Haut les cœurs !

Haut les cœurs, le temps est tellement pourri depuis des mois que j’en viens à oublier à quoi ressemble le soleil.
Est-ce que c’est moi, ou est ce qu’il faisait déjà aussi mauvais avant que je ne rentre d’Argentine où je prenais ma dose de vitamine D comme un acquis?
J’ai fait un sondage autour de moi et les avis divergent.

En ce qui me concerne, je ne peux m’empêcher de songer aux prédictions quasi apocalyptiques que j’avais entendues à une conférence écologique organisée autour de monsieur Nicolas Hulot il y a à peu près quinze ans. Les météorologues présents prévoyaient alors de fréquentes rafales de vent comme premiers symptômes de catastrophes dont ma mémoire n’a heureusement rien retenu (en bonne trouillarde qui se respecte, j’ai l’amnésie pratique).
Ce qu’ils n’avaient pas précisé à l’époque, c’est que le vent pousserait les nuages blancs pour vous plomber avec des nuages gris. On en viendrait presque à souhaiter certaines fois qu’un Dieu vengeur brandisse carrément et clairement le trident de la foudre plutôt que de nous étouffer à petit feu sous la mélasse.

En attendant, ma fille apprend des poèmes de circonstance sur un escargot épanoui et mon fils, quand il se réveille de sa sieste, me demande « où il est le soleil ? ». À croire que cet imbécile là (je parle du soleil, bien évidemment) n’est encore bon que pour faire fondre la banquise.

Rio de Janeiro sous la pluie.

Et une photo de Rio de Janeiro sous la pluie pour se consoler un brin.

En tout cas, pour pallier au manque de lumière, chez nous on :
– écoute la musique du dessin animé Rio en boucle. I’m a Samba master !
– achete des tonnes de lampes. On ne les allume pas toutes en même temps, rapport à la facture d’électricité et au respect écologique mais on sait qu’elles sont là.
– allume des bougies. Accessoirement, ça réchauffe.
– fait flamber la bouffe : et c’est parti pour les crêpes flambées, les bananes flambées ou l’omelette norvégienne. Dans ce dernier cas, le souci, c’est que ce dessert version Picard est visiblement prévu pour six. Et qu’une fois qu’on la grillé à la Cachaça, il faut bien le finir… c’est hyper sucré ! Cet hiver, à défaut d’autres accomplissements, je vais au moins réussir à engraisser.
– enflamme les cocktails.
La Cucaracha (4 cl de tequila 2 cl de kalhua) : ajoutez la mesure de liqueur de café dans le verre puis la tequila doucement. Chauffez la tequila avec un briquet jusqu’à ce que l’alcool flambe. Attendre 30 secondes, planter une paille au fond du verre et boire d’un trait rapidement sinon la paille fond.
Et le mythique B 52 (3 cl de grand marnier, 3cl de baileys, 3 cl de kalhua) : verser doucement à l’aide du dos d’une cuillère les ingrédients en commençant par le kalhua, suivi du bailey’s et enfin le grand marnier, afin de les superposer sur 3 couches distinctes. Faire en sorte que le grand marnier soit à ras du bord afin de le faire flamber librement. Laissez flamber 1 minute, plantez votre paille et aspirez tout le contenu d’un trait. Recettes prises ici.
Recommencer l’opération jusqu’à ce que, sous vos yeux éblouis, les bougies deviennent des soleils.

Haut les cœurs ! Après des heures de boulot sur mon futur best-seller, je viens de penser qu’il ressemble curieusement à du Mary Higgins Clark. Ce qui ne serait rien si j’en avais aussi le talent, celui de ses débuts.
Mais baste ! Tout a déjà été écrit, à ce qu’il paraît, et au pire, je pourrai toujours en faire une bénéfique flambée une fois sorti sur mon imprimante.
En plus, si j’en crois le génialissime « Bird by bird », un livre de Anne Lamott qui donne des conseils aux aspirants auteurs, c’est parfaitement normal que j’aie une petite voix qui me marmonne des « c’est décidément pathétique, on n’a sans doute jamais rien écrit d’aussi mauvais depuis l’invention de l’alphabet » : presque tous ceux qui écrivent auraient la même.
Au moins, en relisant mon synopsis sur ce livre qui parle essentiellement d’un psychopathe (et que je trouve aussi complètement affligeant question intrigue, soyons claire), une phrase m’aura presque fait marrer :
« Sa tante l’obligeait à manger des pamplemousses au sucre, alors qu’il détestait les pamplemousses au sucre. Bref, une salope qui l’avait pas volé : il l’a poussée dans l’escalier. Elle en a réchappé mais a compris la leçon et est partie vivre dans le sud de la France. »
En voilà au moins une qui aura peut-être une chance de croiser cette grosse boule jaune et lumineuse qui ressemble justement à un pamplemousse et que, de mémoire, on appelle le soleil.

Haut les cœurs !

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