Quand je vivais en Argentine, une grande partie des expatriés français prenait des leçons de tango.
En ce qui me concerne, après l’inévitable cours de danse en milonga, j’ai assez vite mis de côté cette danse latino-américaine que je trouvais pour tout dire assez maniérée : petit pas par-ci, lever de jambe par-là, air sérieux et tralalas.
Mais je suis allée assez récemment à la Maison de l’Argentine à Paris pour écouter mon ex-professeur de piano jouer en duo des airs de tango et je me suis retrouvée à pleurer comme une baignoire. Parce que si la samba – danse brésilienne que je préférais jusque là -, parle au corps et au cœur, le tango peut vous prendre littéralement aux tripes.
Et je me retrouve donc à écouter Astor Piazzolla en boucle tout en récupérant mon retard en repassage.
Le rythme en est excellent pour les mouvements du fer à repasser et j’ai pour objectif de réussir une chemise avant la fin des six minutes quarante deux de cette version d’« Invierno Porteño » par Gidon Kremer.
Je vous recommande d’ailleurs vivement cette interprétation : il y a certains passages au violon tellement forts que je me mets automatiquement à bouger la tête comme une tarée, ce qui l’air d’inquiéter légèrement ma fille qui me lorgne du coin de l’œil d’un air suspicieux.
Viva el tango argentino !