Avant, quand je rencontrais une maman qui avait décidé de rester au foyer pour s’occuper des bébés, je pensais un truc du style : « et allez, encore une qui a choisi de se la couler douce près du frigo à bières et qui trahit du même coup la cause SACRÉE de l’égalité des sexes ».
Maintenant, la fois où le Jules m’a sorti un truc du même tonneau après la naissance de l’aînée, j’ai opportunément disparu tout un samedi.
Pfffuuuuuuuuuuuuuuuiiiit !
Bizarrement, il ne l’a plus jamais redit …
Parce que oui, mes sœurs en maternité, rester à la maison pour s’occuper des petits, ce n’est pas une façon détournée de maximiser ses congés.
Sans parler des jeunes accouchées, qui déjà fatiguées par leur grossesse, dorment par tranches de deux heures, s’occuper d’un enfant, c’est fatigant (surtout jusqu’au jour béni où on peut enfin le scolariser).
Et si, au boulot, tu peux plus ou moins décider de ton rythme et faire une pause café, voire une légère pause mentale quand tu es fatiguée, avec un enfant, le moment où ta tension baisse, c’est précisément le moment où ton cher petit va venir voir s’il ne pourrait pas un peu t’énerver. Oui, je sais, il paraît qu’il y a aussi des chefs comme ça, mais on va espérer qu’ils sont encore en minorité.
Note au passage pour éviter le lynchage de sortie d’école : je sais bien que bosser ET avoir un enfant, pour une mère, c’est fatigant. Je compare juste entre mes expériences avant et après accouchement.
Il paraît, psychologiquement parlant, que si un enfant vient te chercher des poux dans la tête au pire moment, c’est parce que ça l’angoisse de voir son parent en petite forme et qu’il a besoin d’être vraiment SÛR qu’il ne va jamais s’effondrer, quoi qu’il puisse inventer. Et pour tester les limites d’un parent, comptez sur un enfant pour être créatif…
Surtout, il y a l’arme fatale, tirée au moment final : le cri de dauphin qui vous aspire la matière cérébrale en deux minutes chrono.
Combien de fois, me suis-je retrouvée, le crépuscule tombant, avec le compteur neuronal à zéro, et l’électrocardiogramme tout plat, et ai-je pensé :
« Ventrebleu, j’ai quand même fait prépa/préparé un défilé/monté deux sociétés, comment ça se fait que je tienne pas plus le coup face à ce tout petit machin qui a l’air si mignon ! »
Car oui, ami aspirant parent, sache le et prépare toi : éduquer un enfant, c’est très souvent la guerre, et ce n’est pas sûr que ce soit toi le mieux armé pour ça !
Et pourtant, je tiens à le préciser, j’adore mes petits et Sâti moderne que je suis, j’éprouverai bien évidemment pour eux mes pauvres petits nerfs délicats à l’épreuve du feu. Surtout si ça me permet d’éviter le cri de baleine, variante vocale possible de l’autre mammifère marin…
L’aînée.
Et le cadet. Admirez au passage le recyclage de matos ! Et le regard éveillé qui leur vient direct de leur maman !
En plus, avoir des enfants, il faut le savoir, a un effet assez pesant sur le temps que tu vas passer à ranger et faire le ménage.
En fait, si tu le veux, tu pourrais presque passer ta journée à ça.
Ou alors faire des choix hygiéniques douteux : en ce qui me concerne, c ‘est tout vu, je ne peux pas à la fois développer mes petits projets et faire briller mon parquet. Et j’ai donc sereinement baissé mon niveau d’exigence.
Pour éviter les souris, j’ai deux chats, et pour éviter le reste et les bactéries, j’ai une danse traditionnelle Inca très efficace : je la communique sans souci à tous mes lecteurs, voire mes lectrices, qui seraient intéressés.
Au passage, à l’argument féministe comme quoi je ferais du tort à la cause de la libération de la femme, je réponds que maintenant, certains hommes aussi décident de s’occuper de leur descendance à plein temps. Et que je suis prête à brûler mon soutien gorge à la demande pour démontrer mon dévouement à la Cause (non, chéri, je ne parle pas pour toi).
Avant, question libération de la femme et de sa matière cervicale, j’étais justement assez modestement contente de mon cursus scolaire. Ce serait plutôt par la suite que j’ai dévié lamentablement d’une bonne et sérieuse formation commerciale rémunératrice, pour suivre l’appel douteux d’une vocation tardive.
Maintenant, je me fais souvent la réflexion que c’est quand même utile d’avoir fait "bac+truc" et suivi des cours en Ressources Humaines, pour coacher son tout petit à aller sur le pot.
« Aie confiance, tu vas y arriver ! ».
Et je me dis encore plus souvent, c’est à dire à chaque fois que je me sens dépassée (soit à peu près tous les jours) :
« mais pourquoi on ne fait pas de la psychologie enfantine obligatoire au lycée ? ».
Quand même un peu plus compliqué et intéressant que d’enfiler un préservatif sur une banane !
Avant, quand on voulait partir en week-end, on se disait d’un air allègre et décidé : « on y va ? » et en dix minutes et deux brosses à dents, on était parti. Pour rentrer dudit week-end impromptu frais comme des nourrissons, dispos et prêt à renquiller sur la semaine.
Maintenant, si l’un des deux, pris d’une subite envie de grands espaces et d’une pause depuis trop longtemps repoussée, lance le fatidique « on y va ? », il se voit répondre par sa tendre moitié :
« Ok, alors il faut se lever tôt pour tout préparer, compter trois heures, chronométrer pour pas partir trop près d’un repas, inclure une sieste dans le trajet si on veut un peu de calme dans la voiture, charger le coffre et les sièges arrière et parfois le toit, faire faire pipi à tout le monde avant le départ, prévoir des arrêts, des jeux, le lecteur DVD, et ne surtout surtout pas oublier les doudous (si tu veux dormir un minimum)… ».
Et tu rentres du truc encore plus crevé qu’un parent de nourrisson.
La prochaine fois, on restera plutôt à la maison devant la TV. Oui, parce qu’il faut aussi compter sur le même degré de spontanéité pour les sorties le soir…
Voici donc, en cette journée de l’enfance, un petit post de circonstance parce que, à la naissance du premier, si j’avais gagné un euro à chaque fois qu’on m’a dit « un bébé ce n’est QUE du bonheur », j’aurais été pourvue en couche jusqu’à son passage aux toilettes (voir mon post précédent sur mon autre phrase chérie : « la grossesse n’est pas une maladie »…).
Et qu’en tant que maman ayant réellement désiré chacun de ses enfants (je n’imagine même pas la galère pour celles sur qui c’est tombé sans préavis !), et aimant chacun d’eux férocement, je me suis pas mal demandé pourquoi je ne vivais pas tout ça avec plus d’épanouissement.
Mais le temps passant, je me suis rendue compte que je n’étais pas la seule à ramer loin de l’image d’Épinal d’antan, et j’ai souhaité, via ce petit témoignage, rompre un peu l’isolement (et hop, c’est parti pour une autre rime en « an »…).
Courage, maman !