Mon premier conseil, c’est la fuite. Il n’y a rien à gagner, jamais, dans une relation toxique.
Et aucune chance de changer un manipulateur.
Il faut en faire son deuil.
Si le manipulateur a une chance infime de changer, ce dont je doute fortement – mais que je ne saurais renier à un frère humain, sachons rester chrétienne -, il ne la trouvera que seul.
Si tu continues à lui donner une poire pour la soif, il n’a aucune motivation à faire l’effort : il te verra effectivement comme une poire et il aura toujours soif.
Si le manipulateur est un conjoint, un patron ou un collègue, se casser est donc encore la meilleure des défenses.
Mais il y a des cas où c’est presque impossible. Quand le manipulateur est un parent, par exemple. Ou un enfant, car le choix de la manipulation peut se faire très tôt.
Alors là, je vais te donner un deuxième conseil assez différent de ce que j’ai entendu par ailleurs.
Assez différent de ce que dit Michelle Obama, par exemple, lorsqu’elle dit « when they go low, we go higher. » Quand ils s’abaissent, montons plus haut.
Pour avoir le luxe de faire ça, il faut avoir les moyens d’une tour d’ivoire, de préférence gardée par les services secrets.
Voler sur un nuage ne résout pas le problème de la toxicité qui te vise : le manipulateur apprécie le tir au canard. A moins d’être capable de voler hors de portée de carabine, ce qui revient à mon premier point, on donne juste au manipulateur l’excitation de la chasse.
Chamberlain et Daladier ont donné du temps et de l’espace à Hitler : il en a profité pour défoncer la Pologne. Un manipulateur ne sait pas s’autolimiter. Donne lui un doigt et il va te bouffer en entier.
Tout le terrain que tu lui laisses, il va le conquérir.
Il ne sortira jamais d’une logique de pouvoir et de domination.
Je n’aime pas la guerre et je suis pacifique. Quand je le peux, je dégage le terrain et je vais planter mes fleurs.
Mais quand je n’ai pas le choix, dès qu’un manipulateur commence à me chercher, me visant de ses tirs d’obus passifs-agressifs qui précèdent en général le déploiement des chars de l’agression directe, je n’attends plus, je vise direct la jugulaire.
Je range mon empathie au placard, je ne vais de toute façon même pas essayer de l’utiliser avec une personne dénuée de cœur, autant donner des perles au proverbial cochon.
Et je fonce direct dans la boue, dont le manipulateur ne sait pas sortir. Et je cogne où je sais que l’égo est le plus sensible.
J’utilise tout ce que je sais, et j’en sais un rayon, contre lui.
Si tu te bats, tu ne gagneras pas forcément cette bataille. Mais tu pourras éviter ainsi la prochaine.
Car le manipulateur, le bully, préfère les proies faciles.
Ce conseil ne s’applique pas, bien sûr, au manipulateur qui serait masochiste. Il y en a…
Ni à celui qui est accro à l’attention plus que tout, qui préfère la bataille permanente au silence.
Juste pour nous maintenir au bout du fil… Quitte à passer pour un imbécile qui ne comprend rien, si c’est là l’ultime façon de résister devant une solution.
J’en ai un comme cela parmi mes proches : c’est juste insupportable. On en vient à gadouiller constamment dans un marécage qui évolue au jour le jour, sans aucune carte du terrain : « Oui, non, peut-être, oui, lol, jamais… »
L’impression d’essayer de tenir une savonnette.
Et si tu dois résoudre un problème avec ce type de profil, en l’absence de moyen de pression (perdre son emploi, pistolet sur la tempe…) le problème ne sera juste jamais résolu. Et tes nerfs vont y passer un par un.
Il faudra donc en faire son deuil et partir sur la solution un : se casser. Et essayer de trouver une solution qui n’implique surtout pas de communiquer avec l’andouille. Sinon, admettre qu’elle n’existe pas.
Mon troisième conseil, c’est de ne pas montrer ses vraies émotions.
Si tu veux la paix, prépare la guerre, dit le proverbe.
Mais il est tout aussi important que tu le fasses savoir, justement, que tu es prêt.
Et ça peut déjà se voir sur ton visage ou dans ton attitude.
Les émotions des autres, c’est sa boussole à lui. Et il est très doué pour les repérer.
Il va viser la personne empathique un peu fragile, avec des fêlures, un passé parfois lourd, un manque de confiance parfois lié au fait que cette personne a justement eu une famille narcissique qui l’a constamment dévalorisée. Et il va en entreprendre le siège.
Comme me l’a confié un narcissique de talent qui s’est cassé les dents sur mes défenses : « il n’y a pas de forteresse imprenable, il n’y a que des assauts mal conduits ». La traque de la proie difficile l’excite.
Il ne vaut mieux ne pas commencer à envoyer les signaux émotionnels qui l’attirent.
Ensuite, quand tu es déjà sur son radar, le narcissique va, un jour ou l’autre, te pousser aux émotions fortes.
En premier parce qu’il s’en nourrit.
En deuxième parce que tes émotions visibles, c’est autant de preuves que lui, le narcissique ;
– a affaire à une hystérique
– est harcelé par un taré
…
– est la victime de la situation
Quoi qu’il arrive, montre le moins possible et compile les faits, les écrits et les témoins.
Aussi, ne te laisse pas engluer dans la défense.
Tu n’as rien à justifier vis à vis de lui. Ni à lui expliquer. De toute façon il sait déjà que tu as raison mais ne l’avouera pas ou il s’en fout éperdument. Ou tu as tort par avance puisqu’il a tous les droits.
Si tu te justifies, il prendra ça pour de la faiblesse. Et tu redeviens une proie facile…
Enfin, ta meilleure arme, c’est la lumière.
La lumière de la vérité pour commencer.
Car si tu restes calme, même quand il te faut te battre, le manipulateur va finir par se dévoiler. Ou les preuves vont finir par s’accumuler.
La vérité, c’est têtu, ça ne se laisse pas enfermer pour toujours.
Et après la vérité, vient en général la justice. C’est ce qu’il faut espérer.
Et la lumière, c’est aussi celle de la joie.
Et ta joie, c’est aussi sa rage à lui, qui va finir par se voir…
Sois heureux, c’est ta meilleure vengeance. Le bonheur, il ne connaît pas. Et il t’envie déjà pour ça.
Sois heureux, construis ta vie, au plus loin possible des cons et du bruit.
Rends ta vie passionnante pour ne pas dépendre de son charme artificiel.