En Argentine, les hommes sont des hommes.
D’aucuns diraient "un poco macho".
Et les femmes sont des femmes.
Certaines penseraient "muy feminina".
Il est rarissime à Buenos-Aires de croiser une femme qui ait les cheveux courts.
Et quelques chauffeurs de taxi Argentins m’ont déjà expliqué que les hommes français manquaient de virilité : pour tout vous dire, on utilise même ici le vocable "afrancesado" pour dire "efféminé"…
C’est donc sans doute pour bien délimiter la frontière entre les genres qu’une majorité d’Argentins choisit de percer les oreilles de leur petite fille quand elle est âgée de trois jours.
Vous avez bien lu : trois JOURS.
Le bébé vient à peine de sortir d’un milieu aquatique tempéré qu’on lui met déjà les pinces aux oreilles.
Et schrak !
Et je ne compte plus le nombre d’Argentins qui auront appelé ma fille de quatre ans « seňor », sous le double prétexte qu’elle n’avait pas de boucles d’oreilles et qu’elle avait une coupe au carré. Même habillée en rose des pieds à la tête, le doute subsistait.
On justifie ici ce geste précoce, en expliquant que la douleur est tellement atroce (je ne peux pas confirmer ou infirmer, je suis trop douillette pour avoir tenté l’expérience) qu’il vaut mieux le faire à un âge tendre, avant la peur et les souvenirs.
Un collègue Espagnol de mon mari l’expliquait de son côté en disant qu’on perçait précisément sur un point d’acupuncture relié à une maladie exclusivement féminine. Il n’a pas précisé laquelle…
Et je pourrais à cette aune lui rétorquer, que le fameux piercing "Prince Albert" est quand même très pratique pour enfiler son pantalon quand on est un homme.
Des amateurs ?