Pour commencer avec une anecdote qui n’a rien à voir avec le sujet du jour, j’aimerais témoigner sur le poncif « les hommes seront toujours des hommes ».
Ce matin, alors que le Jules était à la noble tâche de changer la couche de notre hériter mâle, il remarque que la partie la plus virile de son anatomie était, comme qui dirait, dans son état le plus rigide.
Il dit alors quelque chose comme « oh, tu as vu ton pilin ? », « pilin » étant le mot donné jadis à ce bel organe par la nounou argentino-paraguayenne et qui nous est resté.
Et notre fils de répondre :
« NON, pas pilin. BÂTON ! »
Ça promet…
Mais cela n’a rien à voir avec le sujet du jour, qui est que je viens officiellement de recevoir mon numéro de SIREN en tant qu’auto-entrepreneur.
Ça y est, j’existe, j’ai le droit de gagner des sous et l’obligation de payer mes charges.
Cela aura tout de même pris un mois et demi d’attente et de négociations et je conseille à tout futur déclarant de choisir la méthode entièrement automatisée via son PC.
En ce qui me concerne, n’ayant pas scanné ma pièce d’identité, j’ai bêtement envoyé mon dossier par la poste.
Et il a été égaré pendant plus d’un mois.
Quand le Jules a fait comprendre à un gentil fonctionnaire de l’URSSAF, que normalement, tout dossier non reçu dans les trois semaines par leurs services étant considéré comme invalide, on pouvait donc, au bout d’un mois et demi considérer que le mien était sans doute définitivement perdu, on lui a répondu que non, il fallait tout de même vérifier.
Et vérifications faites, on a bien retrouvé ma déclaration sous une pile.
À vrai dire, il semblerait même qu’on l’ait dupliquée, puisque la personne que j’ai eue en dernier au téléphone, au demeurant fort sympathique, vient de m’expliquer que j’avais été déclarée deux fois. Il m’assure avoir supprimé l’un des deux enregistrements.
Mais au vu du courrier que je viens de recevoir lundi et que je n’ai pas encore eu le courage d’ouvrir, je tremble un peu.
Surtout, quand je vois qu’il y a un courrier du RSI, gentille caisse d’assurance maladie.
C’était effectivement eux qui m’avaient suivi pendant ma précédente aventure de gérante de SARL et je me souviens encore avec deux ou trois frissons des courriers qui m’ont poursuivie jusqu’en Argentine après la fermeture de ma société : au moins cinq courriers m’enjoignant de leur régler un arriéré d’impayé dont le montant était à chaque fois différent.
Et le fait que j’aie choisi l’une des lettres pour leur régler la somme demandée n’a pas semblé suffire.
Bref, il semblerait que l’administration française – en dépit des efforts mis en place par nos gouvernants qui sentent bien que le dynamisme entrepreneurial n’est pas une spécialité locale -, n’a pas complètement changé de visage.
En même temps, le noble métier de fonctionnaire (que j’entends ici dans sa dénomination d’employé de bureau), il faut l’avouer, se choisit rarement par vocation. À part en Chine, où la sécurité de l’emploi est toujours en avantage pour qui veut assurer à ses ascendants de leur être plus tard un « bâton de vieillesse » (et hop, transition adroite avec mon anecdote érectile).
Et pour mon père, exception notable, qui, avec sa tendresse paternelle habituelle m’a affectueusement conseillé d’en faire un métier, eût égard à ce qu’il considérait comme mon inaptitude à gérer le stress.
L’avantage au moins, en ce qui concerne l’administration, c’est que les quatre vingt dix pour cent d’incompétents qui y sévissent comme à peu près partout ailleurs, ne risquent pas, quant à eux, la peau de leur intervenant (et hop, coup de pied de la progéniture ingrate à la noble vocation médicale du papa). Sauf par le biais éventuel de leur ulcère.
Et je vais donc commencer mon avenir d’entrepreneur sur cette note positive : « courage, ma fille, on meurt rarement sous la paperasse ! »….
Et me décider à ouvrir mon courrier.