(dédié à mon cher et tendre, qui a des tendances tyranniques de gauche)
La nature humaine est complexe.
Et tant que la science psychologique actuelle ne prendra en compte que la partie émergée de l’iceberg des personnes narcissiques, celles qui n’arrivent pas bien à cacher leur nature, c’est à dire les mauvais acteurs, on ne sera pas collectivement en mesure d’assumer ce simple fait : on ne peut pas parler à des personnes empathiques, les éduquer ou en général les motiver de la même façon qu’on le fait pour des personnes ou des enfants narcissiques.
C’est mon humble avis, de toute façon, et mon expérience personnelle qu’une immense majorité des professionnels de la psychologie est narcissique.
Ce qui serait éminemment logique : des professions dont le statut donne une aura immédiate de supériorité et l’accès illimité à des personnes en situation de fragilité attirent les sociopathes comme le cheveu attire le pou.
Il y a naturellement, dans le lot, quelques vocations d’empathes qui souhaitent faire le bien mais il faut l’avoir chevillée au corps face à tant de détresse…
Mais le psy narcissique n’a ni l’intérêt ni sûrement l’envie que l’on identifie ses congénères ou qu’on le calcule, lui, et toute la motivation nécessaire pour nous faire croire que le narcissisme est un épiphénomène limité aux cas pathologiques.
Bref.
Quelle que soit la proportion d’empathie, ou non, dans une population, il y a une chose qui s’est révélée indéniable à travers les siècles et notre Histoire commune : on ne peut pas forcer les humains à faire le bien.
On peut, par l’autorité, et la présence substantielle de la police, obliger les humains, dans leur immense majorité, à NE PAS commettre le mal.
Ce qui est déjà pas mal.
Mais on ne peut pas leur imposer de faire le bien.
C’est cette limite-là qui a transformé inéluctablement chaque utopie en dystopie.
L’utopie communiste, par exemple, qui impliquait de tout partager et d’être heureux avec son lopin possédé par l’État… Même imposée à coup de millions de morts et d’asiles psychiatriques, on en revient.
Et donc, quand je vois la façon actuelle de vouloir nous faire agir pour la planète, je ne m’étonne pas qu’une bonne proportion de gens préfère rejeter tout en bloc, et ce, jusqu’à la moindre notion de réchauffement climatique GLOBAL.
Global, c’est à dire, ami complotiste, que s’il neige plus que d’habitude dans ton patio, c’est que la banquise te fond littéralement sur la gueule, et que ça n’est GLOBALEMENT pas si bien que ça.
Mais actuellement, pour nous convaincre d’agir pour la planète, pour commencer, on nous terrorise.
A la manière du gus apocalyptique moyen de l’an mil qui nous demandait de nous rependre de nos fautes.
À ce que je sache, ce genre de discours n’a jamais aidé personne à agir sereinement pour le bien et a tendance à jeter tout un chacun sur l’une des deux voies suivantes : le désespoir, l’inertie, voire le suicide, car si tout est foutu, logiquement, c’est qu’il n’y a plus d’espoir.
La variante moyenâgeuse étant donc de se jeter sur les genoux pour exhorter les dieux à la clémence.
L’autre voie est celle de la rébellion, le rejet en bloc du discours et une autre potentielle inertie, celle-là teintée généralement et libéralement d’hédonisme.
On peut avoir aussi un mix entre les deux, avec une personne désespérée qui se lancerait dans la recherche effrénée du plaisir.
Mais dans aucun des cas, la personne ciblée ne va se mettre à recycler…
Car la terreur, à moins qu’elle ne soit à conséquence immédiate et avec une solution simple (le bateau coule, je fonce vers les canots) n’a jamais enclenché d’actions de groupe positive.
Et encore, même dans le cas du bateau, si l’on peut constater un mouvement de foule, on ne saurait parler « d’action de groupe » quand il est plutôt question de chacun pour soi et de la mer contre tous. Et ça n’est pas forcément positif que de piétiner son voisin pour arriver plus vite….
C’est la force de l’espoir qui peut nous donner la motivation de faire le bien.
Que fait également la propagande climatique pour nous inciter à prendre la menace planétaire au sérieux ?
Elle nous culpabilise afin de nous mettre, à nous individus lambda dont le pouvoir est d’être les plus nombreux, la charge du changement.
La majorité des gens a déjà énormément de mal à gérer un emploi du temps qui implique de gagner sa vie ET d’élever les enfants ou son partenaire ET la logistique du ménage – quand ce n’est la logistique tout court, pour qui habite loin de son travail – mais il leur reviendrait de faire cet effort supplémentaire.
Et s’il est heureux de constater que même Marie Kondo, confrontée au rangement ET aux enfants, sent ses convictions s’effriter, il est bon de rappeler au passage que son travail est justement de ranger, ce qui fusionne gentiment deux contraintes, et que ses moyens sont assez suffisamment nettement supérieurs à la moyenne pour compter sur des aides domestiques…
Pendant ce temps, les entreprises sont conscientes que leurs clients – qui sont aussi leurs employés exploités au maximum de leurs possibilités légales -, flirtent en permanence avec le burn-out. Et, pour faire plus de bénéfices, nous vendent tout ce qu’ils peuvent en jetable, cassable et enrobé de plastique.
Aller faire réparer un truc prend du temps. Laver une pomme non emballée, aussi.
Et les personnes aisées qui ont, elles, le temps, l’argent et le pouvoir pour faire le maximum d’efforts et nous montrer l’exemple au passage, nous prouvent au contraire, à longueur de vols en jets, qu’elles n’en n’ont strictement rien à carrer.
Après elles, le déluge, leur bunker est imperméable.
On comprend, là aussi, qu’un certaine nombre de personnes, confrontées à une telle légèreté, en viennent à douter du danger…
Elles oublient que l’orchestre du Titanic a joué jusqu’au bout.
Alors, me demanderez-vous, l’œil humide de curiosité, alors ?
Si l’on ne peut ni effrayer ni surcharger son prochain, que peut-on faire pour aider l’humanité à changer en douceur ?
Et bien ce n’est pas compliqué.
Il faut juste faire tout l’inverse.
La Terre n’est pas foutue, aucune météorite n’est en vue, et tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir.
Certes, notre planète a pas mal morflé.
Mais l’humanité est capable du pire et du meilleur et en général, elle ne se résout au meilleur qu’après avoir tout essayé du pire.
Ce qui veut dire que…
Le meilleur est potentiellement devant nous.
Sortons nos têtes collectivement du trou, le soleil brille et il y a des solutions.
Et il y en aura d’autres, qui n’ont pas encore été trouvées.
Les entreprises qui ont le plus de pouvoir sont aussi celles qui sont le plus à même de présenter les solutions et de nous encourager positivement à les utiliser.
Il faut juste qu’elles soient motivées par le pognon pour le faire : et au fur et à mesure que les opinions publiques changent, elles le seront.
Il faut aussi que faire bien soit plus simple, ou à peine plus compliqué que mal faire. Ou que la différence soit compensée monétairement.
Et que le meilleur produit pour la planète soit aussi le meilleur produit pour chacun d’entre nous.
Il faut nous ventre des produits sans plastique qui soient moins chers que ceux qui en ont.
Des aliments végétariens sans additifs ni trop de sel qui soient meilleurs pour notre santé. Des substituts à la viande moins chers…
Car si l’empathe que je suis, qui pleurait à chaque fois qu’elle voyait passer un transport de porc, n’a pas pu se résoudre à arrêter de manger sa choucroute en pensant seulement au bien-être animal, c’est clair que la culpabilité n’aboutit pas à grand chose. sur le long terme.
Car lorsqu’on est pris entre le meilleur choix pour la planète à long terme, et le meilleur choix pour notre porte monnaie ou notre niveau de stress et de fatigue tout de suite, comment nous reprocher nos priorités ?
Ce sont les entreprises qui doivent changer leurs offres.
Et pour cela, les lois doivent intervenir, encourager et punir.
Notre responsabilité est dans notre bulletin de vote.
Et notre pouvoir dans l’achat.
Bien sûr, cela ne ferait pas de mal si les influenceurs et les célébrités montraient l’exemple.
Mais quand il y a de millions de gens à trouver plus sexy de prendre un jet que de rester coincé dans un aéroport, comment reprocher à ceux qu le peuvent de voler en privé ?
Comme le disait ma fille, il faut peut-être juste leur rappeler le bonheur qu’il y a à couper les files en aéroport et à être traité en pacha, tout en regardant la foule de ploucs agglutinés derrière un guichet. Prévoir en aéroport un chemin qui permet de voir les foules sans en être vus…
Aussi, les compagnies aériennes doivent continuer à distribuer le caviar à volonté en première. Et essayer d’en faire produire du vegan qui serait plus cher et plus exclusif que de bêtes œufs d’esturgeon. Mais qui garantirait aussi une plus belle peau.
Les trains doivent faire une offre de plus en plus sexy.
On doit montrer à quel point un bateau à voiles est plus objectivement sublime que son concurrent à moteur…
On peut aussi gagner des tonnes de pognon non seulement à faire beau mais aussi à faire bien et à faire mieux.
Et, cerise sur le gâteau sans gluten, le marketing se trouve tout seul.