permet d’avancer.
C’est un carburant toxique qui détruit aussi pas mal l’intérieur de la mécanique et risque de la faire exploser mais qui, bien géré et avec suffisamment de recharges extérieures en énergie d’empathie ou d’admiration, est un fuel puissant qui rend le sociopathe presque inarrêtable.
La rage donne aussi des forces physiques insoupçonnées.

Et on est là dans le film d’horreur où il faut s’y prendre à vingt fois avant de terrasser le vilain.
On est aussi dans la réalité des derniers instants de Raspoutine, empoisonné, flingué et noyé sous les yeux d’un prince Ioussoupov de plus en plus affolé ou dans l’actualité des USA où le corps drogué et malade de leur président continue à avancer en dépit de tous les pronostics les moins optimistes.
De moins en moins bien, certes, mais suffisamment pour détruire tout un pays.

Et il ne faut pas chercher plus loin pour expliquer la légende du vampire et comprendre que face à une rage et une volonté aussi épiques, il vaut mieux s’assurer que le cher défunt reste où il a été mis avec la collaboration d’un pieu dans le cœur.

Enfin, comme si tout cela n’y suffisait pas, il reste un troisième facteur qui tend à maintenir l’empathie loin des sommets : les puissants forment un club de psychopathes, utilisant des contre-maîtres sociopathes et ils n’ont pas l’intention d’y accepter des empathes, s’ils peuvent l’éviter.

Et, pour avoir développé mon propre radar à freaks au fur et à mesure de mon « éducation » et de mes rencontres, je peux vous garantir que les parasites se repèrent entre eux.

Or, ces nuisibles, dépendants de notre énergie, nous méprisent.
Déjà parce que c’est la seule façon inconsciente de justifier leur dépendance et leur comportement parasitaire : de se croire des prédateurs, des vampires sexy. Par voie de conséquence, ils nous reluquent comme des proies et pensent que l’empathie nous rend faibles. Nos sentiments seraient notre faille.
Il n’y a qu’à voir le choc d’Elon Musk, face à la résistance d’une gauche américaine qui semble se réveiller enfin. Comment, comment ?
Mais vous êtes sensés être gentils !
Vite vite, quelques apparitions à la télévision devraient réveiller une empathie défaillante…

Sauf que les empathes, et c’est aussi pour ça qu’ils sont maintenus hors du pouvoir, sont imprévisibles : ils ont des principes, ils aiment, ils sont capables de mourir pour une cause juste.
Cette réalité, c’est la vraie force du bien, et elle est, encore et encore sous-estimée par ces hyènes qui se prennent pour des lions et nous confondent avec des moutons.
Un empathe, au bout de sa patience et de sa tolérance, le nez dans ce mur de l’évidence, va finir se battre contre le mal.
On ne transige pas avec les terroristes. On sait, in fine, qu’on ne gagne pas la guerre contre les nazis en leur envoyant des boîtes de chocolat.
Les USA se sont enfin réveillés au fait qu’il y a en réalité une ligne ferme entre le bien et le mal et un bon nombre des citoyens de ce pays a déjà arrêté de vouloir être tondu. Ou de planer dans les stratosphères d’un détachement de bon aloi en laissant du même coup le terrain aux méchants (le « when they go low we go high » de Michelle Obama a fait énormément de mal…).

Les sociopathes nous méprisent, nous savent imprédictibles, capables de refuser la corruption et des ordres iniques ou imbéciles alors qu’ils voient en notre capacité d’aimer une immense source de dévouement qui ne demanderait qu’à être exploitée.
Pour nous donc, les rôles de service, les emplois en bas de l’échelle et les serpillières. À eux, les responsabilités d’un berger qui ne songe qu’à nous tondre.
Un monde parfait où chacun serait à sa place en fonction de ses aptitudes.

Car pour être un leader, il faut savoir prendre les décisions difficiles, celles qui sacrifient son prochain au nom du « bien » commun, n’est ce pas ?
Je ne suis pas d’accord.
Et je pense au contraire que notre monde s’est fait en dépit de tous ces connards.

Parce que la mauvaise foi, la mauvaise volonté et l’instinct de nuire des sociopathes continuent, encore et encore, à gripper les rouages.
Et si, par malheur, ces nuisibles deviennent trop nombreux aux postes de commande, délogeant, à force de haine et de rage, leur collègues psychopathes plus fournis en neurones, ils peuvent même couler tout un pays.
Ça été le cas pour une tripotée de civilisations et on est tous les témoins, aujourd’hui, du combat États-unien pour sa survie.

Aussi, la volonté de puissance du psychopathe va faire qu’il voudra garder le pouvoir pour lui et sa descendance. Et que sa descendance a de très fortes chances d’être de plus en plus dégénérée et de nous envoyer droit vers le destin de Krypton.

Surtout, parce que le meilleur de l’humanité, sa grandeur et sa force, c’est sa solidarité.
C’est sa bonne volonté pour résoudre les problèmes.
C’est sa capacité à apprendre de ses erreurs.
C’est son cœur, c’est sa compassion, c’est sa passion, son envie d’inventer pour le bien commun ou de créer pour la beauté du monde.

Et cela, même avec toute l’intelligence du monde, un psychopathe en est incapable.

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