J’ai écrit un article que je n’ai pas encore publié qui explique à quel point les bonnes personnes sous-estiment la quantité de personnes négatives.
Et qu’elles se révèlent pendant les crises, ces personnes. Je pensais plutôt aux guerres ou aux révolutions.
Mais la crise actuelle en est aussi une parfaite illustration…
Mon estimation, basée sur mes lectures, l’observation, la logique, l’histoire et, je l’avoue, la voyance, est qu’il y a en moyenne 35% de personnes négatives dans les démocraties, c’est à dire les pays où l’on est moins traumatisé qu’ailleurs et donc moins à même de passer en mode survie.
La France, ceci dit, qui a subi une occupation Allemande pendant quatre ans, ne s’en est visiblement pas encore remis – on dit qu’il faut sept générations pour absorber un choc – et j’estime que la moitié, à peu près, de ses habitants est négative. On ne s’étonne plus, alors, de sa difficulté à être gouvernée ou de ces articles récurrents dans les magazines sur le thème « pourquoi n’est-on pas plus heureux en France quand on y a tout ? ». Quand chaque personne positive a statistiquement un parasite sur le dos, on comprend sa difficulté à respirer.
Dans les pays non démocratiques, le mode survie activé par ses habitants les fait renier bien souvent le meilleur de l’humanité, compassion et amour, et c’est aussi mon estimation qu’en Chine ou en Russie il y a une population positive minoritaire. Ce doit être un enfer, pour une personne empathique, que de vivre là-bas.
Sur la totalité des personnes négatives, il y a peu près 30% d’égoïstes, qui ne sont pas manipulateurs, et peuvent encore avoir des sursauts de conscience, 40% de narcissiques, qui sont des manipulateurs sans aucune conscience mais avec moins d’intelligence machiavélique que les 30% de psychopathes ou sociopathes du lot.
À ramener à la population globale.
En France, il y aurait donc, par exemple, à peu près, 15% de psychopathes ou sociopathes.
Et si, en période de paix, tout ce petit monde est à peu près conforme aux demandes sociales exigées par nos civilisations « modernes », en période de crise, il déboutonnent les pantalons ou s’adonnent carrément à la fête du slip…
Que ce soit par arrogance, ou pour survivre à des conditions difficiles, le manipulateur s’est en effet progressivement coupé d’une bonne part de ses émotions. Et notamment de la quasi totalité des émotions positives : au fond de sa boîte de Pandore, il ne lui reste que le plaisir.
Muni de ce spectre émotionnel plus proche du caillou que de l’humain, il aura donc beaucoup plus de facilité à s’adapter au confinement – angoisse et déprime connaît pas -, et du haut de sa supériorité « morale », va se vanter de gérer ça super bien, va asséner des « y-a-qu’à » s’allonger sur son canapé ou « y-a-qu’à » regarder la télé en boucle.
Et quand, sur Instagram, certaines personnes apportent leur exemple à l’adulation des foules, arguant qu’il suffit juste de choisir « le bonheur » comme on appuierait sur un interrupteur interne, je parierais gros que le conseil vient d’un manipulateur.
Surtout si le texte est juste en dessous d’un selfie.
Le manipulateur n’a donc pas peur de grand-chose mais il a peur d’être découvert, il a peur de vieillir, de la maladie et de la mort.
Pas pour ceux qu’il aime, bien sûr, il n’aime personne, mais pour sa pomme.
Sa survie lui est absolument essentielle, c’est même pour ça, parfois, qu’il a préféré devenir un zombie émotionnel.
Ce n’est pas que nous, les positifs, soyons munis d’un détachement complètement bouddhiste, mais nous sommes capables de prendre des risques pour le bien d’autrui et croyons souvent en quelque chose ou quelqu’un de plus important que nous.
Pour le manipulateur, sa propre fin, c’est celle du monde.
Et le spectre du Coronavirus va lui faire assez facilement péter un câble : la colère, c’est une des émotions qu’il connaît très bien.
Je ne suis donc pas étonnée quand je lis que la violence conjugale et les taux divorce augmentent. Ou les crimes racistes.
Certaines personnes négatives, en France, vont aussi s’en prendre au personnel soignant : mettant des messages dans les boîtes aux lettres d’infirmières pour leur dire de penser à leur santé – on croit rêver ! – et de déménager.
Certains propriétaires mettant carrément un terme au contrat de location. En ont-ils seulement le droit ?
En l’absence de conjoint ou de bouc émissaire, on peut toujours péter un câble sur son prochain via Twitter ou depuis une fenêtre.
Le lynchage ou la lapidation est un plaisir de groupe que ne saurait refuser tout bon négatif qui se respecte.
Et les réseaux sociaux, en notre époque que se souhaite civilisée, est un bon palliatif.
« Reste chez toi ! » va t-il éructer sans se soucier des circonstances de la sortie.
Ah, le bon vieux masque de la vertu et du bien général qui permet d’exprimer sa colère et sa haine en toute impunité.
La balade solitaire en forêt est donc, après la masturbation, l’activité la moins dangereuse en ces temps dangereux et elle est, depuis le début, dans certaines limites de distance, autorisée en France.
Ce qui n’a pas empêché certains usagers de Twitter de s’accrocher à leurs perles et de menacer – toujours via Twitter – le promeneur de lui tirer dessus à coup de carabine. J’ai même vu la publication d’une photo d’une bâche sous laquelle l’aspirant assassin se vantait de vouloir mettre ses prochaines victimes.
Assassiner quelqu’un ou parler de le faire, au nom d’un hypothétique bien commun est en général un bon indice d’hypocrisie et de manipulation.
Torquemada vient à l’esprit, qui devait passer en son temps pour un saint, soucieux des âmes de son prochain, tout en pouvant prendre son pied à torturer en toute légalité. Ou Robespierre, qui au nom de la pureté et du bien de tout un pays, s’était déclaré être prêt à en guillotiner la moitié. Ce que ce bienfaiteur de l’humanité aurait fini par faire s’il n’avait pas d’abord succombé à son outil.
Et ce sera bien souvent le même profil, voir carrément la même personne, qui va sortir son chien dix fois par jour ou en louer un, toujours drapé du même manteau de la respectabilité, parce que là, on se contente de tordre la loi.
On a aussi la colère qui s’exprime enfin à l’air libre, elle, quand des régions de France – Bretagne en tête, à ce que j’ai lu –, ont leur ressortissants qui crèvent les pneus ou rayent les voitures qui ont des plaques d’autres coins de France.
Ah, le Parigot, on va enfin pouvoir se le taper en gigot !
Et certes, les citadins qui sont allés se réfugier dans leur maison de campagne quand les déplacements étaient interdits et les conséquences pour la communauté locale connues, sont sûrement aussi des négatifs. Mais ça n’est pas nécessairement le cas ceux dont ça a été le réflexe, à l’annonce du confinement, et qui n’avaient aucun symptôme. Si je vivais dans un appartement et que j’avais une résidence secondaire, en l’absence de règles et d’information sur le sujet, honnêtement, je ne sais pas quel aurait été mon réflexe.
Et les braves gens qui s’en prennent sans discernement à la voiture d’autrui – ils ont aussi endommagé la voiture empruntée d’un médecin local – devraient sans doute songer que l’accueil de leur région pourra, à terme, influencer leur attrait touristique et donc leur prospérité.
Quand, face à la crise et en l’absence de panique incontrôlable toujours possible, un bon nombre de nos concitoyens fait des réserves en papier toilette ou en produit désinfectant, au détriment de tous les autres qui vont se retrouver sans rien, cette absence de solidarité, cet égoïsme achevé est aussi le signe d’un négatif.
Certains vont plus loin en y voyant du profit quand il revendent ce stock : profiter du chaos et de son prochain en tant de crise, on est en plein dans le cœur, vide, du manipulateur.
Aux États-Unis, on a l’égoïsme et le narcissisme des jeunes gens qui ne veulent pas se priver de « Spring Break » et continuent la fête sur la plage avant de rentrer chez eux redistribuer généreusement le virus dans leur famille. Les plus jeunes d’entre nous sont aussi les plus asymptomatiques et j’espère qu’ils s’en souviendront avant de penser à aller embrasser leur grand-mère.
Puisque, dans un article récent, j’ai parlé d’une tendance possible à l’inquiétude et l’amertume des personnes plus âgées, je peux bien me mettre le reste de la population à dos en pointant du doigt les négatifs d’âge tendre. Il y en a.
La liberté que ce pays brandit à tout bout de champ comme un droit est bien souvent, en réalité, le brandon des négatifs.
Car toute personne pourvue d’une conscience sait que sa liberté s’arrête où commence celle des autres.
Et on a aussi, dans ce pays, les plus extraordinaires manifestations de négatifs qui soient : un collectifs d’électeurs de Trump qui manifestent, en groupe et en pleine pandémie, contre la fermeture des lieux publics et l’obligation de confinement.
Toujours au nom d’une la liberté individuelle extrême, celle qui n’a aucun respect pour autrui et est juste de l’égoïsme à peine voilé.
Ce que je trouve intéressant, c’est que ce que l’on retrouve le plus sur les pancartes, c’est une revendication à pouvoir aller chez le coiffeur, et donc, du bon vieux narcissisme sans honte et sans pudeur.
Les visages sont effrayants, masques de haine et de colère, et les propos sans empathie ni ambiguïté : « ces gens-là vont mourir de toute façon… »
Peu importe le nombre de décès chez les autres, du moment que moi moi moi, j’aie mon brushing.
Un cours en accéléré sur le sens des priorités des négatifs.
Le plus odieux, c’est quand ces personnes mettent en doute, harcèlent ou insultent des personnes du corps médical qui s’emploient jour et nuit à sauver leur prochain, au risque de leur santé physique et mentale.
Alors oui, bien sûr, il y a des profils négatifs, aussi, chez les soignants – je suis née dedans, je suis bien placée pour savoir que tout n’y est pas que Vertu et Vocation –, mais j’imagine la détresse et le chagrin de ceux qui, positifs, travaillent pour sauver nos vies.
Une horreur.
Le négatif, le manipulateur, se révèle en temps de crise.
Et je pense à tous mes frères empathiques qui prennent des risques pour aider leur prochain, sans juger ni condamner ceux qui ne seraient pas aussi « exceptionnels » qu’eux. Ces médecins, par exemple qui vont peut-être se retrouver à soigner les manifestants bien coiffés qui leur ont craché au nez le jour d’avant.
Je pense à tous mes frères empathiques qui se retrouvent, déjà envahis par leurs propres doutes et angoisses, soumis à la présence constante d’un négatif en lieu clos, qui n’en veut qu’à leur énergie.
Qui va les pomper, se décharger sur eux, qui va se défouler et déployer intensément toute la gamme de sa toxicité.
Le seul avantage est donc que cela peut permettre de mettre les personnes négatives en relief. Et aussi leurs valeurs et leur influence sur le monde et une économie inhumaine et destructrice.
Car eux, quand le pire sera passé, n’auront rien appris et n’auront pas changé.
Et ce sera à nous qu’il reviendra d’en apprendre et de tout améliorer.
Ajouté le 28 avril 2020 : et maintenant je vois qu’une femme, aux États-Unis est menacée de mort, de balle dans la tête et de peloton d’exécution par des personnes croyant à une théorie du complot sur YouTube, sans preuve ni fondement, qui l’accuse d’avoir emmené le Coronavirus depuis les US jusqu’en Chine et d’être « le patient zéro ». Il n’y a décidément pas de limite à la méchanceté de certains…