les signes pour reconnaître un manipulateur III

[suite de l’article II sur le même sujet]

11. il n’a aucune honte

Là où un égo de taille raisonnable permet le retour critique, l’égo du manipulateur, hypertrophié, l’enveloppe dans un cocon de complaisance.

Le con ose tout, le manipulateur aussi.
Et que c’est pratique pour atteindre les sommets de la gloire médiatique quand nous autres empathiques, noyés par le trac et le sens du ridicule hésitons pour tout, alors que lui, il fonce, sûr de son talent, de son bon droit et de son avenir.

12. il a eu une enfance difficile

Et souvent c’est vrai.
Mais il serait faux de confondre survie de la carcasse et survie de l’âme. Car le narcissique est souvent un exemple parfait de résilience et, dans un légitime souci de ne pas se laisser couler par des parents abusifs ou des circonstances terribles, il aura jeté dans le flot du courant tout ce qui encombrait la barcasse : dans le lot, son cœur et sa conscience.
Maintenant, son enfance martyrisée devient un vrai appeau à personne empathique alors qu’au risque de passer pour une personne cynique – ce que je ne suis pas -, plus l’enfance est terrible, et moins le cœur a eu une chance de survie.
Et plus l’histoire devient un aimant à compassion.

Je me souviens de cet ancien ami qui traversait les relations comme un tank nazi la forêt Belge, sans aucunement se soucier des dégâts, et qui, quand il m’a parlé de son enfance, se tenait les genoux en se balançant d’avant en arrière. Une magnifique performance d’acteur !

Dans le cas d’un gourou en développement personnel, cela devient aussi une source d’inspiration très commode.
Regardez d’où je viens ! Regardez comment j’ai réussi ! Vous pouvez faire comme moi !
Oui, bien sûr, ce qu’on ne dit pas, c’est que c’est un peu plus compliqué si tu es empathique : pour faire exactement pareil il te faudrait jeter tes principes et ta conscience aux orties, et avancer avec la rage dans le ventre.
C’est du carburant de fusée.

13. et il est toujours la victime

Avec une nuance : c’est une victime cou-ra-geuse.
Forte face à l’adversité. Qui tient ses plaies avec le courage du petit soldat spartiate qui arrive à sourire en dépit de la douleur qui lui noue les entrailles.

Mais il ne va jamais vous laisser oublier que le monde est méchant et que lui, le narcissique a beaucoup souffert. Même s’il tient encore debout. Miracle de sa force de volonté et de sa résilience.
Miracle qu’il doit en vrai à ses propres victimes, réelles celles là, et qui le rechargent. Et à ses complices qui auront accouru à son secours, le soutiennent, l’aident et le défendent.

Le manipulateur est donc, au gré de son bon plaisir et des besoins du film, victime du temps, de son enfance, de sa femme qu’il bat – elle l’a pas volé – de son mari qu’elle dévalorise – il l’a cherché – de ses enfants, de son sort, de la malchance, des autres, des employés, des patrons, des médias, de toi, du public…

14. il n’a pas de conscience et très peu de vraie personnalité

Ni de sentiment de culpabilité. Tu a compris que c’était lui la victime ?
Et que l’autre était toujours en tort ?
Du coup, la conscience vis à vis d’autrui n’aurait aucun sens, soyons un peu logique !
Celui qui est lésé, et ce, quelque soit son niveau de succès, c’est lui. Celui qui n’a jamais assez, c’est lui.
Celui qui a toujours trop et qui lui vole, c’est toi.

Le gourou en développement personnel auquel je m’intéresse, par exemple, explique que le sentiment de honte et de culpabilité ne t’a pas été donné par Dieu mais par les autres humains. Et que tu dois t’en défaire.

Zou, d’un trait, on barre le concept de conscience supérieure ou de surmoi. Et ça doit être positivement libérateur pour une personne empathique qui a tendance, surtout si elle n’a pas été assez valorisée pendant son enfance, à se regarder avec un regard hyper critique. Tu lis ça et tu te dis « hey, je vais oser chanter au karaoké, la prochaine fois ! »
Mais pour d’autres personnes, moins équilibrées, les libérer de l’obligation de faire semblant d’avoir une conscience, c’est littéralement enlever un garde-fou.

Le manipulateur a aussi très peu de ce qu’on attribue au caractère : l’égo prend trop de place.
Ils se ressemblent tous et ce qui les distingue, ce sont essentiellement des différences choisies pour leur masque.

À suivre…

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