En avertissement, je tiens à prévenir ceux d’entre vous qui hésiteraient à se reproduire : ce post n’est pas vraiment une incitation à sauter le pas….
Mais de toute façon, j’ai pleine et entière confiance en la force des hormones pour vous donner la petite poussette finale : en ce qui me concerne, après trois ans à hésiter et à faire des listes « contre » (trois pages) et « pour » (deux lignes), c’est bien la vue d’un bébé joufflu qui a finalement annihilé chez moi toute forme de raisonnement cérébral et m’a fait passer à l’acte !
Même encore maintenant, pourtant bien aguerrie après deux marmots, dès que je vois un nouveau-né, je fonds complètement en dedans et gazouille des « c’est trop mignon ces petites mains et ces petits pieds », en oubliant, sur le coup, de lever les yeux sur la jeune maman hagarde et échevelée qui chancèle au dessus du landau (dormir par tranches de deux heures vient à bout des plus endurcies…).
Hier, je suis donc allée en famille voir l’expo "L’impressionnisme et la mode". Ah le bonheur !
J’ai particulièrement apprécié le gardien à demi psychopathe que l’art n’avait pas l’air d’apaiser (léger problème de vocation ?) et qui s’est mis subitement à nous menacer de nous mettre tous dehors si on continuait de parler.
Il est tout de même parvenu à rendre plus muets que carpes koï des touristes qui ne devaient pas tout comprendre (mais avaient dû sûrement être prévenus sur la fameuse hospitalité "made in Paris") et des parisiens naturellement hostiles à l’autorité.
Un exploit.
En ce qui me concerne, mon dilemme du moment était : que faire avec une poussette dans les couloirs étroits et sinueux de milieu d’expo en cas de début d’exode en panique vers les sorties ?
Et c’est donc en cette délicieuse ambiance de meurtre à coup de talkiewalkie sur fond de toile de maître, que mon fils a choisi de nous gratifier d’une de ses spécialités : la colère endogène et polymorphe.
Et je me suis ainsi retrouvée à essayer de le calmer, sous le regard outré de deux jeunes filles visiblement fraîchement émoulues des Beaux Arts, et à portée d’oreille d’une rombière des Beaux Quartiers qui s’est plainte, à portée de gardien et donc au péril de sa vie, de ce que l’attitude de mon fils avait d’inadmissible. À moins qu’il n’ait agit de l’attitude de la mère, qui n’avait pas le tact d’avoir élevé son fils à la baguette, comme au bon vieux temps du service militaire obligatoire et des cours d’éducation civiques.
Et, chères mesdames et demoiselles, comme je vous comprends !
Car oui, moi aussi, avant d’être pourvue d’enfant j’aurais réagi de la sorte ! Quoi qu’avec sans doute plus de tact et un peu moins d’agressivité…
Avant, quand je voyais un bébé hurleur au bras d’une mère visiblement dépassée, je plaignais de tout cœur le bambin et pensais que le pauvre petit bougre n’avait pas mérité ça.
Je n’ose même pas imaginer ce que j’aurais pensé, si le gamin en question avait hurlé "À L’AIDE ! AU SECOURS !", comme c’est maintenant l’habitude du mien dès qu’il est un tant soit peu contrarié (grand moment de solitude au Parc Astérix le week-end d’avant).
Maintenant, quand je suis témoin de la même scène, je suis totalement du côté de la mère, solidarité et surtout, expérience oblige…
Avant, quand je voyais une femme enceinte dans une file d’attente prioritaire ou une jeune mère avec une poussette qui avait l’air de forcer le passage, je pensais :
« elles ne manquent pas d’air, toutes ces bonnes femmes ! C’est quand même pas le fait d’avoir mis au monde un petit truc joufflu qui devrait leur faire croire qu’elles ont tous les droits ! Jadis, on pondait la descendance fissa entre la cueillette et l’écorchage du mammouth, et on n’en faisait pas tout un silex ! D’ailleurs, ça doit sûrement se passer encore comme ça quelque part dans le monde ! Chochotte profiteuse, va ! »
Maintenant, après deux grossesses fournies avec options nausées, somnolences, remontées gastriques et autres bonheurs intestinaux ; bébé qui cogne sur la vessie quand il grandit (mon petit deuxième, un garçon, a montré deux ou trois dispositions pour le foot : bon shoot et tir au but à tout les coups) ; et derniers mois en apnée respiratoire avec l’impression de porter le fameux mammouth directement sur les côtes, j’ai eu le temps de changer d’avis.
Il paraît, ceci dit, qu’il y a des femmes que les hormones de grossesse rend pimpantes (au hasard ma belle-mère) et une légende urbaine raconte que les Russes s’arrangeaient pour que leurs athlètes – en apparence féminines -, se retrouvent en plein dans les trois premiers mois de grossesse pour les compétitions : si, après mes mémorables performances à plat ventre sur une poutre pendant ma scolarité, j’avais besoin d’une autre preuve, voilà qui me confirme que je n’aurais jamais pu être Nadia Comaneci…
Et donc, maintenant, quand je vois une femme enceinte, je suis toute solidarité et compréhension.
Je lui tiens les portes, lui laisse mon siège et la couve de compassion et d’attentions diverses. D’ailleurs je suis partante pour militer pour que les places handicapées soient accessibles au femmes en gestation.
Oui, je sais, on me l’a souvent répété, la grossesse n’est pas une maladie et encore moins un handicap.
C’est, à ce qu’il paraît, une période naturelle de la vie et patati mais essayez donc de vous trimballer pendant plusieurs jours de suite avec un pack d’eau dans les bras sans avoir le droit de le poser, et on va voir si vous n’avez pas, vous aussi, deux ou trois problèmes de souffle et de caractère.
Et à toutes les jeunes mamans en poussette, je crie pareillement : solidarność !
Déjà qu’avec un jeune bébé, on est naturellement crevée, mais en plus, on perd nettement en mobilité. Surtout dans les escaliers.
(à suivre)