Héroines en pays Moutard

Dimanche dernier, ma fille m’a demandé de démêler un enchevêtrement de fils faits par son pendentif en cristal avec le grappin Playmobil (c) de son frère.
Et j’ai alors tourné sur moi même, chanté un petit air familier aux amateurs de Comics et entonné :
« nanananananananana, bat-mum ! ».
Oui, je sais, c’est plutôt Wonderwoman qui tournait sur elle même mais après deux grossesses, je pense que le noir intégral avec faux pectoraux moulés m’irait mieux que le micro short et je mixe les genres dans le pur intérêt de l’esthétisme. Je vous promets, vous voulez pas voir ça, même en imagination.

Je suis fan aussi de « Calvin et Hobbes », et je viens justement de lire une histoire où le tigre en peluche entonne, pour singer un col blanc qui se la jouerait super héros du bureau :
« vite au bat-fax ».
Et en ce qui me concerne, je crois que je pourrais m’exclamer :
« vite, au bat-fer » !
Parce qu’hier, le Jules m’a offert un tout nouveau fer à repasser avec vapeur super puissante pour que ses chemises soient enfin exemptes de leurs faux plis habituels.
Un style négligé qui allait pourtant très bien, à mon avis, avec sa barbe de trois jours : mon sens naturel du style est incompris.

Bat-fer

Et pour continuer sur le sujet des dessinateurs de talent et des héroïnes du quotidien, hier, je suis enfin retournée voir du côté du site du Grumeau.
Quel talent !
Ce n’est pas si souvent que je me retrouve à pleurer littéralement de rire devant un dessin….
Et quel bonheur aussi que de voir qu’on n’est pas la seule face aux adversités de la maternité !
Le dessin où l’auteur se réjouit du jour des poubelles me rappelle d’ailleurs un peu ce post ci.
Moi aussi, je cours après les visites de la factrice en regrettant l’époque où en Bretagne, le café était toujours chaud pour ce qui était alors considéré comme un grand moment social dans son village. Moi aussi j’ai, comme sur ce dessin, l’incidieuse impression que mes priorités avant et après moutard ont très légèrement changé d’angle.

Et si je n’ai pas violenté verbalement une sage femme pendant mon accouchement, j’ai tout de même, pendant ma césarienne, déclaré au plus bel homme que j’aie jamais vu de ma vie que je le détestais au delà de tout : ce beau latino brun aux yeux verts avait alors le tort d’être l’anesthésiste qui s’y est repris à trois fois avant de réussir à me placer la péridurale (et c’est le genre d’aiguille qu’on sent passer, je vous le promets), sous le prétexte fort peu galant que j’aurais une scoliose.
Si j’avais été dans un film, j’aurais peut-être pu faire semblant de m’évanouir juste après un appel désespéré au bouche à bouche (au vu du trocart qu’on me plantait dans le dos, à vrai dire, il s’en est fallu de peu). Et j’aurais prié pour que mes déformations de colonne n’altèrent pas mon sex-appeal naturel de femme enceinte en petite blouse fermée dans le dos.

Bref, j’aime infiniment ce blog de maman dessinatrice, dont le premier ouvrage, très souvent feuilleté, m’a d’ailleurs suivie jusqu’en Argentine !
Car au tout début de mon aventure reproductrice, combien de fois me suis-je demandé s’il ne me manquait pas l’option « lunette roses » qui semblait être fournie aux autres au même titre que l’instinct maternel ?
Cet instinct qui avait l’air de monter en même temps que le lait et permettait d’abdiquer sa lucidité et parfois ses neurones ?
« gouzigouzigouza, le bôbébé, guiliguilguili »

Quel soulagement de voir qu’être maman, il n’y avait pas que pour moi pour penser que ça n’était pas si facile…

Surtout, en ce qui me concerne, quand il s’agit de materner, en surcroit des plus petits, un grand gaillard de papa, élevé en Haute-Marne, du genre qui lèche encore ses doigts pour tourner les pages des magazines et à qui je dois bien souvent rappeler qu’à table, nous n’en sommes plus à l’époque moyen-âgeusement bénie où on pouvait s’essuyer les mains sur tout ce qui passait à sa portée : la manche, la nappe, le grand chien ou la tignasse blonde du petit dernier et ce, même si l’huile d’olive c’est bon pour ses cheveux secs.
« Chéri, je t’aime et j’aime aussi mon nouveau fer à repasser pleine vapeur, la saison de Noël commence bien et tout ça. »

La Haute-Marne, département figé quelque part entre la seconde guerre mondiale – victoire du général -, et la mort en son giron de celui ci. D’ennui ?
La Haute-Marne, département où les maisons qu’on peut acheter pour le prix d’une voiture sont de plus en plus la propriété de Hollandais qui doivent aimer ce que mon mari appelle « la vraie campagne », celle où les ponts sont faits pour permettre le passage du gibier, et les vacances « roots ». Je leur présage cependant une légère adaptation au niveau du fromage… vous connaissez le Langres ?
La Haute-Marne, où on se souvient encore avec émotion et mémoire dans certain village, de la visite d’un roi (sans doute du temps des mérovingiens) qui s’y serait arrêté le temps de boire un verre. Mais qui ne s’y serait bizarrement pas plus attardé…

La Haute-Marne, vertes prairies et villages dans tous les dégradés du champignon, où je viens présentement de m’égarer, voir de m’endormir, alors que mon propos était bien en ce jour celui de la maternité.

Car oui, mes ami(e)s, si la mère parfaite n’existe pas, toute mère est un peu une héroïne.
D’ailleurs, ce matin, avec ma jupe sans poches, j’ai mis mon portable dans les bottes : c’est pas une preuve sans appel ?

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