Comme toute parisienne qui se respecte, j’ai ressenti à la naissance du petit deuxième un irrépressible appel de la nature et de la verdure.
Certes, je ne suis pas parisienne depuis plus de trois ans mais je l’ai été avant mon épisode Argentin, et je me permets un petit raccourci : une capitale en vaut bien une autre.
Pour être franche, plus que l’appel de la nature, il s’agit surtout d’un irrépressible et subit penchant pour un chez moi qui dépasse le dix mètres carrés par habitant, toilettes incluses. Ce qu’on appelle sans doute le confort bourgeois. A peine quarante ans que déjà voilà l’appel de la charentaise, l’hostilité déclarée pour le squatt’.
Et pourtant je m’étais jurée que la campagne ne passerait pas par moi. Je déteste les araignées qui, paraît-il, sont un signe de bonne santé des habitations (dixit ma môman qui pourtant n’hésite pas à les écraser) et le mix craquements de la charpente et silence dans les bois me fait frissonner de peurs ataviques et primaires.
Mais bon, il faut être un bobo de luxe pour s’acheter le mode de vie qui soit compatible avec le fait de promener son landeau au Luxembourg. Et je ne suis encore qu’une modeste aspirante en bobo attitude et déco, abonnée par éclipses à Marie-Claire maison.
Ce qui me pose donc la question de l’avenir de mon blog, après trois semaines de non-connection au monde en général et à l’internet et au téléphone en particulier (la vraie campagne, je vous dis !) : comment faire évoluer mon blog de Buenos Aires à Davron, charmant petit village des Yvelines ?
Comment passer des récits d’une voyageuse cosmopolite (ne mégotons pas !) à une desprette housewife voisine de moutons (et d’une chèvre) ?
Devrai-je passer de la description d’un séjour en Patagonie à la préparation de la parfaite tarte aux pommes ? Pour tout dire, ça ne me dérangerait pas trop, je m’intéresse à tout ou presque et j’aime beaucoup la tarte aux pommes. Mais quid de mon lectorat que j’espère fidèle et enthousiaste ?
En attendant de prendre cette douloureuse décision qui tient le monde financier en haleine (à votre avis, pourquoi les bourses sont-elles en pleine chute ?), je vais donc me la jouer parfaite ménagère au foyer.
Déjà un petit truc pour tous les ex-expats de retour au pays et dont les chères têtes blondes ont été habituées à un personnel de maison plus abondant (l’abondance dépendant du niveau de vie du pays et étant en général inversement proportionnelle au niveau de la sécurité locale) : quand ma fille a refusé de m’aider à nettoyer sous le prétexte qu’elle aurait des « serviteurs » plus tard (elle est accro aux contes de princesse, ce n’est pas sa faute), je lui ai expliqué que dans ce cas précis, il fallait justement savoir comment faire le ménage soit-même, afin de ne pas se faire rouler et moquer par une domesticité prompte à la duplicité (voire syndiquée, surtout en France, dans quels temps vivons nous, etc…).
Et ça marche ! Enfin presque.
Pour tout dire, elle nous accuserait plutôt ces jours-ci, de la prendre pour Cendrillon.
Et pour rester dans la fraîcheur de mon retour au vert, je vous propose donc une activité ludique et très simple pour tous les parents désepérés au milieu d’un déménagement : la tour Raiponce en carton.
Matériel nécessaire : un cutter.
Accessoires non indispensables mais intéressants pour justifier ladite activité sans passer pour une immature voire une tarée : des enfants.
Modus operandi : on découpe dans le carton au gré de la fantaisie pour obtenir une architecture plus ou moins complexe. Je m’en suis tenue à seulement deux cartons, mais vu le matériel à ma disposition (et dans deux couleurs puisque nous avons aussi récupéré ce que nous avions mis au garde meuble avant le grand départ), j’aurais pu construire la Défense, arche incluse.
On ne le voit pas sur cette photo, mais j’ai bien entendu réalisé un passage entre le corps du château et la tour.
J’ai aussi envisagé de mettre des rideaux aux fenêtres et de peindre le tout, mais je crains que ma Cendrillon de fille ne m’interdise par la suite de jeter l’ensemble, et comme je deviens progressivement allergique à tout ce qui est cartonné, ce ne serait pas tout à fait l’objectif envisagé…